Diplomatie

Croissance économique : l’UE et la chambre des investisseurs s’engagent dans les réformes pour soutenir le Sénégal

signature de protocole d'accord

Dans le contexte de la fête de la quinzaine de l’Europe, l’Union Européenne et les investisseurs au Sénégal ont jugé nécessaire de cheminer via un protocole d’accord pour se donner les possibilités d’engager la phase 2 du Plan Sénégal Émergent. Cette réunion qui s’est tenue à Dakar en présence du représentant du ministre des finances et du budget, consiste alors à décliner l’apport des acteurs de la coopération au développement, des bailleurs de fonds et de tous les investisseurs pour se pencher sur les réformes pour soutenir l’investissement. Cet accord signé entre l’UE et les investisseurs contribuera par ailleurs à un échange permanent entre acteurs économiques. Le gouvernement du Sénégal était présent à cette rencontre par la présence du représentant du ministre des finances et du budget qui soutient l’implication de l’investissement étranger comme un des facteurs de développement du pays.

En 2019, la croissance maintiendra une dynamique favorable, essentiellement portée par l’investissement. L’exécution du Plan Sénégal Émergent (PSE), qui entrera dans sa seconde phase, continuera notamment de soutenir la composante publique de l’investissement, mais aussi de la consommation. Les opportunités d’investissements offertes par le PSE et les réformes visant à améliorer l’environnement des affaires devraient également créer un effet d’entraînement permettant de stimuler l’investissement privé.

La formation brute de capital bénéficierait notamment aux secteurs de la construction, des transports, de l’agroalimentaire et de l’énergie, grâce aux perspectives d’exploitation des réserves d’hydrocarbures au large des côtes sénégalaises (à partir de 2021 pour le gaz et de 2022 pour le pétrole). Les projets de ville-nouvelle de Diamniadio et du parc éolien Taïba Ndiaye, qui doit, à terme, permettre d’augmenter la production d’électricité du pays de 15 %, figureront notamment à l’agenda en 2019. L’augmentation de la production dans les secteurs de l’agriculture (riz, arachide, horticulture) et de la pêche, grâce aux efforts de modernisation de ces filières, devrait également permettre de soutenir la croissance.

La consommation des ménages, dont plus de 50 % dépendent des revenus du secteur agricole, devrait ainsi continuer de tirer la croissance. La dynamique interne et le développement du tourisme participeront à la croissance des activités de commerce. En outre, les TIC, les transports et l’intermédiation financière devraient également soutenir le secteur tertiaire.

Déficits jumeaux persistants

Les augmentations de salaires visant à satisfaire les demandes des grévistes dans le secteur public, la hausse des prix du pétrole et l’augmentation des dépenses de sécurité ont accru la pression sur la dépense publique et se sont traduites par une hausse du déficit public. Néanmoins, le déficit budgétaire devrait se réduire en 2019 afin d’atteindre le critère de convergence de l’UEMOA (3 % du PIB). La poursuite des travaux de modernisation des administrations fiscales et douanières doit notamment permettre d’améliorer la mobilisation des recettes fiscales, qui représentent environ 16 % du PIB, soit un niveau inférieur à l’objectif de 20 % fixé par l’UEMOA.

Les modifications apportées au Code général des impôts en 2018 devraient notamment y participer. Dans le but de réduire le déficit, les autorités entendent également mieux maîtriser les dépenses courantes dans le but de privilégier les dépenses sociales et d’investissement. Dans le cadre du programme de soutien à la politique économique appuyé par le FMI, ces dernières ont fait l’objet de mesures, dont la création d’une banque de projets, qui doivent permettre d’accroître l’efficacité de la dépensepublique.

Le déficit de la balance des transactions courantes devrait rester important en 2019. Si l’augmentation des volumes d’exportations (agricoles et halieutiques) devait se poursuivre, les importations de biens d’équipement, corollaire de la dynamique d’investissements, de même que les prix plus élevés des produits pétroliers continueront de peser sur la balance commerciale. La balance des services, malgré le développement du tourisme, restera négative, tandis que le compte de revenu primaire restera grevé par les revenus d’investissement. Les transferts, notamment ceux de fonds d’expatriés, apporteront la plus importante contribution positive au solde global. Malgré une progression des IDE, l’endettement extérieur, notamment par l’émission d’eurobonds, reste nécessaire au financement du déficit courant. L’endettement extérieur représente environ 75 % d’une dette publique totale engagée sur une trajectoire ascendante rapide depuis le début de la décennie. À la faveur des révisions des chiffres du PIB, celle-ci semble néanmoins soutenable. Un reprofilage de la dette devrait également permettre une réduction du service de la dette.

La stabilité politique au révélateur des présidentielles 2019

Élu en 2012, le président Macky Sall se présentera à sa propre succession lors des élections présidentielles qui se tiendront le 24 février 2019. La large victoire de la coalition Unis pour le même espoir (Benno Bokk Yakaar ou BBY) aux élections législatives tenues en 2017 (125 sièges sur 165) semble indiquer que le titulaire du poste abordera cette échéance électorale dans la position du favori. Il le sera d’autant plus suite aux décisions de justice rejetant les candidatures de deux figures majeures de l’opposition : Khalifa Sall, ex-maire de Dakar condamné à cinq ans de prison pour détournement de deniers publics, et Karim Wade, fils de l’ex-président Abdoulaye Wade (2000-2012) condamné à six ans d’emprisonnement en 2015 pour enrichissement illicite, mais libéré par grâce présidentielle l’année suivante. Ces décisions alimentent la perception selon laquelle le gouvernement tente de neutraliser les candidatures les plus sérieuses de l’opposition et tendent le climat social. Les grèves et manifestations d’enseignants et d’étudiants signalent également un regain de tensions sociales. L’insécurité dans l’espace sahélien et la région de Casamance, à l’origine de dépenses budgétaires supplémentaires, devrait rester un sujet de préoccupation.

 

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