Activisme

Axe Dakar-Bamako : des policiers ripoux pris la main dans le sac… indignation de part et d’autre de la frontière

Corruption Policiers ripoux
Des policiers sénégalais et malien

Des policiers sénégalais et maliens ont été filmés en train de prendre des pots-de-vin sur l’axe Bamako-Dakar. Au Sénégal, cette affaire vient rappeler l’affaire dite «Sokhna Bousso Gaye», du nom de la dame qui avait filmé, avec son téléphone portable, un policier ripou en train de se faire corrompre. Mais également la nécessité de lutter contre de tels comportements de nos forces de l’ordre.

Yohann, un Observateur de l’émission «Les Observateurs» de France24 a voyagé de Bamako , la capitale malienne, à Dakar , la capitale du Sénégal, avant de faire le même trajet dans l’autre sens, il y a un mois environ.

Régulièrement contraint de verser des pots-de-vin aux forces de l’ordre sur la route, notamment aux frontières, lors de ses déplacements dans la zone, il a décidé de les filmer en caméra cachée.

Yohann, a les nationalités malienne et burkinabè. Le mois passé, il a quitté Bamako en bus et s’est rendu à Dakar , pour récupérer un véhicule qu’il voulait rapporter au Mali.

Il filme alors une première vidéo, où l’on voit un policier assis, avec des passeports étalés sur son bureau, et un autre policier debout, avec d’autres passeports dans la main. Ce dernier appelle successivement les voyageurs pour leur rendre leurs papiers. Au bout d’une minute, on voit clairement quelqu’un lui donner un billet de 1000 francs Cfa, en échange de la restitution de ses documents de voyage.

«Ce n’est pas la première fois que je fais ce déplacement et que je suis contraint de verser des pots-de-vin au cours du trajet, donc je me suis dit que cette fois, j’allais filmer. J’avais donc installé une application sur mon téléphone, Secret Video Recorder, qui permet de filmer même quand il est verrouillé. Je l’ai ensuite mis dans la poche de ma chemise et c’est ainsi que j’ai filmé», marque-t-il ainsi son indignation face à un mal pour lequel les gouvernants sénégalais et de certains pays africains semblent manifester un manque de volonté politique pour l’éradiquer.

Dans son récit, l’Observateur dit avoir quitté Bamako , traversé la frontière au niveau de Kidira où il a été contraint de verser 1000 francs Cfa à des policiers sénégalais. Cette scène décrite par le «cyberactiviste» s’illustre par la vidéo publiée par le site internet de la chaine française.

«Ils nous ont fait rentrer dans une pièce, où nous étions une dizaine de voyageurs. Ils ont réclamé 1000 francs Cfa à tous les étrangers [les non-Sénégalais, Ndlr], même s’ils avaient leurs papiers en règle, sans donner aucune explication valable. Les Sénégalais, eux, n’ont rien payé : ils ont simplement récupéré leurs papiers, après avoir été contrôlés», renchérit-il.

Au delà de l’aspect corruption, le fait que ces policiers réclament 1000 francs Cfa aux «non-Sénégalais» viole purement et simplement le principe de libre-circulation qui régit la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), puisque les ressortissants de ses États membres peuvent théoriquement voyager librement au sein de cet espace tant qu’ils possèdent «un document de voyage et des certificats internationaux de vaccination en cours de validité».

« C’est au Mali que c’est pire»

Arrivé à Dakar, l’Observateur a récupéré un véhicule au port, avec lequel il est retourné au Mali. Il n’a rien payé en traversant la frontière, mais il a dû reverser des pots-de-vin (10.000 F Cfa) en arrivant dans la localité de Kati située à une quinzaine de kilomètres de Bamako, cette fois à des douaniers maliens. Yohann a donc filmé une autre vidéo à cet endroit, où l’on voit deux douaniers. L’un d’eux a deux billets de 10.000 francs Cfa dans la main, tandis qu’il examine des papiers.

« Ces abus ont lieu à d’autres endroits, bien sûr. Par exemple, j’ai déjà dû payer 1000 francs Cfa à la frontière nigérienne. Au Ghana, j’ai déjà dû payer une fois aussi, même s’il existe très peu d’abus dans ce pays. Au Burkina Faso, je n’ai jamais rien payé, car j’ai la nationalité burkinabè. Mais une fois, j’ai demandé à un policier burkinabè pourquoi ils prenaient de l’argent aux étrangers : il m’a répondu que cette pratique était née au Mali, et qu’ils avaient donc commencé à faire la même chose», témoigne-t-il indiquant avoir l’impression que c’est au Mali que c’est pire.

À la publication de ces vidéos, on s’est indignation profondément de part et d’autre de la frontière. « Très honteux et je confirme pour le Mali, Burkina et Sénégal pour avoir voyagé dans ces pays par route… », note le Malien Fadiama Yossi.

Pour le Sénégalais Aboubacar Sidiki, il s’agit de dégager des piste pour lutter contre ces pratiques.  « Les institutions de la communauté qui doivent y mettre un terme par des mesures infra-étatiques. Il y a des voies de recours contre les Etats défaillants en matière d’inobservation des règles qui découlent des textes communautaires. La raison selon laquelle le mauvais comportement de l’Etat malien en terme d’irrespect du principe de la liberté de circulation, a amené aussi les autres à se livrer à de mauvaise pratique, est un prétexte insoutenable d’autant plus que ces Etats disposent des moyens légaux pour faire respecter les normes communautaires par l’Etat malien au lieu de faire cas de mauvaise école ».

 

 

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