Partage de ressources pétrolières : après la Mauritanie, la Guinée-Bissau se prépare à doubler le Sénégal
©Klinfos.com-Mardi 24 Juillet 2018 – L’intelligentsia bissau-guinéenne dénonce le partage déséquilibré des ressources pétrolières entre le Sénégal et la Guinée Bissau. Réunis au sein d’un collectif citoyen, les Guinéens ont adressé un manifeste au Président José Mario Vaz pour réclamer un part plus importante dans le partage des ressources.
Après l’accord de coopération pour l’exploitation du champ gazier offshore de «Grand Tortue-Ahmeyim» (GTA) à cheval sur le Sénégal et la Mauritanie, et jugé déséquilibré en défaveur du Sénégal, Dakar devra faire face à de très dures négociations. Cette fois, ce sera avec l’autre voisin du sud, la Guinée-Bissau.
Et pour cause, un collectif citoyen composé de personnalités guinéennes a décidé de pousser leur pays à réclamer à Dakar une nouvelle part des ressources pétrolières et de la pêche qui existent dans la zone maritime commune avec le Sénégal, dont l’accord devrait être renégocié entre les deux états.
Ce groupe comprend des personnalités de la société civile, l’ex-chef de la diplomatie, João José Monteiro dit «Huco», l’écrivain Fernando Casimiro, le sociologue Miguel de Barros ainsi que la militante des droits de l’homme, Francisca «Zinha» Vaz. Ils ont adressé un manifeste adressé au Président guinéen José Mario Vaz, à qui ils «ordonnent» le report du début des négociations avec le Sénégal et, surtout, d’être ferme dans les négociations à venir.
Ceci pour exiger «la recherche d’un nouveau pourcentage plus réaliste et contre le déséquilibre extrême qui caractérise la division des gains sur les ressources pétrolières et halieutiques dans l’espace commun dans l’accord précédent», lit-on sur la note adressé au chef de l’État.
Si on en croit le timing, les choses devraient très vite s’accélérer du côté de Bissau. Les négociations en vue de l’établissement d’un nouvel accord de partage des ressources dans la zone d’exploration maritime conjointe Guinée-Bissau-Sénégal devraient, en effet, avoir lieu ce mercredi 25 juillet.
Rappelons que l’accord précédent, paraphé il y a 20 ans, n’avait pas de renouvellement automatique, car José Mário Vaz l’avait dénoncé en 2014. En Guinée-Bissau, nombreux sont ceux qui contestent le partage actuel qui offre 15% des ressources pétrolières disponibles dans la zone à la Guinée-Bissau, le Sénégal disposant des 85% restants.
Ainsi, les auteurs du manifeste, qui circule sur les réseaux sociaux pour recueillir des signatures, veulent que le chef de l’Etat annule la reprise des négociations afin que la société civile puisse déclencher un «grand débat» autour des universités et centres de recherche, avec la préparation technique des négociations, pour dégager une stratégie nationale. «Il y a des craintes que la Guinée-Bissau perde à nouveau dans la division des gains éventuels», peut-on lire dans le manifeste déjà signé par environ un millier de Guinéens en trois jours.
Le partage
Pour mémoire, la zone dite de développement conjointe (Zdc), créée en 1993 après les litiges devant les tribunaux internationaux, couvre environ 25.000 kilomètres carrés du plateau continental et est gérée par une Agence de gestion et de coopération, basée à Dakar, actuellement présidée par l’ancien Premier ministre guinéen, Artur Silva.
La Zdc est considérée comme riche en ressources halieutiques, dont l’exploitation profite pour 50% à chacun des Etats et en hydrocarbures (pétrole et gaz), encore en phase de prospection. Pour la mettre en place, la Guinée-Bissau a exempté 46% de son territoire maritime pour former le Sac et le Sénégal 54%.
Aujourd’hui, les experts du pétrole estiment que la zone, constituée d’eaux peu profondes, profondes et très profondes, «est particulièrement attractive» pour les hydrocarbures. C’est peut-être ce qui aiguise les appétits de l’autre côté de la frontière.
Sidy Djimby NDAO – Jotaay.net
KLINFOS.COM c’est aussi vous ! Vous avez une info? Appelez la rédaction centrale de KLINFOS.COM au + 221762323565 info@klinfos.com