[Tribune] La méthode Sonko ou l’art de la politique autrement par Pape Abdourakhmane Dabo
Alors que les acteurs politiques avaient habitué les Sénégalais à des déclarations creuses et à de vagues promesses, Ousmane Sonko, le candidat de Pastef à la présidentielle de 2019, est en train de bouleverser l’establishment sénégalais, le poussant dans ses derniers retranchements. Dans sa démarche politique cohérente, deux phases se distinguent, la première étant ponctuée de dénonciations graves sur des malversations et la deuxième s’articulant sur des propositions pour un nouveau projet de société.
Dans un pays sérieux, avec un Etat responsable, aucun citoyen n’ose accuser des personnes qui se disent « innocentes » sans avoir maille à partir avec la justice. Tous ces responsables désignés nommés par l’honorable député Ousmane Sonko, n’ont toujours pas réagi. Et, ils sont aussi nombreux que les faits qui leur sont reprochés sont graves. D’une part, il n’y a aucune plainte contre lui, de l’autre, la justice ne lève pas le petit doigt contre les présumés auteurs de malversations.
Innocents, défendez-vous !
Le leader de Pastef, candidat à la présidentielle de 2019 et représentant du peuple sénégalais à l’Assemblée nationale, n’a cessé de révéler des faits qui tombent sous le coup des sanctions prévues par le code pénal, sans qu’il n y ait aucune conséquence judiciaire.
Car, faut-il le rappeler, la première phase de son action politique est essentiellement constituée de dénonciations pour alerter le peuple, sur les manquements graves en matière de bonne gouvernance. Ce qui s’inscrit en droite ligne de sa déclaration concernant l’impérieuse nécessité pour les Sénégalais d’aller vers une prise de conscience. Car selon lui, « Nous n’avons besoin ni de Messie ni de héros, mais d’une masse critique consciente des enjeux de l’heure ».
Son premier livre intitulé Pétrole et Gaz au Sénégal, Chronique d’une spoliation, mettait à nu un ensemble de magouilles orchestrées par le régime en place dès 2012, et au premier chef, le président Macky Sall candidat à sa réélection. Pourtant, malgré la gravité des accusations, personne des dignitaires du régime indexés n’a osé porter l’affaire en justice ni apporter un démenti à la hauteur de la charge.
Leur silence coupable est une confirmation des révélations de détournement, de gabegie que ne cesse de faire Ousmane Sonko.
Nous n’avons pas oublié l’affaire des 10 millions de FCFA à l’Assemblée nationale, et comme d’habitude avec un manque de sérieux notoire, ce ne sont que des démentis verbaux qui nous sont servis; lesquels démentis trop légers à nos yeux nous poussent encore à croire à la véracité de ce projet funeste contre l’intérêt du contribuable sénégalais. Nous avons encore en mémoire, le micmac de Aliou Sall qui a réussi à spolier le Trésor public de plusieurs milliards de FCFA. Enfin, l’affaire du détournement de 94 milliards de FCFA de Mamour Diallo est encore fraîche dans les mémoires. Autant de révélations qui auraient pu valoir à son auteur des poursuites, où du moins qui devaient pousser le procureur à s’autosaisir. On a presque envie de dire : « Innoncents, défendez-vous !»
Solutions pour un nouveau Sénégal
Dans la deuxième phase de son action politique, Ousmane Sonko innove de par l’approche et le contenu. Il soumet au peuple un ouvrage, son livre-vision, où il fait d’abord le diagnostic d’un ensemble de problèmes qui freinent l’épanouissement des Sénégalais et le développement du pays. Ensuite, dans un deuxième temps, il formule à chaque fois des recommandations concrètes, d’où le titre de l’ouvrage « Solutions pour un Sénégal nouveau ».
Il s’agit là d’un signal fort pour une ère politique nouvelle, où il a choisi de faire face à d’éminents économistes et journalistes dans un débat public sans complaisance retransmis en direct.
De toute évidence, le candidat de Pastef à l’élection présidentielle de février 2019, est en entrain de réussir son pari. Car, cette masse critique, dont il appelle de ses vœux, est en train de se constituer autour de lui, adhérant à sa vision d’un Sénégal capable de prendre son destin en main, épousant ses idées et son combat principal visant à faire triompher l’Anti-establishement.
En face de Ousmane Sonko, qui y a-t-il réellement ? Le moins que l’on puisse dire c’est que cela vole très bas. Puisqu’il n’y a que des partisans et responsables du régime qui se trompent de débat, dépassés qu’ils sont par l’invitation à discuter de la bonne gouvernance, des valeurs et d’un projet de société aux objectifs ambitieux.
Ses adversaires n’ont toujours pas compris les préoccupations des populations qui réclament un débat d’idées. Ils s’enferment dans les propos calomnieux, la diffamation, l’insulte et le mensonge.
Par cette attitude, ils donnent raison à Ousmane Sonko aux yeux des populations sans s’en rendre compte. Le régime en place, faute d’arguments, rend plus que possible, ce qui, il y a quelques mois, n’était pas envisageable, à savoir la victoire de Ousmane Sonko et des Patriotes lors de l’élection de février prochain.
Et comme disait Edgar Morin : l’improbable peut arriver.
Nous sommes à un tournant particulier de l’histoire politique du Sénégal. Plus exigeants, les Sénégalais sont entrain de changer de logiciel humain. Ils deviennent, à juste titre, ce citoyen conscient qui n’acceptera plus d’être berné.
Un ami m’avait dit dans un de ses commentaires que c’est la rencontre d’une offre et d’une demande. Il ne s’est pas trompé. Et j’ajouterais qu’il s’agit désormais d’une offre concrète, là où les précédentes étaient chimériques.
Pape Abdourakhmane Dabo
Patriote