Diplomatie

2018, âge d’or de la diplomatie sénégalaise ? Pourquoi Dakar est courtisé par les grands de ce monde

Macky Sall et Angela Merkel
Macky Sall et Angela Merkel

Dakar, porte d’entrée de l’Afrique ? Ce n’est pas qu’une simple clause de style. Durant cette année 2018, la capitale sénégalaise a accueilli des hommes d’Etat qui font partie des plus puissants de ce monde. Ils ont, pour la plupart, débuté leurs périples africains en foulant le tarmac de l’aéroport international Blaise Diagne. Si à première vue le fait est expliqué par la découverte d’importantes ressources naturelles sous nos cieux, là où Pékin a été le plus grand importateur de pétrole au monde en 2017, des hommes de l’art croient savoir que des enjeux sécuritaires, sur fond de nouvelle guerre froide et de montée du péril terroriste, attirent les grandes puissances chez Macky Sall. D’autant plus qu’il est prêté aux USA de vouloir ériger une « route stratégique » entre le Sénégal et Djibouti, pays où l’Amérique compte des bases militaires.

Début février 2018, le chef de l’Etat français Emmanuel Macron a séjourné au Sénégal. Ainsi, les deux pays ont signé plusieurs accords bilatéraux dans les domaines de l’enseignement (création du Campus franco-sénégalais à Diamniadio et coopération en matière de volontariat international) ; de l’eau (convention de financement d’un montant de 26 milliards F Cfa pour un appui budgétaire sous forme de don au secteur de l’eau et de l’assainissement) ; de l’énergie ( protocole financier pour la fourniture d’énergie et installation de 50.000 lampadaires solaires) et de l’aéronautique (commande ferme portant sur l’acquisition de deux A330 neo entre Airbus et Air Sénégal). En outre, l’Agence française de développement (Afd) a contribué à plus de 200 milliards de francs Cfa au financement du Train Express Régional d’un coût total de 568 milliards de F Cfa (selon des chiffres officiels).

Rappelons, sur ce registre toujours, que le chef d’Etat sénégalais a rencontré à Paris son homologue français le 20 avril 2018 avant de retrouver ce dernier au 31e sommet de l’Union africaine de Nouakchott tenu quelques mois plus tard, en juillet précisément.

Du 28 février au 02 mars 2018, Macky Sall a reçu Recep Tayyip Erdogan, l’ex-premier ministre turc (devenu président de la République à la suite de la nouvelle réforme constitutionnelle). Il est, pour la petite histoire, le premier chef d’Etat d’un pays étranger à fouler le tarmac du nouvel aéroport international Blaise Diagne de Diass.

Cette visite revêt un cachet symbolique, puisque le chantier de cet aéroport a été finalisé par un consortium d’entreprises turques (Summa-Limak). Cela, dans un contexte où on assiste à un accroissement, sans précédent, du volume des échanges entre les deux pays. Embellie constatée, conjointement, le 21 décembre 2017, par le ministre turc de l’Economie, Nihat Zeybecki, et son homologue, Alioune Sarr, à la faveur de l’édition de l’an passé de la FIDAK.

L’homme fort de Dakar a taillé bavette avec Poutine (tsar de la Russie du géant GAZPROM), en marge de la présente édition de la Coupe du monde.

Le samedi 21 juillet 2018, le président de la République populaire de Chine Xi Jinping a été reçu dans la capitale sénégalaise. L’empire du Milieu, pour mémoire, a contribué à l’érection d’infrastructures comme le Grand Théâtre, le Musée des civilisations noires, l’Autoroute Ilaa Touba, l’Arène nationale…

Fin août 2018, la chancelière allemande Angela Merkel a entamé à Dakar son périple africain.
Au cours de cette année, le chef de la diplomatie sénégalaise Me Sidiki Kaba a visité Jérusalem, suscitant une vive polémique compte tenu de ce que représente cette ville dans l’échiquier moyen-oriental et du fait que Dakar préside, depuis 1975, aux destinées du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du Peuple palestinien.
Il ne resterait que la venue de Donald Trump (Bill Clinton et George Bush-fils ont visité Dakar au cours de leurs mandats entre 1998 et 2003), même si les Etats-Unis et le Sénégal viennent de signer un nouveau Compact du Millenium Challenge Corporation de 600 millions de dollars pour l’énergie.

De nombreux analystes relient ce regain d’intérêt que suscite la capitale sénégalaise à la découverte d’importantes ressources pétrogazières.

Pékin est le plus grand importateur de pétrole au monde en 2017. Les experts prévoient une augmentation marginale en 2018. La dépendance de la Chine à l’égard des importations de brut en 2017 représentait 67,4 % de sa demande. En 2018, le volume net de ses importations de brut devrait être de 423 millions de tonnes, soit 6,7 % de plus qu’en 2017.

Cependant, le géopoliticien Luc Michel révèle qu’Américains, Russes et Chinois sont les protagonistes d’une « nouvelle guerre froide » entre Djibouti, qui abrite jusqu’ici la principale base militaire américaine en Afrique, et Dakar. A l’en croire, le souhait du pays de l’Oncle Sam est de « relier ces deux bases par une route stratégique ». « La géopolitique actuelle ne permet plus à un Etat de se lier uniquement à un autre Etat.( …) C’est la réelle course entre puissances qui a repris en Afrique. Vous voyez arriver les Occidentaux, vous voyez arriver les Russes, vous voyez arriver les Chinois. Ce n’est pas lié au Sénégal proprement dit. Le Sénégal est l’une des portes d’entrée de l’Occident en Afrique. C’est un pays qui a des liens très importants avec l’Africom. C’est l’aboutissement de la diagonale Djibouti-Dakar, qui est l’aboutissement du grand projet sécuritaire américain. Les Américains veulent installer la frontière de l’Eurasie, en fait, sur le Sahel », a expliqué M. Michel, interrogé par Press Tv il y a quelques jours.

Même au plan sous-régional, Dakar marque des points avec le réchauffement ressenti dans les relations entre Macky Sall et Mouhamed Ould Abdel Aziz de la Mauritanie. Ce dernier, tout comme Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire, a assisté au congrès d’investiture du leader de l’Alliance pour la République le 1er décembre passé.

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