Axe Dakar-Washington : les États-Unis entrent de plain pied dans le pétrole et le gaz sénégalais
Grâce à BP, qui avait obtenu des contrats d’exploitation, les entreprises américaines McDermott International et Baker Hughes sont elles aussi entrées de plain pied dans les ressources naturelles de notre pays, notamment le gaz naturel. En effet, ces deux dernières firmes ont obtenu des contrats de services portant sur des équipements pour la fourniture et la pose de conduites, ombilicaux et structures sousmarines (SURF) ainsi que des équipements pour système de production sous-marins (SPS). Elles sont précédées par Kosmos Energy, une autre entreprise junior américaine…
Face à nos confrères du site d’informations PressAfrik au mois de juillet dernier, l’ambassadeur des États-Unis à Dakar, S.E Tulinabo Salama Mishungi, interrogé sur le « silence » des firmes américaines dans l’exploitation du pétrole et du sénégalais, avait d’abord tenu à souligner que Kosmos (Energy), qui a travaillé sur le site où a été découvert du gaz, est une entreprise américaine. S. E Tulinabo Mishungi précisait que son travail réside aussi dans le fait de donner aux entreprises privées américaines des informations sur le marché sénégalais afin de les intéresser à la possibilité de venir investir au pays de la Téranga.
« Mon travail, sur le plan commercial, c’est de faire en sorte que les compagnies américaines soient informées de ce qu’il y a ici au Sénégal. Et que les compagnies américaines qui le veulent, puissent compter sur l’ambassade afin de les aider à mieux pénétrer le marché. On fait en sorte aussi que les compagnies américaines soient capables de compétir au même pied d’égalité que les autres compagnies du monde. Notre travail, donc, c’est aussi d’informer les compagnies américaines des opportunités que le marché sénégalais offre », déclarait-il. Pour terminer, il disait espérer que « les compagnies américaines puissent s’assoir à table, postuler et avoir l’opportunité de postuler au même pied d’égalité que d’autres compagnies des autres pays » pour ce qui s’agit du pétrole et gaz Sénégalais.
Deux autres entreprises américaines rejoignent Kosmos Energy
Huit mois plus tard, deux autres entreprises américaines rejoignent leur compatriote Kosmos Energy qui, elle, a obtenu un permis d’exploitation, de développement et de commercialisation du pétrole et du gaz grâce à BP. La première firme à avoir réussi à entrer de plain pied dans le gaz sénégalo-mauritanien est McDermott International qui est une multinationale américaine spécialisée dans l’ingénierie, l’approvisionnement, la construction et l’installation. Elle exerce ses activités dans les Amériques, au Moyen-Orient, dans la mer Caspienne et la bordure du Pacifique. L’autre est Baker Hughes qui est une entreprise parapétrolière américaine basée à Houston.
Elle est spécialisée notamment dans les forages horizontaux et les produits chimiques nécessaires à la facturation hydraulique. À souligner aussi qu’en novembre2014, Halliburton avait annoncé l’acquisition de Baker Hughes pour 35 milliards de dollars. En mai 2016, la fusion entre Halliburton et Baker Hughes a été définitivement annulée en liaison avec les avis des autorités de la concurrence américaine et européennes. En octobre 2016, General Electric annonce la fusion de son activité spécialisée dans les équipements parapétroliers avec Baker Hughes. Créant une nouvelle entité, avec un chiffre d’affaires de 32 milliards de dollars, reprenant le nom de Baker Hughes mais détenue à 62,5 % par General Electric, le restant étant pour les actionnaires initiaux de Baker Hughes. En contrepartie, General Electric avait versé 7,4 milliards de dollars aux actionnaires de Baker
Hughes.
Aldjouma Seck, spécialiste en géopolitique pétrolière : « Cet intérêt des entreprises américaines pour le pétrole et le gaz sénégalais est mû par la volonté de vouloir trouver d’autres sources alternatives d’approvisionnement »
Selon Aldjouma Seck, spécialiste en géopolitique pétrolière et gazière et enseignant à l’Institut de formation professionnelle en management de la distribution du pétrole et du gaz Perform, à chaque fois que les États-Unis s’intéressent à de nouveaux pays pétroliers, c’est pour trouver des sources d’approvisionnement alternatives. Il rappelle que le MoyenOrient est le robinet du monde en matière d’hydrocarbures. Une zone toutefois instable du point de vue politique. Et se baser uniquement sur le Moyen-Orient pour assurer une couverture de ses besoins pétroliers ou gaziers serait, selon l’enseignant à l’Institut de formation professionnelle en management de la distribution du pétrole et du gaz Perform, un risque politique et économique pour les ÉtatsUnis. Ainsi, l’enjeu pour les États-Unis c’est, selon Aldjouma Seck, de trouver d’autres sources d’approvisionnement plus sûres et plus stables.
« De ce fait, quel que soit l’endroit où le pétrole est découvert, dans la mesure où ce n’est pas au Moyen-Orient, cela intéresse les États-Unis. La question de la taille des hydrocarbures est très mouvante. Au début, cela peut ne pas jouer. Dès qu’il y a des traces d’hydrocarbures, on estime qu’il peut y en avoir beaucoup même si les premières découvertes sont très insignifiantes. L’avancée technologique fait que, même si vous avez aujourd’hui des quantités insignifiantes, vous pouvez demain avoir des quantités signifiantes. À l’instant où nous sommes, nous n’avons que Kosmos Energy qui est une junior dans le secteur ainsi que ces deux entreprises de services notamment McDermott International et Baker Hughes. Cet intérêt des entreprises américaines pour notre pétrole et notre gaz est mû par une volonté de vouloir trouver d’autres sources alternatives d’approvisionnement », soutient en conclusion l’expert en géopolitique pétrolière et gazière Aldjouma Seck…
Le Témoin