Mondial 2018 : France-Belgique, une demi-finale au parfum d’Afrique
Sept joueurs belges et quatorze Français ont au moins un parent d’origine africaine. Un record dans cette Coupe du monde, hors équipes du continent. Décryptage.
À l’épellation, la feuille de match entre la France et la Belgique, première demi-finale du Mondial 2018 ce soir à 21h, heure russe, à Saint-Pétersbourg, vibre de nombreuses sonorités africaines. Lukaku, Mbappé, Fellaini, Umtiti, Dembélé, Fékir… autant de noms qui doivent aviver autant les sourires que les regrets, de l’Afrique du nord à l’Afrique centrale.
Car si la grande majorité de ces joueurs est née en Europe, ils ont tous au moins un parent d’origine africaine qui leur aurait donné la possibilité de porter le maillot d’un pays du continent. Seuls deux internationaux qui tenteront de gagner, ce 10 juillet, une place en finale de la Coupe du monde sont nés sur le continent africain : il s’agit du gardien français Steve Mandanda, né à Kinshasa, et de son coéquipier Samuel Umtiti, qui a vu le jour à Yaoundé au Cameroun.
La famille Matuidi a fui la guerre civile angolaise
Les origines des joueurs des deux équipes dessinent l’histoire d’un demi-siècle d’immigration en France et en Belgique. En Belgique, pays qui compte deux footballeurs d’origine marocaine (Fellaini et Chadli) dans son groupe de 23 joueurs, une convention bilatérale avait été signée avec le Maroc en 1964 pour organiser l’émigration de travailleurs marocains dans les régions minières de la Belgique.
En 2015, date du dernier recensement national, 3,9% de la population belge avait une origine marocaine. L’autre grosse diaspora installée sur les bords de la mer du Nord est congolaise. Quatre joueurs des Diables rouges (Lukaku, Boyata, Batshuayi, Kompany) ont leurs racines familiales en République démocratique du Congo, ancienne colonie belge.
PEU IMPORTE D’OÙ L’ON VIENT, POURVU QUE L’ON ACCUEILLE À BRAS OUVERT CEUX QUI EN ONT BESOIN
De l’autre côté de la frontière, en France, les origines africaines des joueurs sélectionnés sont beaucoup plus diverses, mais épousent, à quelques rares exceptions près, les limites des ex-territoires coloniaux de l’Hexagone sur le continent, d’où sont arrivées des vagues d’immigration importantes en France ces dernières décennies.
On compte des joueurs originaires d’Afrique du nord, avec Adil Rami (Maroc) et Nabil Fékir, dont la longue hésitation à choir entre le maillot des Bleus ou de l’Algérie avait provoqué un vif émoi au pays des Verts, d’autres d’Afrique de l’Ouest, avec Paul Pogba (Guinée) ou Ngolo Kanté (Mali), et également plusieurs d’Afrique centrale, comme Samuel Umtiti, né au Cameroun, et Steve Mandanda, né à Kinshasa.
Il y a une exception dans l’équipe tricolore avec l’histoire de la famille Matuidi, qui a fui l’Angola, pendant la guerre civile, pour la France. Un lien rare entre Paris et Luanda, qui dit aussi une chose : peu importe d’où l’on vient, pourvu que l’on accueille à bras ouvert ceux qui en ont besoin.
Jeune Afrique