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Interdiction du voile à Sainte Jeanne d’Arc : Jamra et Ais répondent sèchement au Laïcat et déplorent son discours radical et discourtois

des étudiantes musulmanes voilées &
Des étudiantes voilées

Dans une déclaration commune, l’organisation islamique Jamra et l’Association islamique pour servir le soufisme (Ais) déplorent «le discours intégriste et discourtois» du Conseil national du Laïcat qui, à travers un communiqué publié avant-hier, s’attaquait directement et d’une manière on ne peut plus violente au ministre de l’Education nationale, Mamadou Talla et à certains musulmans, qui ont daigné dire leur désaccord avec l’institution Sainte Jeanne d’Arc de Dakar, notamment à propos de l’interdiction du voile dans ledit établissement. Les deux organisations islamiques taxent le Conseil national du Laïcat de cheveu dans la soupe et rappellent que les musulmans du Sénégal n’ont de leçons à recevoir de personne.

Du jamais vu au Sénégal. C’est l’escalade entre religions. Pour une simple affaire d’interdiction de port de voile, Chrétiens et Musulmans sont en train de s’étriper. En effet, en faisant dans son discours guerrier, le Laïcat n’a fait que susciter la colère de bien de musulmans sénégalais. C’est le cas de organisations islamiques Jamra et l’Association islamique pour servir le soufisme (Ais). Par le biais d’un communiqué commun cosigné Imam Massamba Diop de Jamra et Serigne Mame Cheikh Mbacké Khadim Awa Ba de Ais, les deux organisations ont, à leur tour, recadré le Conseil national du Laïcat.

«Un discours épistolaire radical, discourtois»

D’abord, ils commencent par faire l’histoire des interdictions de port de voile dans des établissements catholiques du Sénégal. Ainsi, disent-ils, depuis quasiment dix ans, le problème récurrent du port de voile ne cesse d’être sporadiquement agité dans des établissements d’enseignement privé, au prétexte que leur règlement intérieur y serait défavorable.

Après avoir rappelé les cas en 2011 des collèges Cardinal Hyacinthe Thiandoum de Grand-Yoff, de Anne-Marie Javoueh de la Médina et Abbé David Boilat de Thiès, Jamra et Ais demandent pourquoi l’Institution Jeanne d’Arc est-elle seule, sur les 4023 écoles privées du Sénégal (statistiques 2018 de la tutelle), à persister dans cette posture de défiance aux textes étatiques ? Sans répondre, ils révèlent qu’il s’agit bien de cet État auquel les syndicats de l’enseignement privé catholique, en coordination avec les directeurs diocésains, n’hésitent pas à réclamer bruyamment, au moindre retard, le versement de la subvention qu’il leur alloue annuellement.

«Et voilà que (…) surgit, comme un cheveu dans la soupe, un discours épistolaire radical, discourtois, reprochant au ministre de tutelle d’avoir rappelé à l’ordre l’Institution Jeanne d’Arc», se désole le communiqué. Et d’ajouter que ne s’arrêtant en si bon chemin, «le Laïcat de se livrer à un réquisitoire sans appel, délivrant des satisfécits par-ci, à ceux qui avaient daigné ‘’témoigner de leurs soutiens’’ à Jeanne d’Arc ; traitant allégrement ‘’d’adeptes du charlatanisme médiatique’’, voire de ‘’quidams en perte de repères dans leurs propres confessions’’, ceux qui ont eu le toupet d’avoir eu une position différente de celle du Laïcat».

«La communauté musulmane sénégalaise n’a de leçons à recevoir de personne»

De plus, Jamra et Ais se demandent s’il était nécessaire de faire preuve d’un manque de modestie notoire, en prétendant opposer à «la vanité de la parole», «l’action quotidienne de l’Eglise au profit des citoyens sans aucune distinction» ? Pour ensuite verser dans une impertinente fanfaronnade, faisant étalage du «bilan» de l’Église sénégalaise en termes d’infrastructures scolaires, sanitaires, etc.

«Et si ceux qui avaient, dès le XVe siècle, accueilli les premiers évangélistes européens, venus installer le christianisme au Sénégal, se mettaient, eux aussi, à bomber le torse pour démontrer comment certaines terres ont été cédées à ces missionnaires, qui devaient y implanter les premiers lieux de culte catholiques, devenus de célèbres églises aujourd’hui, au Sénégal ? Connaissent-ils, ces polémistes du ‘’Laïcat’’, les modalités de cession de cet ancien cimetière lébou, qui a migré en 1923 vers le patrimoine immobilier de l’Église, pour devenir cette grande Cathédrale Notre-Dame-des-Victoires (ex-Cathédrale du Souvenir africain) sise à l’avenue de la République, à Dakar ?», demandent-ils.

À l’endroit du Laïcat, ils demandent encore «combien de fois les populations musulmanes autochtones, les Lébous en particulier, ont eu à mettre gracieusement à la disposition de la ‘’Congrégation des Pères du Saint-Esprit’’, de Gorée à Saint-Louis, en passant par Rufisque et Joal, des sites extraits de leurs patrimoines fonciers privés ?» Tout cela qui leur fait dire que jamais, en effet, la communauté musulmane sénégalaise n’a été prise à défaut de manquer de respect aux autres communautés confessionnelles. Et n’a donc de leçons à recevoir de personne.

Par conséquent, ils invitent le Conseil national du Laïcat qui, précisent-ils, ne porte pas la voix officielle de l’Eglise catholique sénégalaise, plutôt que de jeter de l’huile sur le feu, à s’inscrire dans une logique d’apaisement, voire de médiation.

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