Sénégal : les enjeux des élections législatives du 31 juillet 2022
Les Sénégalais sont appelés aux urnes demain Dimanche 31 juillet 2022 sur toute l’étendue du territoire national. Cent soixante-cinq sièges de députés sont en jeu. Pour les décrochés, huit listes de coalitions sont en compétition. La majorité avec sa liste Benno Bokk Yaakaar amené par l’ancien Premier ministre Aminata Touré espère conserver une majorité confortable à l’Assemblée, tandis que les principales forces de l’opposition, Yewwi Askan Wi et Wallu Sénégal visent à imposer une cohabitation au président Macky Sall. Elles devraient également compter sur la coalition qu’on a appelé de « têtes et de fortes-têtes », Aar Sénégal.
Si pour la coalition Benno Bokk Yaakaar il s’agit de conserver sa majorité, pour Yewwi Askan il s’agit de devenir la première force d’opposition et pour la coalition Wallu Sénégal de conserver un ancrage local. Alors que pour le reste de l’opposition, il est surtout question de d’espérer de constituer un groupe parlementaire… Dans son ensemble, l’opposition veut contraindre le président à renoncer à toute velléité de candidature pour la prochaine présidentielle. Autant d’enjeux pour les principales forces politiques, à la veille du scrutin de Dimanche. À 24 heures du vote, les principales coalitions en lice ont fini de jeter leurs dernières forces dans la bataille législative.
Ces élections intervient alors que le jeu politique semble flou alors que Macky Sall, élu président du Sénégal en 2012 pour 7 ans, puis réélu pour 5 ans en 2019, maintient le flou sur ses intentions pour 2024. Une chose est sure, une défaite aux législatives pourrait contrarier ses projets. De son côté, l’opposition veut contraindre le président à renoncer à toute velléité de candidature pour la prochaine présidentielle. « Si Macky Sall perds les législatives, il ne parlera plus de troisième mandat », a assuré le leader de Pastef et de Yewwi Askan Wi, Ousmane Sonko.
Comme il n’y a pas de sondages, le principal indicateur des tendance de ces élections reste les élections locales du mois de janvier. Celles-ci avaient été marquées par une percée de l’opposition de Yewwi Askan Wi dans les villes de Zinguinchor, Thiès et Dakar. La majorité présidentielle avait quant à elle récolté la majorité des voix sur l’ensemble du pays. Face à eux, la coalition AAR Sénégal, (Alternative pour une Assemblée de Rupture) tente de se faire entendre. Elle se qualifie d’opposition « modérée », tandis que Wallu Sénégal prends des positions plus radicales.
Par ailleurs, le scrutin se déroule dans un contexte de hausse des prix, notamment à cause des conséquences de la guerre en Ukraine. Ces arguments sont utilisés par l’opposition contre le pouvoir, qui met en avance les subventions des produits pétroliers et des denrées alimentaires ainsi que son programme de construction d’infrastructures.
En définitive, les enjeux sont nombreux pour ces élections législatives au Sénégal. Mais en l’absence de sondages, le baromètre reste les dernières élections locales du 23 janvier dernier. L’opposition de Yewwi Askan Wi avait enregistré des succès dans les grandes villes, notamment Dakar, Ziguinchor, ou encore Thiès. Mais la coalition présidentielle avait revendiqué une « hégémonie à l’échelle nationale », avec une majorité de voix sur l’ensemble du territoire, et des ancrages solides, notamment dans le Nord ou dans la région de Fatick.
Aujourd’hui, un député sénégalais coûte en salaire 1,3 million de francs CFA par mois. A cela il faut ajouter les frais liés à son véhicule de fonction, un 4 x 4, soit 300 litres d’essence par mois. Le litre étant actuellement à 890 francs CFA, cela revient à 267 000 francs CFA supplémentaires (317 euros). Parmi les 165 députés qui seront élus, certains devront remplir des fonctions plus importantes qui leur offriront des avantages supplémentaires.
Le président de l’Assemblée et les membres du bureau, c’est-à-dire les huit vice-présidents, les six secrétaires élus, les deux présidents de groupe parlementaires et les deux questeurs toucheront un salaire mensuel de 2 millions de francs CFA, bénéficieront de deux véhicules de fonction et de 1 000 litres d’essence par mois. Pour les douze présidents de commission et les deux vice-présidents de groupe parlementaire, le salaire s’élèvera à 1,6 million de francs CFA, un 4 x 4, une seconde voiture de fonction et 1 000 litres d’essence par mois.
Abdoulaye NDIAYE