Pour une opposition conquérante et victorieuse
©Klinfos.com-Jeudi 21 Juin 2018 – Serait-il possible dans ce pays d’UNIFIER L’OPPOSTION SUR LA BASE D’UN PROGRAMME COMMUN de gouvernement en transformant la MAJORITE SOCIOLOGIGUE qu’elle détient, EN MAJORITE ELECTORALE active, en vue de la conquête du pouvoir pour transformer la société sénégalaise pour de bon et dans la bonne direction ? C’est à cette question délicate, cruciale, et somme toute redoutable, que nous nous évertuons d’apporter une réponse dans le cadre de cette réflexion.
Nous partirons d’un postulat, du moins du constat qu’au Sénégal l’opposition, qui est à la gauche du pouvoir, est majoritaire sociologiquement parlant, car elle compte en son sein: la majorité silencieuse, les « classes moyennes » , les partis politiques en dehors de la coalition au pouvoir, la société civile, de fait elle est donc numériquement et légitimement plus représentative et plus significative que la majorité présidentielle( cousue de fil blanc !).
Un tel constat si il est fondé devrait se traduire pour l’opposition par la nécessité de transformer alors cette majorité sociologique en « une majorité électorale consciente des enjeux des réformes indispensables pour sortir notre pays de la transition politique qu’elle traverse depuis bientôt cinq décennies. Les tâches découlant d’un tel objectif stratégique dépasse évidemment les responsabilités de la seule opposition » et interpellent tous les acteurs et secteurs porteurs de vrais projets pour un changement radical de paradigme, de modèle sociétal et de mode de gouvernance , tâches aussi qui passent par l’urgente nécessité de construire une majorité de gauche, écologiste et progressiste qui viendra en appoint à cette même opposition qui doit être la plus large possible et forte, pour faire contrepoids au régime en place en vue de changer le système.
Un truisme est de dire que tout parti politique( ou coalition de partis) dans une compétition électorale cherche à engranger le nombre de votes ou des suffrages exprimés le plus élevé aux fins de conquérir le pouvoir, ou de s’y maintenir et de le faire fonctionner à son propre compte, en fonction de la stratégie et des moyens dont il dispose pour réaliser les objectifs qu’il s’est assigné.
Ce ne sont là, bien évidemment que des lieux communs….des sciences politiques et juridiques, puisque la plupart des citoyens sont au fait des différents modes de scrutins, de désignation et de représentation par voie électorale : des élections municipales à l’élection présidentielle en passant par celles législatives …
Au Sénégal il est un fait qu’une frange importante de la population a pris conscience de l’importance du vote, comme un acte civique, celui par lequel les citoyens ou les membres d’une assemblée sont amenés à donner leur opinion lors d’une élection.
Le vote prend ainsi toute sa signification et la carte électorale toute son importance. LE CITOYEN sénégalais en effet, même moyen, en appréhendant qu’il est un acteur réel de la vie politique, sait du même coup qu’il a voix au chapitre et que sa place est au cœur de la Cité.
Cette prise de conscience par elle-même n’est pas spontanée, bien sûr que les médias sont passés par là ! Car avec les TIC, l’audiovisuel qui associe le son et l’image non seulement ne laisse plus personne indifférent, mais il omniprésent, jusque même dans les contrées, dans les hameaux les plus reculés. La modernité technologique induit, il va sans dire, une modernité politique, et son corollaire la modernité démocratique.
Cependant la montée en puissance d’Internet et des réseaux sociaux donne l’impression que c’est là que se déroulent aujourd’hui les batailles politiques, même si Le pouvoir demeure plus que jamais fonction de la puissance économique et militaire. Il est certain que si Donald Trump a humilié ses homologues lors du récent G7, ce n’est pas en vertu de la puissance de ses tweets, mais parce qu’économiquement et militairement il est en position de le faire. Il faut donc relativiser les choses pour ne pas donner l’illusion que les batailles politiques sont d’abord et fondamentalement des batailles médiatiques.
Mais L’influence Croissante et grandissante , d’Internet, des nouvelles technologies(celles de l’information et de la communication) quoique limitée et parfois suspecte, reste néanmoins une des voies les plus importantes de l’activité et de la propagande politiques : la Toile est aujourd’hui, qu’on le veuille ou non, devenu un enjeu politique et idéologique, qui met en jeu des intérêts financiers, économiques et culturels, c’est un véritable champ de bataille, de bataille d’opinions , d’affirmation, de combat pour la reconnaissance et le prestige, qui contrôle les medias assure sa quasi hégémonie et Autorité sur le reste ,et c’est pourquoi les grands magnats contrôlent les grands medias(BOUIGUES BOLLORE, SOROS pour ne citer que ceux-là) .Les médias sont donc devenus le lieu, un espace grandiose, immense de confrontations, de lutte pour la vie et la survie. Peut-être aussi parce que « l’entreprise politique est une entreprise d’intérêt ».
D’ordinaire « seul un petit nombre d’hommes intéressés par la vie politique recrutent des partisans, se portent comme candidats, recueillent les moyens financiers nécessaires et vont à la chasse aux suffrages. Les citoyens qui ont le droit de vote se divisent en éléments politiquement actifs et en éléments politiquement passifs. L’existence de chefs et de partisans, d’un corps électoral actif et passif constitue des conditions indispensables à toute vie politique …
Les hommes politiques professionnels cherchent à parvenir au pouvoir grâce à la puissance d’un parti politique qui brigue des voix sur le « marché électoral » sans jamais utiliser autre chose que des moyens raisonnables et « pacifiques ».
Et dans notre pays, tous les partis qui œuvrent pour un Sénégal nouveau ont constaté l’intérêt de réaliser un programme unique et adopté par de larges couches sociales. Mais alors qu’auparavant on avait un parti unique, on a à présent dans la structure moderne des partis une nouvelle sorte de configuration qui tient à la nécessité d’organiser les masses selon les règles de la démocratie.
Le Sénégal ne fait pas exception , seulement voilà !
« Le Sénégal est aujourd’hui en face du seul type de régime politique au monde où le titulaire de la totalité du pouvoir n’est soumis à aucun régime de responsabilité, ni justiciable devant aucune juridiction, ni révocable avant le terme de son mandat. Le titulaire du pouvoir cumule en sa personne la puissance (pour ne pas dire l’omnipotence), l’irresponsabilité et l’irrévocabilité. Ce régime est bien plus que ce Michel Debré et à sa suite une certaine doctrine de la science politique ont appelé « monarchie républicaine », il est une «république monarchique», c’est-à-dire une république où le titulaire du pouvoir a tous les attributs et attributions d’un monarque sauf l’hérédité de son pouvoir, et encore ».Il est même regrettable de constater que depuis la tenue des Assisses nationales et les recommandations utiles et de bon aloi sorties de ces rencontres rien n’a changé, quant au fond, dans la texture du régime, le pays est toujours en crise.
Nous empruntons à un article publié dans Sud-Online ces quelques lignes qui vont suivre pour camper sommairement l’état des lieux :
° Dix ans après, le diagnostic des Assises nationales (entre le 1 juin 2008 et le 24 mai 2009) reste pertinent rappelait récemment Diallo Diop, membre ad hoc de ces assises et secrétaire général du
Rassemblement national démocratique (RND).
°« Toutes les crises que le pays vit dix ans après, étaient non seulement anticipées dans l’analyse diagnostic mais on y remédiait par des propositions de réformes institutionnelles, déclare-t-il, interrogé par la Rfm. L’exemple le plus flagrant, la crise au sein de la magistrature. »
°Et, déplore-t-il, le président Macky Sall signataire de la charte, n’a fait qu’une utilisation « sélective » de ces « remèdes » avec les « recettes » de la Cnri qui ont été « partiellement appliquées. »
°« Il a préféré, regrette-t-il, faire son référendum constitutionnel avec ses fameuses quinze mesures cosmétiques. Il a bien vu au finish que finalement la refondation d’un Etat démocratique et républicain et la véritable réforme structurelle de nos Institutions restent à faire. Mais cela fait l’objet du débat politique national en cours ».
°Pour mémoire, le mois dernier, Macky disait qu’ « il ne faut pas, en tant qu’intellectuels, en faire la Bible, le Coran ou la Thora. Il faut que l’on comprenne que c’est une réflexion et au moment où les Assises se tenaient, notre pays faisait face à des risques graves sur l’existence même de la République. Le contexte peut marquer la pensée. Mais cette pensée peut évoluer et doit évoluer.»
« Les principes et l’esprit des Assises nationales nationale, ce sont des principes tels que l’éthique, l’équité, le traitement impartial, la justice…Quand on fait le point dans tous les secteurs, on se rend compte qu’en relisant le diagnostic, on se retrouverait à peu près avec le taux que l’on avait en 2008. Y a un écart important, à la norme qu’il faudra analyser », a éclairé M. Loum.
Et dans le Rapport de synthèse de la Commission 1 (voir Conclusions des Assises nationales) on trouve ceci :
°« Parallèlement à la crise institutionnelle, on assiste à une impasse politique caractérisée par l’absence de dialogue entre les principaux acteurs du jeu politique notamment de la majorité et de l’opposition. Pourtant c’est par le jeu de la concertation politique que la démocratie pluraliste a pris progressivement forme pour conduire à l’alternance démocratique de 2000, malgré quelques soubresauts entre 1998 et 2000 où le blocage était causé par les initiatives unilatérales du PS qui était revenu sur certains consensus de 1992 mais aussi le rejet systématique de l’opposition de tout dialogue, notamment la médiation politique en vue de l’élaboration d’un statut de l’opposition et le financement des partis politiques ».
La question qui importe ici est donc de savoir comment en définitive traduire dans les faits, et concrètement, les principes et l’esprit des Assisses nationales ? UN TEL PROGRAMME ET SA REALISATION NECESSITE, à nos yeux, CERTAINES CONDITIONS :
-D’abord l’opposition devrait trouver en son sein un leader lucide, capable et qui fait une profession de foi (sa mission) en faveur de la réalisation de ce projet, leader qui devrait en outre avoir le soutien massif et la caution des larges couches sociales, des forces vives de la nation
-Ensuite ce leader et son équipe une fois au pouvoir, aux commandes, devront appliquer, sans restrictions, toutes les recommandations issues des Assisses nationales, à la lettre et intégralement
La recherche d’une forte personnalité peut paraître incongrue, mais l’opposition pour avoir prise sur la réalité a besoin d’une personnalité charismatique, éclairée, pragmatique et réaliste, consensuelle, au caractère trempé, responsable, de surcroit intègre et affable. Ce n’est pas de l’homme providentiel qu’il s’agit, encore moins du Sauveur, du Rédempteur, mais nous voulons parler de cet homme politique qui en faisant corps avec le peuple, est la somme de toutes les volontés et aspirations individuelles.
On n’est loin de l’image du Léviathan de Hobbes ! Un homme politique qui travaille non pour son profit ou celui de son clan ou de sa tribu, mais qui œuvre dans le sens bien compris de tous, qui ne rêve pas de châteaux en Normandie ou en Bretagne, qui camouffle pas tout l’argent du pays dans des comptes bancaires logés dans les paradis fiscaux ! C’est justement en cela que réside le vrai pouvoir !
L’immense majorité des 140 partis, associations et personnalités qui étaient membres des Assises à traduit à travers ces Assisses sa volonté et son désir profond de changement. Mais pour traduire dans la réalité ces principes, comme nous l’avions dit plus haut il faut la puissance d’un catalyseur qui soit décisive pour mettre en mouvement les masses.
Une démocratie admet à sa tête un vrai chef et par suite accepte l’existence d’une « machine », les « politiciens de métier » sans vocation, ne possèdent pas l’évidence les qualités sus énumérées. Trois qualités déterminantes font l’homme politique, le vrai :
1. la passion au sens « d’objet à réaliser », c’est-à-dire au dévouement passionné à une cause,
2. la responsabilité : la passion seule ne suffit pas, il faut lui adjoindre la responsabilité, sorte « d’étoile polaire » qui oriente son activité de façon déterminante.
3. le coup d’œil : qualité psychologique de l’homme politique, c’est la faculté de laisser les faits agir sur lui dans le recueillement et le calme intérieur de l’âme et par conséquent « savoir maintenir à distance les hommes et les choses » . « L’absence de détachement » comme telle est un des péchés mortels de l’homme politique.
Faire cohabiter passion ardente et froid coup d’œil !
La « force » d’une personnalité politique signifie en tout premier lieu qu’elle possède la qualité du détachement, on fait de la politique d’abord avec la tête. Elle doit également se méfier de la vanité qui pousse l’homme politique à deux sortes de péchés mortels :
Ne défendre aucune cause ce qui conduit à rechercher l’éclat du pouvoir au lieu du pouvoir réel ; et n’avoir pas le sentiment de sa responsabilité qui conduit à ne jouir du pouvoir que pour lui-même, sans aucun but positif.
« L’homme politique peut chercher à servir des fins nationales, humanitaires, sociales, éthiques. Il peut également être soutenu par une croyance au progrès, comme il peut la récuser. Mais dans tous les cas « une foi est nécessaire » sinon le succès politique apparemment le plus solide rejoindra dans la malédiction l’inanité de la créature ».
NOTES DE BAS DE PAGE :
-(1) comme me le faisait remarquer à juste mon ami Djibril Gningue, figure bien connue du monde syndical enseignant.
Moctar Gueye PROF- de Philo
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