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Restructuration du secteur des médias au Sénégal : vers une conformité accrue au Code de la Presse

Les journalistes de la Rédaction de Kaolack Infos - Klinfos.com en pleins travaux
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Le ministère de la Communication poursuit son processus de restructuration du secteur des médias, entamé dans le cadre de l’application stricte du Code de la Presse. Après la publication d’une liste provisoire de médias jugés conformes, qui a provoqué une levée de boucliers chez de nombreux acteurs, les autorités annoncent des vérifications supplémentaires avant la publication de la liste définitive. Cette initiative, destinée à assainir et professionnaliser le paysage médiatique, suscite autant d’espoirs pour une presse plus crédible que de craintes quant à son impact sur la diversité des voix et la viabilité des petites structures.

Le 24 décembre 2024, le Ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique a publié un communiqué détaillant les avancées du processus de restructuration du secteur des médias au Sénégal. Cette initiative vise à assurer une conformité rigoureuse des organes de presse aux dispositions du Code de la Presse, promulgué en 2017.

Depuis le début du processus, 690 médias ont soumis leur déclaration, dont 112 ont été provisoirement jugés conformes aux exigences du Code de la Presse. Parmi les critères de conformité figurent l’interdiction de céder des autorisations d’exploitation pour les médias audiovisuels, l’obligation pour les web TV de signer un cahier des charges et une convention, et l’exigence pour les entreprises de presse en ligne d’employer au moins trois journalistes à titre régulier, conformément à l’article 178 du Code de la Presse.

Une liste provisoire controversée

Le ministère avait déjà publié une première liste provisoire, incluant les 112 médias jugés conformes. Cependant, cette liste a rapidement suscité la colère de nombreux acteurs du secteur. Plusieurs organisations professionnelles et entreprises de presse ont dénoncé un manque de transparence dans le processus de sélection, ainsi que des critères jugés parfois inadaptés à la réalité des médias sénégalais.

Certains ont notamment critiqué l’absence de consultation préalable avec les parties prenantes et le caractère abrupt des mesures exigées, qui pourraient affecter la viabilité de certains organes de presse. Ces tensions reflètent l’importance d’une communication claire et d’un dialogue inclusif pour accompagner cette réforme majeure.

Vérifications supplémentaires et publication de la liste officielle

En réponse à ces critiques, le ministère a sollicité l’appui du Ministère du Travail pour vérifier les contrats des journalistes employés par les entreprises de presse en ligne, et celui du Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA) pour identifier les médias audiovisuels ayant cédé illégalement leurs autorisations. Ces vérifications, jugées cruciales, permettront d’assurer que la liste définitive repose sur des bases solides et transparentes.

Si certains saluent cette initiative pour son ambition d’assainir le paysage médiatique et de renforcer la crédibilité des organes de presse, d’autres appellent à davantage de dialogue et de souplesse dans la mise en œuvre des réformes. Ils insistent notamment sur la nécessité de concilier rigueur légale et préservation de la diversité médiatique.

Cette restructuration, bien qu’essentielle, pourrait avoir des implications profondes sur l’accès à l’information et la survie de certains médias, notamment les plus modestes. Les prochaines étapes seront donc scrutées de près par les professionnels du secteur, les organisations de la société civile et le public, dans l’attente d’une réforme équitable et transparente.

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