Retour de la peine de mort au Sénégal: ce qu’en pense Abdoulaye S. Ndao, docteur en Science criminelle
Le triste sort de jeunes femmes tuées au cours de la semaine passée a remis au goût du jour le débat sur la nécessité ou non du retour de la peine de mort. La mort de B. Camara, cette jeune femme tuée à Tamba samedi dernier en a rajouté une couche. Une pétition adressée à l’Assemblée nationale a même été lancée pour demander que ‘’les punitions infligées aux coupables soient durcies’’.
Le rétablissement de la peine de mort pour faire face à cette recrudescence de crimes odieux, Abdoulaye S. Ndao Juriste conseil, docteur en droit privé option Science criminelle dit que ce n’est pas une bonne direction. ‘’La peine de mort n’est pas la réponse adéquate. Il existe d’autres formes de sanction. Il y a lieu de souligner que la peine de mort même si elle a été abolie en interne, sur le plan international, le Sénégal n’a pas encore ratifié la convention. Donc, l’État peut y revenir à tout moment, même si depuis 2004 on l’a abolie. Mais, rien ne l’oblige à y revenir. Sur le plan international, on n’a pas encore déposé les instruments nécessaires’’.
‘’Abolie au Sénégal, la peine de mort peut revenir à tout moment’’
Le juriste a relevé, sur les ondes de la radio Sud Fm, la nécessité de ‘’revoir la politique criminelle en insérant dans le Code de procédure pénale, d’autres formes de sanction, parce que la peine de mort n’est pas une réponse à la baisse de la criminalité. On peut recourir à la perpétuité, mais avec possibilité d’exclusion de libération conditionnelle, c’est-à-dire qu’il y ait plus de remise de peine. On peut aussi la rendre beaucoup plus contraignante pour tout condamné à la perpétuité, notamment en faisant une restriction à leurs droits de visite et celui de promenade ; les soumettre à un régime d’isolement de jour comme de nuit. Je pense que cela est une réponse plus adéquate’’.
Selon le Docteur en Science criminelle, ‘’si on appliquait la peine de mort, n’oubliez pas qu’il peut y avoir tout le temps des erreurs judiciaires. Parce que la justice, c’est une question d’homme. Et l’erreur judiciaire, elle est humaine, donc il peut y avoir des erreurs judiciaires. On peut trouver des formes alternatives de répression plus adéquates et plus appropriées’’.