Justice

En prison depuis 4 ans pour un post sur Facebook : l’affaire Ousseynou Diop indispose la toile sénégalaise, le droit de l’hommiste Alioune Tine s’y met

Ousseynou DIOP
Mirador de la prison de Rebeuss à Dakar

Le Web sénégalais est secoué depuis quelques jours par l’histoire du jeune Ousseynou Diop, du nom de ce gamin de 19 ans envoyé en prison depuis 4 ans à cause d’un commentaire sur Facebook contre l’hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo. Heurtés par le premier post fait sur l’affaire, les internautes sénégalais ont enchainé les indignations et l’affaire est atterrie sur le mur du droit de l’hommiste Alioune Tine.

Ousseynou DIOP

Ousseynou DIOP

C’est la force des réseaux sociaux ! Ces plateformes d’activités qui intègrent technologie, interaction sociale entre individus ou groupes d’individus, et la création de contenu a, en effet, ceci de magique qu’elles permettent d’interpeler des personnes dont on n’a pas accès physiquement et de s’assurer qu’il verra effectivement votre message. Et même les plus puissants chefs d’État n’échappent pas à cette force des médias sociaux. Plus besoin d’adresser un courrier, suivre la paperasse pour le déposer chez l’autorité, sans même avoir une confirmation de la réception de son message.

C’est sans doute ce qu’a compris le sieur Max Cabola. Le 16 septembre dernier, l’internaute a fait un post sur le très populeux groupe Facebook «Tes De Dakar Si» pour demander au membre du groupe de s’indigner avec lui sur le cas d’un jeune de sénégalais de 19 ans en prison depuis 4 ans sans procès. Et comme un véritable fil d’araignée et par la force des partages, l’information est parvenu jusqu’au plus hautes autorités du pays.

« Ousseynou Diop, ce gamin de 19 ans en prison depuis 4 ans sans procès pour un simple commentaire sur Facebook contre Charlie Hebdo était toujours le 1er de sa classe et devait continuer ses études à l’étranger », a écrit l’internaute. Qui poursuit pour expliquer que : « Il était pourtant l’espoir de sa maman qui pleure nuit et jour et a même supplié Macky Sall de libérer son fils. Mais rien jusqu’à présent…Les défenseurs des droits de l’homme ne peuvent pas dire qu’ils ne sont pas au courant de cette histoire. Je suis vraiment écœurée ».

À peine tombé, le post a été pris d’assaut par plusieurs centaines de Facebookeurs, qui à travers des réactions, commentaires et partages marquent leur solidarité à leur jeune compatriote. Parmi ceux-ci, une personne a décidé d’aller plus loin. En effet le 17 septembre 2018, soit 24 après le post du sieur Max Cabola, un internaute répondant au nom de Pirlo Sow a pris l’affaire en main. Dans un tweet, il interpelle directement le directeur régional de Amnesty international pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, Alioune Tine en attirant son attention le cas du jeune Ousseynou Diop.

« Bonjour Mr @aliounetine16 . Je viens de tomber sur cette publication sur Facebook et j’étais peiné par le cas de ce jeune homme . Si vous pouvez plaider en sa faveur svp !! », post le sieur Sow, joignant à son message la photo d’Ousseynou Diop.

Le choix n’est pas fortuit, Alioune Tine est parmi les Sénégalais les plus suivis sur le réseau social Twitter. Il est suivi quasiment par toutes autorités du pays. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que l’appel de Sow n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Puisque trois heures après, c’est Alioune Tine lui même qui a prie le relais avec un post à travers lequel il interpelle ses collègues défenseurs des droits de l’homme. « C’est incroyable cette affaire, je vais demander à Pape Séne Président du Comité Sénégalais des droits de et à Moustapha Ka Directeur des droits de l’homme de se pencher sur le cas de ce jeune homme », a tweeté Alioune Tine. Son post a aussitôt enregistré un rué des Twittos qui, comme s’ils s’étaient passés le mot, ont , à tour de rôle ont invité les a justice à se saisir de l’affaire.

Pour mémoire, Ousseynou Diop est un jeune étudiant qui avait été arrêté en 2015 lors des attentats de Charlie Hebdo, pour avoir posté sur sa page Facebook la phrase suivante : « la France, vous n’avez encore rien vue, pour des attentats, il y’en aura d’autres ». Depuis lors, il est maintenu en détention à la prison du Cap Manuel.

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