Finances Publiques

Caisse des Dépôts et Consignations : le DG Fadilou Keïta entre réformes audacieuses et controverses

Fadilou Keïta, Directeur Général de la CDC
Fadilou Keïta, Directeur Général de la CDC

Depuis sa nomination à la tête de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), Fadilou Keïta multiplie les réformes, marquant ainsi une volonté de rationalisation et de transformation stratégique. Du changement de dénomination sociale de la Compagnie Générale Immobilière du Sahel (CGIS) SA, désormais appelée CDC-HABITAT à la suppression du poste de Coordonnateur, le responsable Pastef Kaolack travaille à changer le visage d’une boite qu’il connait très bien. Cependant, certaines décisions, notamment le cumul de dix postes de président du conseil d’administration (PCA), suscitent des interrogations sur leur compatibilité avec les principes de bonne gouvernance dans un pays comme le Sénégal, où les enjeux socioéconomiques sont pressants.

Il y’a quelque temps, le Directeur Général de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), Fadilou Keïta annonçait officiellement le changement de dénomination sociale de la Compagnie Générale Immobilière du Sahel (CGIS) SA, désormais appelée CDC-HABITAT. En tant que filiale immobilière de la CDC, CDC-HABITAT devient le bras opérationnel dédié à la gestion des actifs immobiliers. Sa mission principale est de favoriser la construction et la commercialisation de logements adaptés aux besoins des Sénégalais.

Cette nouvelle entité s’engage à fournir une offre diversifiée de logements accessibles et de standing, répondant aux attentes des ménages et des coopératives d’habitat. L’objectif est de soutenir la politique nationale de logement et de contribuer à la réalisation de logements décents, conformément aux orientations des hautes autorités. Selon la Direction, CDC-HABITAT ambitionne de se positionner comme un partenaire de confiance pour tous les acteurs du secteur immobilier. « Son intervention couvre toute la chaîne de valeur, de la conception des projets à la gestion des actifs immobiliers, en passant par la livraison des logements », avait-elle alors fait savoir.

Mais cette transformation que la direction avait qualifié d’étape importante dans la stratégie de développement de la CDC et son ambition de contribuer à la transformation du paysage immobilier au Sénégal, n’est qu’un pan sur les nombreux changements apportés par Fadilou Keïta depuis son arrivée à la tête de la Direction Général de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC).

En effet, outre officiellement le changement de dénomination sociale de la Compagnie Générale Immobilière du Sahel (CGIS) SA, désormais appelée CDC-HABITAT, Fadilou Keïta s’est séparé de sept Conseillers techniques. Selon nos informations, il ne s’agit de limogeage mais plutôt d’un diminution du nombre de Conseillers techniques trouvés sur place et qui était une dizaine. Alors que les sept ont été remerciés, ont été retournés dans leurs directions de provenance. Aussi, apprend-on, le proche du premier ministre Ousmane Sonko a procédé à la suppression purement et simplement du Coordonnateur préférant renforcer les pouvoirs et prérogatives du Secrétaire général de la boite. Des décisions qui semble-t-il, entre dans le cadre de rationalisation des finances publiques souhaitée par les nouvelles autorités au sommet de l’Etat.

Toujours dans son entreprise de réformer la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), Fadilou Keïta a enlevé tous les présidents de conseil d’administration de la boite. Il faut savoir cette structure chargée de recevoir et de gérer les dépôts et consignations de toute nature en numéraire, prévues par une disposition législative compte une dizaine de filiales et que chaque filiale comptait un Directeur Général et un président de conseil d’administration. C’est donc cette dizaine de poste de PCA qui a été enlevé. Seulement selon nos information, c’est le Directeur Général Fadilou Keïta qui occupe désormais tous ces postes de PCA.

Ce cumul suscite des interrogations sur la gestion des ressources humaines dans un pays où la lutte contre la pauvreté reste une priorité majeure. Alors que nos multiples tentatives d’entrer en contacte avec Monsieur Keïta pour savoir s’il touchait un salaire pour tous ces postes de PCA sont restées vaines, une chose au moins est sure : il s’agit d’un charge de travail colossale. En effet, le rôle de PCA implique des responsabilités importantes : assurer la gouvernance stratégique, superviser les orientations de l’entreprise ou de l’institution, et veiller à la transparence des opérations…. Occuper dix postes de PCA à la fois soulève des doutes sur la capacité d’une seule personne à assumer efficacement une telle charge de travail. Chaque structure a ses propres enjeux, nécessitant des analyses approfondies et des décisions adaptées, ce qui laisse craindre un manque d’implication ou une gestion approximative.

Au cas où, Fadilou Keïta toucherait des salaires pour tous ces postes de PCA, il va sans dire qu’il s’agit d’une rémunération hyper-excessive et susciterait des interrogations sur la gestion des ressources financières dans un pays où la lutte contre la pauvreté reste une priorité majeure. Au Sénégal, les postes de PCA s’accompagnent souvent d’avantages financiers conséquents, incluant des indemnités, des jetons de présence et d’autres privilèges. Cumuler ces fonctions pourrait donc entraîner une rémunération disproportionnée par rapport aux standards du pays. Dans un contexte où la majorité des Sénégalais vit sous le seuil de pauvreté, de telles pratiques pourraient alimenter un sentiment d’injustice sociale.

Il s’agirait également d’une pratique contraire aux principes de bonne gouvernance. Le cumul de postes de cette nature va à l’encontre des principes de bonne gouvernance et d’efficacité administrative. Les institutions internationales, telles que la Banque mondiale, insistent sur la nécessité d’une répartition équitable des responsabilités et d’une transparence dans la gestion publique, particulièrement dans les pays en développement.

Cette situation met en lumière l’urgence d’une réforme de la gestion des entreprises publiques et parapubliques. Le cumul excessif des fonctions nuit non seulement à l’efficacité des institutions, mais il renforce également l’idée d’une concentration des privilèges entre les mains d’une élite restreinte, au détriment d’une gouvernance équitable et participative. Dans un pays comme le Sénégal, où les défis économiques et sociaux sont nombreux, de telles pratiques appellent à une remise en question profonde des modèles de gestion, pour garantir que les institutions publiques servent en priorité l’intérêt général.

Ajouter un commentaire

Répondre

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Top 10 de l'info

Haut