Adji Bousso Dieng : une ancienne du Lycée Valdiodio Ndiaye à la conquête de Princeton
Du Pays de la Teranga à Princeton, le chemin de la réussite n’est jamais très loin. Ces mots reflètent bien le parcours d’Adji Bousso Dieng. La chercheure a rejoint cette prestigieuse université en septembre 2021, devenant la première femme noire professeure dans l’école d’ingénierie et des sciences appliquées.
Il n’y a pas de réussite sans labeur ni écueils. La native de Kaolack a très tôt pris son destin en main grâce au soutien de sa mère. Après le décès de son père à l’âge de 4 ans, elle rejoint l’école primaire avec beaucoup d’ambitions en bandoulière. De la motivation et de la soif de réussite à revendre, elle avance sans embûches. Entre l’école primaire El Hadj Ibrahima Niasse de Kaolack, collège à l’école de Dialègne de Kaolack et le lycée Valdiodio Ndiaye, la jouvencelle poursuit son cursus. Ces efforts commencent à payer à l’été avant la terminale.
« J’avais été sélectionnée avec deux autres filles pour représenter le Sénégal au camp d’excellence organisé par la fondation Pathfinder du Dr. Cheick Modibo Diarra », fait savoir Adji Bousso Dieng. Les participantes du camp, ayant par la suite la mention Bien ou plus au Bac, sont invitées à participer à un concours organisé conjointement par la fondation Pathfinder et la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest. La gagnante du concours reçoit alors 15.000 euros par an pendant 4 ans soit 60000 euros au total pour poursuivre ses études à l’extérieur. « J’ai gagné ce concours et décidé d’aller en France », déclare-t-elle. La même année, en 2006, la bachelière est lauréate du Concours Général en Philosophie en 2006.
Entre France et Etats-Unis, début du ‘rêve américain’
Les voix de la réussite sont impénétrables. Après ce cursus couronné de succès, Adji Bousso Dieng fait cap vers les Grandes Écoles de France. « J’ai fait un an au Lycée Jacques Decour de Paris avant de continuer mon cursus au Lycée Henri IV et mon école d’ingénieur à Télécom ParisTech », informe-t-elle. Dans la foulée, l’ingénieure en formation a l’opportunité de poursuivre sa troisième année d’école d’ingénieur aux Etats-Unis. Elle saisit cette chance et s’envole pour le pays de l’oncle Sam. « C’est comme ça que j’ai passé une année à l’université de Cornell aux Etats-Unis, à l’issue de laquelle j’ai reçu mon Diplôme d’Ingénieur de Télécom ParisTech mais aussi un Master de l’université de Cornell », narre-t-elle.
Après Cornell, Adji Bousso Dieng travaille à la Banque Mondiale à Washington DC pendant un peu plus d’un an avant de commencer un doctorat à Columbia University aux Etats-Unis.
Ses travaux de recherche à Columbia portent sur l’intelligence artificielle, plus particulièrement sur les modèles dits génératifs. Ces modèles sont à la base de beaucoup d’applications de l’IA dans l’étude du langage, des images, mais aussi en science. « J’ai reçu des félicitations pour mes travaux de recherche en tant qu’étudiante à Columbia, une nomination en tant qu’étoile montante de l’apprentissage automatique par l’Université de Maryland et le prix Savage Award pour ma thèse doctorale », dit-elle fièrement.
«J’ai reçu une offre de Princeton et de Google un peu avant d’avoir fini ma thèse. J’ai accepté les deux offres. J’ai fait un an à Google avant de rejoindre Princeton. Je suis toujours à Google en tant que chercheure et dirige mon laboratoire de recherche à Princeton », a expliqué la chercheure.
L’Afrique au cœur
Malgré ces distinctions et succès qui couronnent des années de labeur, la kaolackoise n’oublie pas ses racines. Adji Bousso Dieng est également la présidente et fondatrice de l’organisation à but non lucratif ‘The Africa I Know’, ou TAIK. « Elle œuvre à changer positivement le récit sur l’Afrique et promouvoir l’éducation dans le domaine des sciences, technologie, ingénierie, mathématiques, et intelligence artificielle », renseigne la chercheure. TAIK veut inspirer, informer, et instruire la jeunesse africaine afin qu’elle prenne en main le développement du continent.
Les aspirations de l’organisation TAIK est en phase avec celles de son laboratoire de recherche, Vertaix. Il travaille à l’intersection de l’intelligence artificielle (IA) et les sciences comme la chimie, la science des matériaux, la physique, la biologie, etc. La mission du labo est d’accélérer la découverte scientifique à travers l’IA. Les méthodes développées peuvent trouver des applications dans des domaines comme la santé, le climat, l’environnement, l’énergie, et la purification de l’eau. « Le fait que ces domaines d’application soient très importants pour le développement de l’Afrique motive la thématique de ma recherche », affirme-t-elle. Une chercheuse à la croisée des chemins de l’ouverture et de l’enracinement !