Le banquier SOW : un « mackyeur » de chiffres peu crédible (Par Modou Gueye Seck)
Nous avons analysé la sortie du banquier SOW contre le Président Sonko et voici notre réponse en 7 points.
1- « Secteur primaire dynamique » : M. SOW semble foncièrement méconnaitre la différence entre la croissance (ou dynamisme) d’un secteur et la contribution dudit secteur à la croissance de l’économie. Si le secteur primaire a un taux de croissance de 7,6%, il n’en demeure pas moins que « le secteur des services (tertiaire donc) constitue le secteur le plus dynamique avec une contribution au PIB de plus de 60% » selon le directeur de cabinet du ministre du commerce lui-même. Mais M. SOW, du haut de sa grandeur, nous dit que l’économie sénégalaise n’est pas tertiarisée.
2- « La croissance de 7% est principalement tirée de l’agriculture… » : selon le rapport 2017 de la Direction de la planification, « une décomposition sectorielle de la valeur ajoutée montre que les services constituent toujours le secteur le plus dynamique avec une contribution de 5,6% ». Peut-être que monsieur SOW devrait jeter un coup d’œil au dictionnaire pour revoir la signification de « principalement ».
3- « Jamais le secteur industriel n’a connu une telle performance… » selon notre ami le banquier. Ce que M. le « mackyeur » ignore c’est que selon l’ANSD, la contribution sectorielle du secteur à la productivité représente 1,4% sur la période 2014-2017. Oui, 1,4% est la « performance exceptionnelle » vantée par « l’expert en finances ». Je ne sais pas s’il faut en rire ou en pleurer.
4- « Le Sénégal occupe la 162éme place en 2018 au classement des pays par l’IDH» : non M. SOW le Sénégal occupe exactement la 164éme place sur…189, selon le rapport 2018 du PNUD. Le Sénégal est donc bel et bien le 25éme pays le plus pauvre au monde, devancé par des pays comme la Mauritanie, le Bénin et l’Ouganda.
5- M. SOW reconnait un « taux de pauvreté de 47% » mais veut minimiser avec « 30% des ménages les plus pauvres couverts par un système de filets sociaux qui est l’un des meilleurs d’Afrique ». Décidemment ! M. SOW considère donc que la CMU et les bourses de sécurité sociale, les deux bébés surcotés du « mackis », constituent « un système » alors que ça vaut rien comparé à des pays comme le Botswana, le Lesotho ou encore la Namibie : je ne parle même pas de l’Afrique du Sud. Chauvinisme malsain quand tu nous tiens !
6- Le bilan de la cellule d’analyse économique et sociale de la primature informe que « l’encours de la dette publique est de 59,5% ». Si M. SOW nous dit que « le vrai débat est l’utilisation de la dette », pourquoi ne pas reconnaitre, comme la direction de la planification, que « les investissements publics (principaux justificatifs de cet endettement) sont mal orientés et peu productifs » ? Non, il préfère plutôt le larbinisme qui projette des chiffres flatteurs comme pour plaire au roi, distributeur automatique de billets.
7- Pour terminer, « l’expert en financement des infrastructures et en Commerce » fait une corrélation entre la « une révolution culturelle » et l’industrialisation mais semble se perdre dans son raisonnement en finissant par revenir aux « PROJECTIONS » de la banque mondiale pour le secteur secondaire. C’est cela qui est léger comme critique de la politique industrielle proposée par le leader de Pastef dans son livre-vision que je suggère vivement à notre ami de lire. Cela lui éviterait les à priori et tergiversations indignes d’un étudiant en licence d’économie.
En définitive ce que M. SOW semble ignorer (volontairement ?) c’est que depuis 1987, le taux de croissance du PIB/habitant n’a pas dépassé 0,6% et que ça c’est ce que VIVENT LES SENEGALAIS. Dans un pays où le revenu par tête n’atteint pas 2 USD, nous parler d’émergence est une insulte à notre intelligence et une preuve de malhonnêteté intellectuelle sans commune mesure. Et ce n’est certainement pas cela le patriotisme qui sortira le Sénégal de la pauvreté. Ressaisissez-vous, monsieur !