Congrès mondial de la nature : quatre chiffres qui montrent l’effondrement de la biodiversité
Plusieurs études mettent en lumière la chute vertigineuse des populations d’espèces animales et végétales à travers le monde ces dernières années.
La faune et la flore sont en danger. Oiseaux, plantes, insectes, animaux…
Depuis plusieurs années, des rapports mettent en avant l’effondrement de la biodiversité à travers le monde.
Ce sujet crucial doit être abordé lors du Congrès mondial de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) qui s’ouvre vendredi 3 septembre à Marseille en présence d’Emmanuel Macron. Voici quatre chiffres à connaître pour prendre la mesure de ces enjeux.
En près de cinquante ans, 68% des animaux vertébrés sauvages ont disparu
Entre 1970 et 2016, « les effectifs de plus de 20 000 populations de mammifères, d’oiseaux, d’amphibiens, de reptiles et de poissons » ont chuté de 68% selon le dernier rapport « Planète vivante » du Fonds Mondial pour la Nature (WWF), publié en septembre 2020. Tous les deux ans, l’ONG analyse la perte de la biodiversité à l’échelle planétaire. « Ce sont des chiffres vraiment alarmants. Nous avons les trois quarts des écosystèmes terrestres dégradés et deux tiers des écosystèmes marins », a déclaré à franceinfo Véronique Andrieux, directrice générale du WWF, ce vendredi.
La chute de la biodiversité est plus forte dans certaines régions du monde. Loin devant, on trouve l’Amérique latine et les Caraïbes avec 94% des vertébrés disparus depuis 1970. Sur le continent africain, la perte est de 65%. Ces données doivent tout de même être interprétées avec précaution, car le « déclin extrême de certaines populations peut affecter de façon ‘disproportionnée’ la moyenne globale », selon des chercheurs cités par Le Monde (article pour les abonnés).
La population d’oiseaux a diminué de près de 30% en France en trente ans
Le chant des oiseaux se fait plus rare dans les campagnes hexagonales et corses. Et pour cause, en trente ans (1989-2019), les populations d’oiseaux des milieux agricoles ont chuté de 29,5%, et de 27,6% pour les oiseaux vivant en milieu urbain, selon une étude (PDF) de 2020 menée par le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), l’Office français de la biodiversité (OFB) et la Ligue pour la protection des oiseaux.
Quarante-trois des 123 espèces répertoriées étaient considérées « en déclin » en 2019, dont la fauvette pitchou, le moineau friquet, le pipit farlouse ou encore l’hirondelle de fenêtre. « Les pesticides, et notamment les néonicotinoïdes, sont l’un des principaux problèmes », affirme Benoît Fontaine, coordinateur du programme de suivi temporel des oiseaux communs pour le MNHN et l’OFB, interrogé par Le Monde (article pour les abonnés).
Une trentaine d’espèces animales et végétales ont disparu en 2020
Des grenouilles, des arbres, des poissons… Au total, 31 espèces menacées se sont éteintes en décembre 2020. Cette liste est établie par l’Union internationale pour la conservation de la nature. Elle catégorise presque 129 000 espèces animales et végétales. Parmi elles, pas moins de 35 765 sont menacées d’extinction et donc, 31 sont entrées l’année dernière dans la catégorie « éteinte », c’est-à-dire qu’elles ont disparu à l’état sauvage.
Différentes causes expliquent ces extinctions, soulignait franceinfo lors de la mise à jour de la liste. La surpêche a par exemple eu raison du requin perdu et de plusieurs espèces de poissons aux Philippines. Dans le cas des plantes, des incendies et le changement climatique sont notamment évoqués.
La population de thon rouge a diminué de 90% entre 1993 et 2016 en Méditerranée
Dans un rapport publié en juin, une équipe de chercheurs coordonnée par la Tour du Valat s’alarme d’un « effondrement » de la biodiversité en Méditerranée entre 1993 et 2016. Selon l’étude du centre de recherche spécialisé dans la conservation des zones humides de la région, les poissons sont les plus touchés, du fait de la surpêche. Le thon rouge en est l’exemple le plus frappant avec une diminution de 90% de sa population adulte.
« La plupart des espèces subissent de plein fouet les effets de l’activité humaine et du changement climatique, dont l’ampleur devrait s’accroître au cours des prochaines décennies », explique Thomas Galewski, le coordinateur de l’étude.
Les populations de vertébrés présents dans le bassin méditerranéen ont baissé de 20% entre 1993 et 2016. Cette diminution est de 52% dans les seuls écosystèmes marins (pélagiques et côtiers), et de 28% dans les écosystèmes d’eau douce (zones humides et rivières), peut-on lire dans le rapport.
Sidy Djimby NDAO