Évasions fiscales : le Sénégal parmi les pays africains les plus impactés par le fléau avec plus de 151 milliards de FCfa de pertes fiscales en 2020
Le consortium constitué de Tax Justice Network, Public Service International et Global Alliance for Tax Justice a publié la semaine dernière, l’édition 2021 de son rapport sur l’état de la justice fiscale dans le monde. Selon le document, les pertes d’impôts du fait de l’évitement fiscal par les plus riches et l’évasion fiscale des multinationales ont fait perdre à l’Afrique un montant estimé à 17,1 milliards $ de recettes fiscales. En ce qui le concerne, le Sénégal est parmi les pays africains les plus impactés par le fléau des pertes fiscales dues à la fraude et à l’évasion fiscale en 2020 avec 259,45 millions de dollars (plus de 151 milliards de FCfa) de pertes fiscales. Notre pays classé 18e sur les 54 pays du continent ne parvient pas à sortir de la zone rouge de ce classement dominé par l’Afrique du Sud avec 3561,19 millions de dollars de pertes fiscales. Le Soudan du Sud avec 0,06 millions de pertes fiscales reste le pays le moins impacté par ce fléau.
Les pertes fiscales sont en repli en Afrique, mais elles restent importantes. Leur montant annuel correspond au budget nécessaire pour vacciner 82,1% de la population du continent contre la Covid-19. Selon l’édition 2021 du rapport sur l’état de la justice fiscale dans le monde, publié le 16 novembre, par le consortium constitué de Tax Justice Network, Public Service International et Global Alliance for Tax Justice, les pertes d’impôts du fait de l’évitement fiscal par les plus riches et l’évasion fiscale des multinationales ont fait perdre à l’Afrique un montant estimé à 17,1 milliards de dollars de recettes fiscales.
« On note un repli de 8,3 milliards de dollars par rapport à la situation présentée dans le rapport inaugural de cette étude en 2020 qui indiquait que le continent perdait jusqu’à 25,4 milliards de dollars de recettes fiscales. La baisse a été particulièrement marquée au Nigeria où les estimations de pertes fiscales ont reculé de 8,8 milliards de dollars pour se situer à 2,05 milliards de dollars. L’Afrique du Sud devient la première victime de la fraude fiscale internationale avec des pertes de recettes estimées à 3,5 milliards de dollars», a indiqué le rapport.
Pour qui le concerne, le Sénégal est parmi les africains les plus impactés par le fléau des pertes fiscales dues à la fraude et à l’évasion fiscale en 2020 avec 259,45 millions de dollars (plus de 151 milliards de FCfa) de pertes fiscales. Classé 18e sur les 54 pays du continent, le Sénégal ne parvient pas à sortir de la zone rouge de ce malheureux classement.
Selon le rapport, les autres pays africains dans lesquels les choses se sont significativement améliorées sont l’Angola et l’Egypte où les estimations de pertes fiscales sont en recul respectivement de 1,8 milliard de dollars et de 1,3 milliard de dollars. Le rapport n’apporte pas des précisions sur les causes exactes de ce repli.
« Dans le cas du Nigeria et de l’Angola, il y a lieu d’examiner les impacts qu’ont eus les restrictions d’accès aux devises pour les agents économiques notamment étrangers, le repli de l’activité économique du fait de la pression sur le prix du pétrole et les évolutions au sein de leurs administrations fiscales.
Si dans certains pays africains, les pertes fiscales ont été contenues, dans d’autres, notamment ceux de la région Afrique centrale, les choses se sont aggravées. Le Tchad est le pays où l’évasion fiscale aurait le plus progressé dans la région, avec une augmentation des estimations de pertes de l’ordre de 1,6 milliard de dollars. Le Congo-Brazzaville (+460 millions de dollars), le Cameroun (+175,3 millions de dollars) et le Gabon (+93,6 millions de dollars) sont les trois autres pays de la CEMAC qui figurent dans le top 10 des hausses de pertes fiscales en Afrique, selon des calculs de l’Agence Ecofin.
Même si les pertes fiscales reculent en Afrique, le fait même qu’on ne puisse dissocier l’impact des réformes fiscales de celui de la baisse généralisée au sein des économies de la région devrait constituer un motif de réflexion. Pour les experts du réseau sur la justice fiscale, ces pertes sont de trop, pour une région qui clairement ne parvient pas à faire vacciner sa population face à la pandémie de covid-19, et qui fait face à une aide jugée « hypocrite » des pays riches notamment ceux de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
« Au total, les pays de l’OCDE ont promis 8,7 milliards de dollars au programme COVAX, mais ont fait perdre 378 milliards de dollars d’impôts au reste du monde. S’ils n’avaient pas promis d’argent, et avaient simplement cessé de faciliter l’abus fiscal mondial, les pays du monde entier auraient pu collecter suffisamment de recettes fiscales pour vacciner complètement 2,9 fois la population mondiale contre la covid-19 », font-ils savoir, ajoutant que pour l’Afrique, les 17,1 milliards de dollars d’impôts perdus auraient permis de vacciner complètement 82,1% de sa population.