International

Venezuela : la réélection de Maduro isole encore plus le pays

Nicolas Maduro Président du Venezuela
Nicolas Maduro Président du Venezuela

©Klinfos.com-Lundi 21 Mai 2018 – Le président sortant a remporté près de 70 % des suffrages dans une élection marquée par une forte abstention et contestée par l’opposition.

Sans surprise, le chef de l’État sortant du Venezuela Nicolás Maduro a été déclaré vainqueur de la présidentielle par l’autorité électorale. Il l’emporte avec 68 % des voix, contre 21,2 % à son principal adversaire, Henri Falcón, après le dépouillement de la quasi-totalité des bulletins de vote.

L’abstention de 52 % est la plus élevée depuis les débuts de la démocratie dans le pays en 1958. À la dernière élection présidentielle, en 2013, où Maduro s’était mesuré à l’opposition réunie autour d’Henrique Capriles, le taux de participation avait été de 79 %.

Après les résultats, des concerts de casseroles résonnaient dans les quartiers de Caracas bastions de l’opposition. Les résultats annoncés ont été rejetés par le Chili, le Panama, le Costa Rica, tout comme par le Groupe de Lima, une alliance de pays d’Amérique et des Caraïbes qui comprend l’Argentine, le Brésil, le Canada, la Colombie et le Mexique.

Les 14 pays du Groupe de Lima ont annoncé lundi le rappel de leurs ambassadeurs du Venezuela au lendemain de ce scrutin dont « ils ne reconnaissent pas la légitimité ». Le scrutin n’a pas respecté « les normes démocratiques minimales », a estimé le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy. Madrid va étudier avec l’UE des « mesures opportunes » et « continuer de « travailler pour soulager les souffrances des Vénézuéliens ».

« Record historique » ?

Nicolás Maduro s’est réjoui d’un « record historique » dimanche, assurant à ses sympathisants : « Jamais auparavant un candidat présidentiel n’avait gagné avec 68 % des voix du peuple, et jamais auparavant il n’avait 47 points d’avance sur le second candidat. »

« On a encore gagné ! Nous avons encore triomphé ! Nous sommes la force de l’histoire transformée en une victoire populaire permanente », a ajouté le président, qui doit commencer son nouveau mandat de six ans en janvier 2019 et a promis de travailler au redressement de l’économie. Henri Falcón a dénoncé le manque de « légitimité » de cette élection et a exigé la tenue d’un nouveau scrutin avant la fin de l’année. « Nous ne reconnaissons pas ce processus électoral. Pour nous, il n’y a pas eu d’élection. Une nouvelle élection doit être organisée au Venezuela », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse, accusant le gouvernement d’avoir fait pression sur les électeurs.

L’adversaire de Nicolás Maduro a pointé du doigt les « points rouges », ces tentes installées par le PSUV, le parti au pouvoir. Après avoir voté, les électeurs sont venus s’y inscrire dimanche dans l’espoir de recevoir la récompense promise par le président. « 12 711 points rouges ont été installés à travers le pays. […] Là, présume-t-on, ils ont reçu un virement de 10 millions de bolivars [après avoir voté]. Ce qui représente 87,6 % des 14 000 bureaux de vote », a ajouté Falcón, dénonçant la prolongation des horaires des lieux de scrutin et l’expulsion de ses observateurs dans certains d’entre eux.

Une crise aiguë

Le chaviste dissident Henri Falcón, 56 ans, s’est présenté après avoir quitté la coalition d’opposition (MUD), qui boycotte le scrutin qu’elle qualifie de « fraude » depuis des mois. L’autre candidat de l’opposition, le pasteur évangélique Javier Bertucci, 48 ans, a également dénoncé l’élection quelques minutes après et appelé à un nouveau vote.

Quelque 20 millions d’électeurs étaient appelés à voter dimanche à la présidentielle anticipée dont Nicolás Maduro était le grand favori, bien que 75 % des Vénézuéliens désapprouvent sa gestion, lassés par les pénuries de nourriture, de médicaments, ou d’électricité, conjuguées à la hausse de l’insécurité. Frappé par l’effondrement des cours du brut depuis 2014, le Venezuela, qui tire 96 % de ses revenus du pétrole, souffre d’un manque de devises qui l’a plongé dans une crise aiguë. En cinq ans, le PIB a fondu de 45 %, selon le FMI, qui anticipe une contraction de 15 % en 2018 et une inflation de 13 800 %.

LePoint

 

KLINFOS.COM c’est aussi vous ! Vous avez une info? Appelez la rédaction centrale de KLINFOS.COM au + 221762323565 info@klinfos.com

Top 10 de l'info

Haut