Service militaire obligatoire : Ousmane Sonko veut former une jeunesse disciplinée et citoyenne


En marge d’une randonnée pédestre pour la défense des droits des enfants organisée avant-hier samedi 12 avril 2025, le Premier ministre Ousmane Sonko a jeté un pavé dans la mare en relançant le débat sur la mise en œuvre du service militaire obligatoire au Sénégal. Face à une jeunesse souvent décrite comme désorientée, le chef du gouvernement a plaidé pour une formation de base à la discipline, au civisme et à l’organisation, au service de la nation. Une annonce forte qui intervient dans un contexte de refondation des valeurs républicaines et de lutte contre la déliquescence sociale.
Le Premier ministre Ousmane Sonko, aux côtés de la ministre de la Famille et des Solidarités, Maïmouna Dièye, a participé à une randonnée pédestre destinée à sensibiliser l’opinion sur la nécessité de protéger l’enfance au Sénégal. Mais, au-delà de la cause des enfants, c’est un message beaucoup plus vaste que le chef du gouvernement a délivré à la jeunesse sénégalaise : l’heure est venue d’instaurer un service militaire obligatoire, progressif, pensé comme un outil de transformation sociale.
Selon le Premier ministre, l’idée n’est pas nouvelle, mais elle mérite aujourd’hui d’être activée. «Après le défilé du 4 avril, j’ai appelé le ministre des Forces armées pour lui demander de réfléchir à des créneaux pour élargir le service militaire avec des formules de 3, 4 ou 6 mois», a-t-il confié. Cette volonté de relance vise à corriger un paradoxe : bien que le service militaire soit prévu par la loi, sa mise en œuvre effective reste inexistante depuis plusieurs décennies.
La cause ? Un manque de moyens logistiques et financiers, mais aussi une absence de volonté politique durable. Aujourd’hui, Ousmane Sonko entend rompre avec ce statu quo en proposant une application graduelle, adaptée aux réalités économiques du pays.
Discipline, civisme et responsabilité : les maîtres mots
Au-delà de la formation militaire classique, le Premier ministre veut voir dans ce programme un véritable laboratoire de la citoyenneté. Il parle de discipline, de rigueur, d’organisation, mais aussi de dépassement de soi et de respect des institutions. «La matière première d’un peuple, c’est la discipline», a-t-il insisté, avant de confier dans un ton à la fois lucide et autocritique : «on voit tous comment sont les gens. Ils ont un problème de discipline, à commencer par moi.»
Dans cette optique, le futur service militaire ne se limitera pas aux entraînements en caserne. Il s’agira aussi d’une école du civisme où les jeunes seront formés à l’esprit de solidarité, au sens du devoir, à la protection de l’environnement, à la sécurité civile et même à la participation communautaire. Le Service civique national, devrait jouer un rôle pivot dans cette configuration, avec des modules adaptés aux profils scolaires, professionnels ou sociaux des jeunes.
Le Premier ministre n’a d’ailleurs pas manqué d’interpeller directement cette jeunesse. «Soyez une jeunesse consciente. Ne tombez pas dans les discours ethnicistes ou régionalistes», a-t-il lancé, dans un appel à l’unité nationale.
Une sortie sur la mendicité infantile qui fait écho
Dans le même souffle, Ousmane Sonko s’est montré intransigeant sur la question de la mendicité des enfants, notamment celle des talibés, trop souvent réduits à l’état de mendiants dans les grandes artères de Dakar. «Aucun d’entre nous ne souhaite voir un enfant, en plein froid, arrêté à un feu rouge, vêtu de vêtements trop légers, exposé à de nombreux dangers, en train de mendier pour le compte d’une autre personne», a-t-il déclaré, ému.
Il a promis que l’État allait «prendre ses responsabilités», jugeant cette situation «intolérable» et «inacceptable».
Sidy Djimby NDAO
