Groupe consultatif de Paris : Macky Sall obtient 14 milliards dollars et jubile, l’opposition minimise et alerte
Alors qu’il espérait 2 850 milliards de F CFA (4,9 milliards de dollars) des bailleurs institutionnels pour financer la phase 2 du Plan Sénégal émergent ( PSE ) pour la période 2019-2023, à Paris, Macky Sall a finalement obtenu des engagements pour 14 milliards de dollars. Mais l’opposition et certains Sénégalais lambda sont septiques.
La première journée du groupe consultatif de Paris, lundi, a été consacrée à la coopération internationale bilatérale et multilatérale. Des progrès significatifs ont été notés grâce à l’engagement des partenaires. En effet, le Sénégal qui recherchait une enveloppe de 2.850 milliards a finalement récolté plus de 7.300 milliards de F CFA.
Une performance que n’a pas manqué de saluer le président de la République Macky Sall , qui se réjouit de cette manne financière.
Ainsi, il indique que le pays compte utiliser toutes les ressources mobilisées auprès des partenaires techniques et financiers pour conduire des réformes pertinentes dans ce programme d’actions prioritaires qui constitue la deuxième phase du plan Sénégal émergent et qui sera consacrée à la santé, à l’employabilité des jeunes et au cadre de vie entre autres domaines.
«Pour un besoin de financement exprimé de 2850 milliards de francs Cfa, avant même la séance de pledging prévu à cet effet, les partenaires au développement, satisfaits par les réalisations de la première phase, ont commencé les engagements de financement. Les engagements de financement annoncés au cours de la journée, compte non tenu de conventions de financement signées en marge de la cérémonie, s’élèvent à 14 milliards de dollars, soit plus de 7356 milliards de francs Cfa», lit-on dans le communiqué sanctionnant la rencontre et dont une copie est parvenue KOACI.COM.
Plus loin, le document rapporte que la partie sénégalaise se réjouit d’un tel succès. «Au regard de cette mobilisation et des engagements, cette huitième édition du Groupe consultatif a été considérée comme un succès jamais égalé», dit-elle.
Mais pour l’opposition, ce succès du Sénégal, s’inscrit dans la dynamique de réussite de notre pays aux rendez-vous précédents avec ses partenaires techniques et financiers. Et qu’il faut le mettre sur le compte de la crédibilité de sa signature qui est garantie.
C’est la réaction de l’économiste et membre du parti Rewmi Mansour Samb . Interrogé par nos confrères de Les Échos, l’opposant et économiste a fait savoir que pour qui le plus important n’est pas de trouver des milliards, mais de faire en sorte que cet argent reste au Sénégal, en favorisant une croissance inclusive.
Il en veut pour preuve les réussites des précédents groupes de consultation. «Le Sénégal double le gap tous les quatre ans. Et on mobilise toujours le double du montant attendu», dit-il.
Il rappelle qu’en son temps, Idrissa Seck était allé à Paris, chercher 380 milliards et en a obtenu plus de 840. Idem pour Hadjibou Soumaré qui, sur une attente de base de 1000 milliards, en a eu finalement 2700. Amadou Ba, lors de son premier groupe consultatif, escomptait 1800 milliards et est revenu avec plus de 3800 milliards».
Poursuivant, il ajoute que le problème n’est pas de trouver de l’argent, mais de savoir bien s’en servir. «Ce qui est important, ce n’est pas de trouver de l’argent, mais ce qu’on en fait après. Si on obtient par exemple 5000 milliards, est-ce que les gens sentent cela ? Est-ce que l’État s’endette pour que les Sénégalais gagnent de l’argent ou pour que les entreprises étrangères gagnent de l’argent ?», questionne-t-il. Pour lui, la réponse coule de source.
«L’État finance ses projets avec l’endettement, Or ce sont les entreprises étrangères qui gagnent les marchés, les Chinois, les Français… Si l’État s’endette et que l’argent est capté ensuite par les entreprises étrangères qui rapatrient leurs bénéfices dans leurs pays, ce n’est pas intéressant. Cela ne permet pas de créer une croissance inclusive», note le rewmiste.