À moins de 4 mois de la présidentielle : les autorités cherchent à museler le mouvement citoyen Y en a marre
Au Sénégal, des responsables d’ONG partenaires de mouvement Y en a marre ont été convoqués par les autorités sénégalaises. Dans une note d’information parvenue à KOACI.COM, le mouvement citoyen dénonce des mesures d’intimidation visant à le faire disparaître.
Dans une note d’information diffusée le 14 novembre, le mouvement Y en a marre affirme que l’ONG Oxfam , avec qui il a noué un partenariat en 2013, aujourd’hui terminé, a reçu une « mise en demeure du ministère sénégalais de l’Intérieur » l’exhortant à mettre fin à leur collaboration, sous peine de perdre son accord de siège, autrement dit son statut au Sénégal.
Et d’ajouter que la même procédure aurait été appliquée à l’encontre de Lead Afrique Francophone, gestionnaire administratif et financier de Y’en a marre, dont le responsable financier a été convoqué par la police, comme de l’organisation ouest-africaine Open Society Initiative for West Africa ( Osiwa ), une ONG financée par le milliardaire George Soros .
Les trois organisations ont en commun d’être des partenaires de Y’en a marre, dont l’activiste Fadel Barro est l’une des figures de proue. Un mouvement citoyen créé en 2011 dans le sillage de vives contestations sociales, avant qu’il ne s’oppose à la volonté d’Abdoulaye Wade de briguer un troisième mandat.
Selon les informations, il s’agit d’une convocation écrite n’affichant aucun motif, mais dont « les questions d’ordre général ont tourné autour des financements de bailleurs tiers »
Interrogée, Ayisha Osori , directrice exécutive d’ Osiwa , témoigne de la convocation de sa direction financière et administrative par les autorités, mardi 13 novembre, mais dément toute menace de perte d’agrément.
« On ne nous a pas demandé de cesser nos collaborations avec Y’en a marre, cela fait d’ailleurs quelques années que nous n’avons plus de projet en cours avec eux », dit-il. Et de préciser qu’ils ne se sentent pas particulièrement visés.
L’information a également été commentée par des leaders de l’opposition.
« J’apprends avec indignation la convocation par la police nationale, aux ordres du régime du chef de l’État sortant Macky Sall , des organisations non gouvernementales Osiwa, Oxfam et Lead Afrique Francophone, au motif qu’ils sont les bailleurs de fonds du mouvement Y en a marre . C’est encore là une balafre infligée à la liberté associative et à la liberté d’expression, de même qu’au droit des associations de rechercher des soutiens d’où qu’ils proviennent, pour peu qu’ils soient transparents et d’origine licite et qu’ils ne s’agissent pas de financements occultes ou mafieux. », s’est indigné l’ancien ministre et candidat à la présidentielle Moustapha Guirassy , qui qualifie l’attitude du Chef de l’État de « une volte face tragi-comique » avant d’étayer sa prise de position par des exemples.
« Le même Macky Sall , en 2012, avant qu’il n’ait l’honneur d’être élu Président de la République, déclarait ceci sur les plateaux d’une télévision de la place : » Y en a marre est l’expression d’un mouvement d’amplitude de la jeunesse. Ils ne sont pas subversifs. Ces jeunes travaillent sur l’éthique, qui est l’exigence de la majorité de la population « », rappelle Moustapha Guirassy .
Depuis quelques mois, le mouvement Y en a marre mène une campagne dénommée « Pareel » qui signifie « soit prêt » qui est un programme pour sensibiliser les citoyens sénégalais de retirer leurs cartes électeurs avant les élections présidentielles de 2019.