Interdiction de la manifestation contre les bavures policières : Amnesty International vilipende le Sénégal aux Nations-Unies
©Klinfos.com-Samedi 04 Aout 2018 – La multiplication des cas de décès de personnes interpelées dans des commissariats a fini par pousser certains Sénégalais dans la rue. Ce pour crier leur courroux contre les violences policières. Après l’interdiction de la manifestation par le préfet de Dakar, le directeur d’Amnesty International s’est attaqué à Aly Ngouille Ndiaye, vilipendant le Sénégal auprès du Secrétaire général des Nations-Unies.
Dans le but de dénoncer la multiplication des cas de décès dans les commissariats de police et brigades de gendarmerie, le collectif pour la justice et contre les violences policières a voulu organiser une marche. Ce pour « exiger justice pour les nombreuses victimes mais aussi et surtout pour dire ‘’plus jamais ça !’’».
Pour Guy Marius Sagna et Cie, trop c’est trop. Ils ont ainsi tenu à siffler la fin de cette violence policière. En guise de preuve, ils rappellent, comme pour livrer le fondement de leur combat : «en avril 2018, la police tue le citoyen Abdoulaye Timéra sur les allées du Centenaire. En mai 2018, la gendarmerie tue l’étudiant Fallou Sène à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. En juin 2018, la police assassine le citoyen Seck Ndiaye dans sa chambre. En juillet 2018, la police torture le citoyen Pape Sarr jusqu’à ce que mort s’ensuive. Au mois de février 2017, le dénommé Elimane Touré est mort dans les locaux de la police du port».
Poursuivant, Guy Marius Sagna et ses camarades indiquent : «tous ces décès ont des points en commun» : «ils sont tous des citoyens assassinés par la police et la gendarmerie du Sénégal», déplorent-ils.
Plus grave, les activistes assurent que les responsables de ces assassinats n’ont toujours pas été identifiés. Mais c’est parce que, croient-ils savoir, l’État en est pour quelque chose.
«L’Etat du Sénégal, à travers la police, allant jusqu’à tenter de maquiller des assassinats en suicides et de distiller des mensonges d’Etat pour se disculper», s’indignent-ils, notant que d’avril à juillet 2018, les violences de la police et de la gendarmerie ont fait chaque mois une victime connue.
Tout cela les avait poussés à souhaiter tenir, avec les familles Timéra, Ndiaye, Sarr, Touré, une manifestation pour la justice et contre les violences policières, afin de s’adresser à l’opinion publique nationale et internationale.
Mais, c’était sans compter avec la détermination du préfet de Dakar, qui ne voulait pas l’entendre de cette oreille. En effet, à quelques heures de la manifestation, le préfet de Dakar a notifié aux organisateurs son interdiction de tenir la manifestation. Mais ce n’est pas ce qui fera décourager les activistes engagés du Front pour une Révolution Anti-impérialiste Populaire et Panafricaine (Frapp), qui préfèrent parler de report, comme pour donner donnez dans quelques jours.
Ils ne sont pas les seuls à être vexés par la décision de l’autorité administrative. C’est aussi le cas de l’organisation de défense des droits de l’homme, Amnesty International Sénégal. À travers son Directeur exécutif, l’organisation a dénoncé l’interdiction de la manifestation, imputant la faute au ministre de l’Intérieur.
«Monsieur le Ministre de l’intérieur Aly Ngouille Ndiaye, cette interdiction enlève tout crédit à votre récente déclaration sur les violences policières. Votre message aux familles des victimes est clair : pleurez vos morts et taisez-vous», s’est indigné Seydi Gassama dans un tweet sur lequel il a pris le soin d’identifier le Président Macky Sall, mais aussi et surtout le Secrétaire général des Nations-Unies, Antonio Guterres.
Les Échos
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