Coalition : quand les ex du Pds cherchent leur place dans le nouveau Sénégal-politique
« Mboolo Mooy Doolé » pour faire revivre nos principes et nos valeurs. Ce sont ces termes que l’ancien ministre de la jeunesse sous le régime de Wade a lancé exactement le 13 mars 2024, à quelques encablures de la présidentielle du même mois qui n’a épargné ni libéral, ni républicain. C’était une défaite qui était « visiblement » pressentie par les souteneurs du courant libéral qui a duré des décennies. En effet, c’était le moment ou jamais de faire le diagnostic de la nouvelle donne politique dont le courant est porté par le secrétaire général du parti Pastef, Ousmane Sonko. Évidemment ! Il fallait sauvegarder le legs Wadiste. Il fallait attendre un 31 juillet 2024 pour voir le vent d’un nouveau courant politique souffler. C’est avec la révision
Même s’il est créé en 1974, le PDS ne va pratiquement dérouler ses activités qu’après la révision constitutionnelle du 19 mars 1976 qui ouvre l’ère du multipartisme limité approuvé le le chef d’Etat d’alors, Léopold Sedar Senghor. Très vite, le parti libéral s’imprègne des attentes des sénégalais en annonçant les changements majeurs attendus. D’ailleurs, pour s’en rappeler, la première participation du Pds à l’élection présidentielle, en 1978, a été une phase importante pour tester son électorat avec 17,38%.
Progressivement , le PDS voit son score grimper à chaque élection malgré les nombreuses failles décelées dans l’organisation des scrutins, des irrégularités signalées après chaque scrutin, notamment ceux de 1988 et 1993, provoquant ainsi des troubles graves à l’ordre public.
Avec 32,03% en 1993, le PDS devient menaçant face au pouvoir avec à sa tête le président Abdou Diouf. La démission du Juge Kéba Mbaye, avant l’annonce des résultats, suivie du meurtre de Maitre Babacar Seye ont été les éléments majeurs pour l’instauration du bipartisme imposé par le PDS au PS. C’est alors plus de 70 partis politiques qui vont désormais être enregistrés.
Il fallait une longue « marche bleue » pour que le plus grand opposant du Parti socialiste s’empare en mars 2000, du pouvoir. C’est alors une alternance politique qui a permis un transfert ordonné du pouvoir entre Abdou Diouf et Abdoulaye Wade. Sept ans après, c’est une large victoire du président sortant A. Wade au premier tour de l’élection présidentielle sénégalaise du 25 février 2007 qui intervient avec ses surprises. En effet, la géographie électorale ne laisse que peu de poches à l’opposition. À cette période, on peut dire que certaines difficultés économiques et politiques ont alimenté le mécontentement de la population. Mais l’inefficacité de l’opposition, l’astuce du Président, certains éléments climatiques favorables et les inquiétudes sur « l’après Wade » ont finalement amené beaucoup de Sénégalais à choisir la continuité du « Sopi ».
2012, l’élève qui surprend le maître
Suite aux bisbilles avec la famille libérale en 2008, Macky Sall, alors président de l’assemblée nationale a été éjecté. Démis de ses fonctions le 9 novembre, il faut en solitaire et s’offre les soumis à sa cause. Mais le parti libéral poursuit son bonheur éphémère jusqu’au jour où les ténèbres surviennent du côté de l’opposition fortement mobilisée contre le ticket vice-président, « la dévolution monarchique », la mal gouvernance sans oublier le cas Macky Sall autour de qui tous les leaders de l’opposition se sont regroupés pour déboulonner le Pds du pouvoir. Wade passe ainsi le pouvoir à celui qui a été son ministre, premier ministre et président de l’assemblée nationale.
La « chasse aux sorcières » contre Karim Wade et de certains membres du parti libéral soupçonnés d’enrichissement illicite a été dénoncée par les libéraux. Néanmoins, c’est une cascade de départs dans les rangs du parti démocratique sénégalais qui a été enregistrée. Mais le parti tient bon. Cependant, en 2017, lors des législatives, la coalition Manko Wattu Sénégal (conduite par le PDS) avait pourtant su tenir son rang, même si le parti libéral avait concédé un net recul en dix ans. Avec 16,68 % au niveau national et seulement 19 députés sur 165 (ils étaient 131 sur 150 en 2007), le PDS poursuit sa perte de vitesse, laquelle s’ajoutait à une migration massive de ses principaux cadres, entamée dès la défaite d’Abdoulaye Wade à la présidentielle de 2012.
Les retrouvailles…
Dans un entretien accordé à la Rfm en février 2022, l’ancien président du groupe parlementaire des libéraux soutenait que c’est l’ère de la normalité: « nous commençons à entrer dans la normalité». Le Pds ne peut pas se rapprocher de Macky Sall. Macky est en train de poser des jalons. Il faut que nous reconnaissions que Macky Sall a changé de voie » avait-il déclaré. Est-ce d’ailleurs, une initiative que les autres libéraux qui s’étaient retirés du parti pour tracer leur voie ont finalement rejoint? Se sont-ils rendus à l’évidence en voulant sauvegarder l’héritage libéral ?
Il faut rappeler que cette rencontre qui a été lancée quelques jours avant la dernière présidentielle, a été tenue après mûre réflexion de mouvements et partis déterminés pour « préserver l’Etat de droit engagés pour la pérennisation de la démocratie, le libéralisme et l’organisation d’élection inclusive et transparente. Mais ces « Wadiste » ont décidé de porter sur les fonts baptismaux, un cadre de concertation des libéraux et démocratique du Sénégal qui est même perpétué après la présidentielle qui a enregistré une large victoire du parti Pastef avec Bassirou Diomaye Faye ex-secrétaire général du parti qui est porté au pouvoir par un peu plus de 54% de électeurs sur le fichier. Parmi eux on peut citer, Abdoulaye Baldé, Modou Diagne Fada, Mamadou Lamine Keita, Moussa Sy, Oumar Sarr.
Mais l’alliance pour la République du président déchu, Macky Sall est aussi de cette coalition dénommée: « Bloc des Libéraux et des Démocrates / TAKKU ». En effet, ces « inconditionnels » du fondateur du parti démocratique sénégalais considèrent que « l’avenir ne peut se construire dans la prospérité et la solidarité, qu’avec une famille libérale réunifiée et capable de continuer l’œuvre de construction du Sénégal ». Le cadre ambitionne la défense des libertés démocratiques transcrites dans la Constitution de 2001, notamment la liberté de presse aujourd’hui fortement compromise. Mais également la mobilisation de toutes ses forces pour préserver les acquis démocratiques qui garantissent la transparence et l’intégrité du processus électoral.
Mais il faut bien poser l’équation: quid du parti démocratique sénégalais actuellement incarné certes par le président Abdoulaye Wade qui ne semble plus être dans les capacités de conduire les destinées du parti? Qu’en pense celui qui semble tirer les ficelles depuis Doha? Va t-on vers des discussions entre anciens libéraux et Karim Wade qui, pour rappel, a, dans un passé récent, annoncé son soutien au candidat Bassirou Diomaye Faye actuellement chef de l’Etat du Sénégal ? Karim est de loin le seul qui se terre dans un profond mutisme face à cette Mega coalition d’anciens libéraux. « Ndaamal Kadior » ne s’est visiblement pas remis de sa défaite de la dernière présidentielle. En effet, Idrissa Seck n’a pas encore donné une indication de sa probable destination dans un contexte politique où les acteurs cherchent la bonne formule à quelques mois d’éventuelles élections législatives.
Avec Dakaractu
Le titre est de la rédaction.