Football : le Qatar fait sa mue pour la Coupe du monde 2022
Le Qatar organisera la vingt-deuxième Coupe du monde de football. Pour l’événement prévu du 21 novembre au 18 décembre 2022, le pays a engagé de gigantesques travaux de construction, allant des huit stades au métro en passant par les seize hôtels flottants. Et bien d’autres infrastructures. La quasi-totalité de la main d’œuvre sur les chantiers provient d’Asie. Des sportifs et des hommes politiques européens se sont inquiétés publiquement des conditions de travail sur ces chantiers. Mais au lieu d’appeler au boycott, au scandale, on doit pouvoir faire confiance au Qatar qui non seulement reconnaît ses failles, mais cherche à les corriger.
« Quatre années ont passé, mais dans les regards, je peux voir cette soif de victoire. Le stade est bondé supporters surexcités, tous ces pays représentés. C’est magique et pour nous, c’est beau de voir tout ce monde qui joue allez allez… ». Ainsi chantait la star sénégalaise Youssou Ndour lors de la coupe du Monde 1998 organisée par la France. En 2022, ce sera à tour du Qatar de jouer, ce sera à son tour de marquer. De marquer, pas seulement des buts, mais également des victoires y compris dans le domaine des droits humains.
La Coupe du monde 2022 de football aura bien lieu au Qatar. Un boycottage du Mondial est peu probable, même si certains mettent une pression inédite sur le Qatar et la FIFA. Il y aura en 2022 pour la première fois de l’histoire une coupe du monde de football qui se tiendra dans un pays arabe. Ce n’est que justice pour le monde arabe, un véritable amoureux du ballon rond. Le Qatar qui n’a cessé d’investir dans le football depuis plus d’une décennie mérite bien de vivre la magie du « Mondial » comme l’a déjà été, les Américains en 1994, les Japonais et Coréens en 2002 ou encore les Sud-africains en 2010.
En effet, même que des athlètes ou des hommes politiques en Europe appellent au boycott de la prochaine Coupe du monde de football, la vérité est que cette Coupe du monde peut être et doit être un catalyseur des réformes du droit du travail au Qatar.
Mais s’il en est ainsi, c’est que quand un pays comme le Qatar reconnaît ses failles et cherche à les corriger, ce même monde qui a pardonné la colonisation européenne en Afrique, la ségrégation raciale aux États-Unis, et même l’apartheid en Afrique du Sud, doit apprendre à pardonner et à faire confiance au Qatar. Mais ce n’est pas tout, on peut aussi miser sur les évolutions d’un pays ; des évolutions contraintes et induites par une telle organisation.
C’est à la suite d’une enquête publiée le 23 février 2021 et à travers laquelle le quotidien britannique The Guardian a rapporté que plus de 6500 travailleurs immigrés sont décédés en travaillant sur les stades et les infrastructures pour la Coupe du monde 2022 que des athlètes ou des hommes politiques en Europe ont appelé au boycott de la prochaine Coupe du monde de football.
Pourtant, selon les autorités du pays, ces chiffres sont trompeurs, car l’article du Guardian a intégré la totalité des décès, sur les dix dernières années, des résidents au Qatar originaires d’Inde, du Sri Lanka, du Pakistan et du Népal. Cependant, contrairement à ce que prétend le Guardian, ces personnes ne travaillaient pas toutes sur des chantiers de constructions. Il s’agit là d’une hypothèse très éloignée de la réalité. Les expatriés de ces pays comprennent aussi des étudiants, des personnes âgées et des travailleurs employés dans les bureaux, les commerces de détail, les écoles et les hôpitaux.
Avec la coupe du monde 2022, les Arabes seront pour une fois presque tous unis autour du sport le plus populaire du monde et le plus grand évènement planétaire. Et des milliards d’individus du monde entier auront les yeux rivés quotidiennement pendant un mois sur le tournoi.
Rappelons que les processus d’attribution de la FIFA couronnent non seulement manifestement le meilleur dossier de candidature qui leur est proposé, mais ont très bien compris aussi que leur choix était souvent lourd de conséquences géopolitiques.
Sidy Djimby NDAO