Politique

Pour son honneur et celui de sa famille : Me Wade défie Macky et l’Occident et invite à une enquête sur son patrimoine

Abdoulaye Wade
Me Abdoulaye Wade, Pds

«L’honneur appartient à ceux qui jamais ne s’éloignent de la vérité, même dans l’obscurité et la difficulté, ceux qui essaient toujours et qui ne se laissent pas décourager par les insultes, l’humiliation ou même la défaite», disait Nelson Mandéla. À travers sa déclaration du 19 août dernier, Abdoulaye Wade a surement fait un pas de géant vers le cercle restreint des chefs d’État africain qui peuvent se targuer d’avoir fait honneur à nation. Et même si beaucoup de Sénégalais croient encore que l’inauguration de son régime a été le top départ d’une mal gouvernance dans notre pays, Wade apporte la preuve que ces accusions n’ont jamais été aussi fausses.

« Les Chef d’État africains étant souvent soupçonnés d’utiliser l’argent de leur pays pour aller s’acheter des immeubles en France, aux Etats-Unis, même, dit-on en Chine maintenant, j’ai décidé de laver mon honneur », a-t-il commencé par constater avant de soussigner et jurer sur l’honneur pour dire à qui veut le croire qu’il ne possède «à l’étranger aucun bien pouvant être qualifié de bien mal acquis, bien immobilier, comme en banque garni, valeurs mobilières ». Déterminé et décidé de laver son honneur et celui de sa famille, l’ancien président de la République poursuit et met sur la table sa patrimoine, invitant qui le souhaite à vérifier sa déclaration.

Ainsi, dans le domaine immobilier Abdoulaye Wade indique qu’il ne possède à l’étranger aucun bien à l’exception d’«un studio de 41 m2 (quarante et un) à Paris, 50 Avenue des Ternes, acheté dans les années 70 pour servir de siège en France à mon parti, le Pds».  À ce propos et comme pour donner une nième preuve de la véracité de sa déclaration, l’ancien Chef d’État ajoute qu’il a à plusieurs fois déclaré «aux Maires de France, notamment à l’occasion d’un petit déjeuner que m’avait offert l’association des Maires de Frances que si l’un d’eux découdrait sur son territoire un immeuble m’appartenant, je le lui donnai et qu’il pouvait le vendre pour ses œuvres».

Pour ce qui de son argent, le fondateur du Pds assure qu’il possédé trois comptes en banque à l’étranger.  Et de détailler que l’un ouvert vers les années 60 au nom de son Cabinet d’avocat, à la Société Générale de Paris, «pour recevoir mes honoraires d’Avocat-Consultant international, de mes clients d’Europe arrêté de fonctionnement avant 2000 et sans écritures depuis.»

Il fait aussi part d’un deuxième compte à Djeddah, au Royaume d’Arabie Saoudite. Un compte qui était destiné principalement à l’aide au pèlerins trop souvent en difficultés qui faisaient appel à lui. «Ce compte d’action sociale qui n’a reçu de contribution que d’un souverain arabe qui a voulu participer à mes œuvres a été fermé d’office depuis bientôt dix ans pour absence d’écritures», note-t-il encore, ajoutant que le troisième compte était ouvert dans les Émirats et que ce dernier ne fonctionne plus depuis six ans bloqué au solde de 4.600 euros.

«En conclusion, au moment où je signe cette déclaration, je ne possède nulle part dans le monde, aucun compte bancaire en fonctionnement, avec un solde significatif pouvant intéresser une enquête de patrimoine», fait-il savoir.

Revenant sur son règne à la tête du Sénégal, Abdoulaye Wade déclare que durant ses deux mandats, il avait choisi, « en toute connaissance de cause », de redistribuer ses fonds politiques aux Sénégalais. «Ce n’est pas pour rien que les Sénégalais disaient : ‘’On ne sort jamais de chez le Président Wade les mains vides!’’», illustre-t-il, rappelant le témoignage d’un ex ambassadeur de France, qui, quittant le Sénégal, le lendemain de son départ en 2012, a dit à la presse : « Il faut reconnaître que Wade, à la tête de l’État, ne s’est pas enrichi et n’a pas enrichi sa famille ».

Pourtant estime-t-il il était on ne peut plus facile pour lui d’enrichir des parents, des affidés, des militants ou responsables par des pratiques qui sont à la portée de tout le monde. Mais, dira-t-il, l’économiste, financier et juriste qu’il est ne l’a pas fait, « parce que nourri à une certaine morale que m’a enseignée mon père et qui remonte à mes aïeux ».

Ceci dit, Wade fait le grand bon et demande qu’une enquête internationale soit menée pour attester de la véracité de ce qu’il avance.

« Je, soussigné, Abdoulaye Wade, ancien président de la République du Sénégal ; pour défendre l’honneur qui s’attache à mon nom, à celui de mes ancêtres souverains dans trois de mes lignées d’ascendance paternelle et maternelle ; pour que ma femme et mes enfants ne soient pas victimes de préjugé répandu en Europe selon lequel un Africain, dès qu’il est correctement habillé, ou pis encore, descend d’une voiture correcte et entre dans un café connu, il est regardé comme quelqu’un qui vient en Europe dépenser avec insolence, l’argent qui a dérobé à ses compatriotes. […] Je demande solennellement aux pays amis du Sénégal, surtout ceux qui lui fournissent une aide pour son développement, de faire des recherches, chacun sur son territoire, et ailleurs, séparément ou ensemble, pour constater que je n’y possède ni immeuble, ni compte en banque garni, ni valeurs mobilières et d’en tenir un rapport circonstancié qui sera rendu public par leur soins », invite l’ancien Président de la République.

Mais s’il en est ainsi, c’est parce que les populations, en Occident, pensent avec juste raison, qu’il est inacceptable que des Africains viennent dépenser les deniers présumés de provenance des impôts et taxes qu’ils paient, transférés vers États africains par leurs Gouvernements sous couvert de l’aide.

« Je veux que mes enfants circulent fièrement en Europe, sans vivre le complexe du fils ou filles d’un Président fraudeur, au surplus receleur, venu en France exhiber avec insolence le produit du vol des bien de ses compatriotes. Au besoin ils montreront les coupures de journaux qui ne manqueront pas, je l’espère, de titrer que leur père fut un Président vertueux », espère-t-il plaçant sa déclaration dans le sceau de l’honneur, « pour ceux qui savent encore ce qu’est l’honneur », égratigne-t-il pour finir.

 

Avec Les Echos 

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