Peur en Gambie: le Sénégal décide d’exporter les noix de cajou de la Casamance
©klinfos.com-Mercredi 09 Mai 2018 – Les relations entre la Gambie et le Sénégal sont loin d’être un long fleuve tranquille. Après les aspects sécuritaires liés à la présence de gendarmes sénégalais dans la garde rapprochée du président Barrow, c’est au tour de questions économiques d’installer le malaise et après le bois, c’est l’anacarde.
Le gouvernement sénégalais a décidé de ne plus autoriser le transport de noix de cajou provenant de la région de la Casamance au Sénégal vers la Gambie pour être acheminé par le port de Banjul.
Une décision qui a été confirmée ce 7 mai 2018 par le ministre du Commerce, Alioune Sarr, lors d’un Comité régional de développement à Ziguinchor, en présence du gouverneur de la région, des douaniers, des opérateurs portuaires, des services de sécurité et des opérateurs privés de noix de cajou. Le Sénégal compte profiter de cette manne et va désormais faire passer les 50.000 tonnes de noix d’anacarde par le port de Ziguinchor, au détriment de celui de Banjul.
«L’exportation de ces 50.000 tonnes qui sera faite à partir de Ziguinchor va créer beaucoup d’emplois. La jeunesse de Ziguinchor va profiter massivement des retombées de cette filière. Parce que, si nous exportons 50.000 tonnes d’anacarde à partir de Ziguinchor, c’est autant d’emplois pour la région de Ziguinchor, surtout les femmes. Mais aussi, les services, à savoir la restauration, le tourisme, le transport vont y trouver leur compte», a expliqué M. Sarr, estimant que cette activité va alimenter l’économie de la région.
De l’avis d’un observateur gambien, s’exprimant sur Freedom newspaper, cette décision est une gifle face au désir du Président Barrow de cultiver une relation étroite avec le grand voisin sénégalais. «Ce n’est certainement pas la meilleure façon d’aider un pays à sortir de 22 ans de défis, en bloquant ses principales activités économiques. Premièrement, c’était l’arrêt du commerce du bois et maintenant le commerce de la noix de cajou», souligne-t-il.
Selon son avis, les responsables portuaires et fiscaux de la Gambie sont en train de se triturer les méninges face à la perspective de perdre leur plus grande source de revenus. Et en plus des pertes de revenus du gouvernement, c’est le transport routier qui va en pâtir. «Il suffit de visiter le garage Abuko pour voir les nombreux camions stationnés qui n’ont aucune activité économique à cause de cette décision», souligne l’observateur gambien.
A l’en croire, ce n’est pas bon que dans les relations liant les deux pays, une entreprise gambienne puisse acheter du cajou en Casamance, mais ne soit pas autorisée à le transporter en Gambie pour l’expédier. «Qu’est-il arrivé aux nombreux protocoles signés sur la libre circulation des biens et services, y compris les protocoles de la Cedeao et la déclaration de Karang récemment signée ?», questionne-t-il.
En vérité, martèle-t-il, «le gouvernement du Sénégal n’a pas besoin de fermer les frontières pour obliger les compagnies à utiliser le port de Ziguinchor. Tout ce qu’il doit faire est de rendre le port efficace et compétitif, car les hommes d’affaires iront toujours vers l’efficacité».
Mansour KANE (Les Échos)
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