Kaolack

Grogne dans la police : les policiers remontés contre les autorités, réclament l’application des réformes… risque d’insubordination au sein de l’institution

Un agent de la police sénégalaise
Un agent de la police sénégalaise

Alors que le nouveau statut de la police entré en vigueur depuis 2009 a fini de créer des frustrés dans les rangs de la Police Nationale, un nouvel arrêté sur les avancements au sein de l’institution risque de faire exploser la vase. Le document en question vu par « Les Échos » portant inscription et promotion de membres de la Police nationale dans le corps des agents de police au titre de l’année 2021 a été signé il y’a quelques jours par le ministre l’intérieur Antoine Felix Diome. Problème : les éléments de plusieurs promotions dont la 35e et la 36e ont été oubliées sur les avancements. Pendant ce temps, des éléments des promotions beaucoup moins anciennes comme la 37e ont pu avoir l’avancement. Conséquence : un risque réel de télescopage dans les rôles et d’insubordination pèse sur la Police. Et alors qu’on semble sélectionner qui doit avancer et qui ne doit pas l’être chez les agents de police, au niveau des officiers supérieurs l’avancement est automatique et semblent concerner tout le monde. Une injustice que certains limiers qui se disent léser ne comptent pas laisser passer, puisque « c’est la nième fois qu’on nous fait ce coup ».

À l’image de la coalition au pouvoir Benno Bokk Yaakaar dont la grande différence dans le traitement des différents leaders avait conduit certains à théoriser « le Benno d’en haut et le Benno d’en bas », à la police nationale également, certains agents diraient bien « la police d’en haut et la police d’en bas » s’ils n’étaient pas soumis à des obligations de réserve. En effet, ça rouspète fort dans les rangs de la Police Nationale. La grogne y est réelle et la cause est à chercher dans la non-tenue des promesses de corriger des imperfections déjà commises par les autorités de l’institution et pour lesquelles l’ex ministre de l’Intérieur Aly Ngouile Ndiaye avait donné des instructions fermes.

En effet, après avoir rétrogradé des policiers des 34e, 35e et 36e promotions, le nouveau statut de la police entré en vigueur depuis 2009 avait fait objet de discussions entre les concernés et il a été décidé de vite remédier à « l’injustice ». Mais depuis lors, les choses se compliqué. Puisque dans un arrêté portant inscription et promotion de membres de la Police nationale dans le corps des agents de police au titre de l’année 2021 a été pris par le ministre l’intérieur Antoine Felix Diome.

Dans la décision ministérielle, les éléments de plusieurs promotions dont la 35e et la 36e ont été oubliés pour les avancements. Alors que leur collègue de la 37e promotion qui ont été formés les éléments des 35e et 36e promotions ont pu avoir l’avancement. Cette situation, selon bon nombre de policiers de la 35e et 36e promotion, est d’une gravité sans commune mesure. En effet, expliquent-ils, la conséquence directe de cette décision, c’est un risque réel de télescopage dans les rôles, mais surtout un risque d’insubordination qui risque de plomber le fonctionnement de la police.

« Comment voulez-vous que des agents dont j’étais hier encore le supérieur, deviens aujourd’hui mon supérieur alors qu’il n’a rien fait de plus que moi et que j’ai rien fait de mois que lui », fulmine un policier de la 36e. Un autre de la 35e d’ajouter : « J’ai formé des agents de la 37e promotion. Quand ils me rencontraient, ils se mettaient au garde-à-vous, mais désormais, on veut d’un coup que ça soit moi qui prends la pause devant mes anciens élèves alors que rien n’a changé ».

Autre souci avec cette décision, c’est qu’alors qu’on semble sélectionner qui doit avancer et qui ne doit pas l’être chez les agents de police, au niveau des officiers supérieurs l’avancement est automatique et semblent concerner tout le monde. « Par exemple prenait le cas d’un commissaire de la 37e promotion, il est aujourd’hui commissaire principal. Cela montre qu’au niveau supérieur les avancements sont automatiques alors que quand il s’agit des agents, ce n’est pas le cas », révèle un autre de la 36e.

Selon les policiers, il s’agit d’une nième injustice qu’ils ne comptent pas laisser passer, puisque « c’est la nième fois qu’on nous fait ce coup ». Les policiers commencent à douter de la volonté des autorité de rectifier les manquements du décret 2009-490 portant application de la loi 2009-18 relative au statut du personnel de la police. D’ailleurs, l’entrée en vigueur du nouveau statut de la police a lésé beaucoup de policiers qui se sont vus rétrograder.

A titre d’exemple, des capitaines de police se sont retrouvés sous-lieutenant, des brigadier-chef sont devenus des agents avec trois «v» (sergent-chef) avec un abaissement d’échelons considérable. Il nous revient de sources concordantes que ce sont les 34e (2003), 35e (2004) et 36e (2006) promotions de l’école de Police qui sont impactées négativement par la réforme de 2009. En effet, la 37e promotion (2008) dont la titularisation a coïncidé avec l’entrée en vigueur du nouveau statut de la police a été alignée directement sur le nouveau texte. Par contre les 34e, 35e et 36e sont rétrogradées. Ce qui fait qu’aujourd’hui, on rencontre dans la police un agent moins gradé que son collègue qu’il a pourtant devancé de plus de quatre années à l’école de police. Par exemple, entre la 34e promotion (2003) et celle de la 37e (2008), il y a cinq années, mais les agents de cette dernière sont leurs supérieurs.

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