Contribution

[Tribune] Une approche communautaire face aux cas communautaires pour la régression continue du Covid 19 au Sénégal

[Tribune] Une approche communautaire face aux cas communautaires pour la régression continue du Covid 19 au Sénégal
Mouhamadou Rassoloulahi Diagne

Au bout de deux (2) mois de présence de la maladie du Coronavirus au Sénégal, les éléments suivants caractérisent le contexte :
– la quasi-disparition des « cas importés », situation toujours menacée par les tentatives de traversées des frontières du pays ;
– le dénombrement journalier des cas enregistrés passant d’unités en dizaines, ce qui peut s’expliquer, entre autres, par l’option des tests massifs décidée et mise en œuvre par les autorités ;
– la localisation régionale de la progression de la maladie sur l’étendue du territoire national, avec trois régions sur quatorze (3/14) jusqu’ici déclarées non affectées, à savoir Kaffrine, Kédougou et Matam;
– la progression apparente des cas issus de la transmission communautaire « cas communautaires » dont la publication officielle intègre maintenant la localisation selon le quartier et/ou la commune d’arrondissement dans la région de Dakar et la commune dans les autres régions ;
– l’intégration dans les communiqués officiels du taux de positivité ou pourcentage de cas de malades enregistrés sur le nombre de tests effectués ;
– la diminution relative du nombre journalier de « guéris » inversement à celle des « contacts suivis ».
En somme, du 2 mars 2020 à la date du 1er mai 2020, le Sénégal est passé du premier cas, importé, à mille vingt-quatre (1.024) cas enregistrés dont 356 guéris, 09 décédés, 1 évacué ; soit 658 sous traitement.
A combien de cas serions-nous au 2 juin 2020, au bout de trois (3) mois ?
Sans risque de nous tromper, à ce jour, la réponse souhaitée est :
zéro (0) cas enregistré ;
09 décès ;
1 évacué et
1.024 guéris.
Soit zéro (0) cas sous traitement.
Revenir à la situation de mi-février 2020 peut paraitre utopique mais pas impossible.
La question est de savoir à quand ? Mi-juin ? Mi-juillet ? Mi-aout ? Mi-septembre ?
Personne ne saurait y répondre.
Mais avec l’aide de Dieu, cette ambition doit être une surpriorité de chacun et de tous.
En tout état de cause, il est catégoriquement impératif de respecter individuellement et collectivement les mesures sanitaires et sociales prescrites par les autorités.
Et à l’état actuel, pour renforcer significativement la lutte contre cette pandémie, il est hypothétiquement impératif de miser davantage sur l’approche communautaire, d’autant plus que mêmes les « cas contacts » dérivent aujourd’hui, pour la plus grande part, des cas issus de la transmission communautaire.
« Une difficulté est à surmonter, un obstacle à contourner mais un problème à régler ».
« La transmission communautaire » est un très sérieux problème auquel nous faisons tous face, sa résolution est certes l’affaire de chacun et de tous. Seulement, il faut, au préalable, en plus d’une conscience effective, s’assurer d’un engagement communautaire et, ensuite, adopter une approche harmonisée pour la responsabilisation des populations locales (les communautés) à ce niveau de la lutte contre cette pandémie.
Il urge alors de développer l’approche communautaire dans la lutte contre le « Covid 19 » pour une régression continue du taux de positivité.
Spécifiquement, il s’agit, entre autres :
 d’impliquer les collectivités territoriales et les leaders communautaires de quartier ou de zone dans l’identification et la prise en charge des cas suspects.
 De dérouler à l’échelle de quartier ou de zone des campagne de conscientisation pour le respect strict des gestes barrières, de la distanciation sociale, et de toute autre mesure sanitaire, sociale et/ou administrative prise par l’autorité compétente.
 De prendre en charge, à travers un protocole social au niveau de chaque quartier ou zone, le règlement communautaire des besoins indispensables des familles (courses de ravitaillement alimentaire, visites sanitaires, organisation des conditions de travail, propreté et désinfection au besoin de l’habitat, encadrement des enfants sur le plan éducatif…).
La démarche à adopter peut évoluer d’une commune à une autre. C’est à titre indicatif que nous proposons ces étapes :
 communication continue sur la nécessité et les avantages de l’approche communautaire à ce niveau de la situation pandémique ;
 constitution d’une unité communale et, dans chaque quartier ou zone, d’une cellule d’acteurs communautaires volontairement engagés dans la lutte contre la pandémie ;
 disposition d’un plan de travail ou plan d’opérationnalisation des objectifs de quartier ou zonal (PTQ ou PTZ) élaboré par la cellule et validé par l’unité communale ;
 mise en œuvre des PTQ ou PTZ
 suivi-évaluation des PTQ ou PTZ conformément au dispositif préalablement retenu.

La mobilisation des moyens demande la participation volontaire des populations mais aussi celle des collectivités territoriale et de l’Etat.
A titre indicatif, il faudra :
– des ressources humaines (des acteurs communautaires volontaires, des membres qualifiés en santé, en travail social, des élus locaux, toutes personnes ressources nécessaires)
– des ressources matérielles (fiche-guide ; affiches ; masques ; savons ; gèle alcoolisé, véhicules de coordination, supports de communication …)
– des ressources financières (pour dotation de crédit téléphone et connexion internet …).
Il importe aussi de mettre en place des dispositifs de suivi-évaluation, comme :
– Pour la cellule de quartier (Réunion de briefing le matin et de débriefing le soir ; transmission de rapports hebdomadaires et de rapport spécial au besoin à l’unité communale) ;
– Pour l’unité communale (Réunion de briefing chaque lundi et de débriefing chaque jeudi ; transmission de rapports hebdomadaires et de rapport spécial au besoin au Maire de la commune).
Evidemment, des mesures d’accompagnement sont plus que nécessaire, à cet effet, nous recommandons :
o aux populations
de fournir aux cellules de quartier toutes informations utiles.
D’adhérer et Participer au déroulement des PTQ ou PTZ.

o aux collectivités territoriales
d’éviter la discrimination politique dans le choix des membres des unités communales.
De réaménager les budgets annuels pour mieux prendre en charge leur participation à la lutte contre la pandémie.
De gérer la communication locale en rapport avec les représentants de l’Etat.

o à l’Etat
de décentraliser davantage la localisation de la propagation de la maladie sur l’étendue du territoire national en passant de la régionalisation à la départementalisation voire à la communalisation.
De communiquer sur les situations hebdomadaires avec une analyse plus approfondie des données à date.
De promouvoir l’approche communautaire à travers le renforcement institutionnel des collectivités territoriales et la déconcentration des moyens étatiques de la lutte contre la pandémie.
De renforcer la synergie des actions ministérielles tout en mutualisant les ressources déployées (exemple : la promotion de l’approche communautaire implique, entre autres, le travail en synergie des MSAS, MDCEST, MISP, des ministères en charge de la communication, des finances …).

Mouhamadou Rassoloulahi Diagne
Travailleur social, diplômé de l’Ecole nationale des Travailleurs sociaux spécialisés (ENTSS) du Sénégal

1er Secrétaire élu du Conseil départemental de Tivaouane

Membre du Conseil d’Administration de l’Etablissement public de Santé
Mame Abdoul Aziz Sy Dabakh de Tivaouane

email : rassouldiagne@yahoo.fr Téléphones : 77.538.57.48 / 78.167.87.96

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