Lamine diack bientôt édifié sur son sort: le juge boucle son instruction, sans entendre Massata Diack, placé au cœur du dossier
Vers un non-lieu ou un renvoi devant le tribunal. C’est l’alternative pour Lamine Diack et Cie, soupçonnés de corruption dans la cadre du dossier de dopage d’athlètes russes, à la Fédération internationale d’athlétisme amateur (Iaaf). En effet, je juge en charge du dossier a terminé l’instruction depuis le mois de février dernier et l’a notifié aux différentes parties. Cela, avec sans doute un goût d’inachevé, car il n’a pu entendre Massata Diack, personnage central de cette affaire, objet de mandat d’arrêt international et de commission rogatoire de la France, mais qui a échappé jusque-là à la justice française.
Les choses bougent pour Lamine Diack et Cie. En effet, le juge Renaud Van Ruymbeke, à la tête d’un collège de 3 juges en charge du dossier de corruption à la Fédération internationale (Iaaf), a terminé l’instruction depuis le mois de février. Une fin d’instruction qu’il a déjà notifiée au différentes parties impliquées dans cette affaire, dont notre compatriote Lamine Diack, ancien président de l’Iaaf. Lui, ainsi que son conseiller, l’avocat Habib Cissé, de même que Gabriel Dollée, responsable de l’antidopage, ont tous trois été mis en examen pour corruption passive. Le parquet financier français qui a ouvert l’enquête les soupçonne de corruption.
Concrètement, la justice française leur reproche d’avoir sciemment retardé des procédures de contrôle antidopage, ouvertes contre des athlètes russes. En contrepartie, ils auraient reçu de fortes sommes d’argent et des contrats de diffusion et de sponsoring, pour les Jo de Londres 2012 et les Mondiaux d’athlétisme à Moscou en 2013. En outre, pour compléter le tableau des mis en cause, le juge français a lancé de nouveaux mandats internationaux à l’encontre de Valentin Balakhnichev, ex-président de la Fédération russe d’athlétisme (Araf) et ancien trésorier de l’Iaaf, et d’Alexeï Melnikov, qui fut l’entraîneur en chef des courses de fond à la Fédération russe d’athlétisme.
Le gouvernement sénégalais refuse de livrer Massata Diack à la justice française
Pour Lamine Diack, c’est encore plus compliqué, car, en plus de sa mise en examen et son assignation à résidence à Paris (novembre 2015), l’ex-homme fort de l’athlétisme mondial est, depuis le 26 juin 2018, sous le coup d’une seconde mise en examen, dans un autre aspect de l’affaire et pour «abus de confiance». Le parquet financier de Paris le soupçonne d’avoir permis, «du fait de ses fonctions», à son fils Papa Massata Diack «de s’approprier des recettes de l’Iaaf provenant de sponsors», comme la banque d’Etat russe VTB, Samsung, Sinopec (société chinoise), Abu Dhabi Corporation, CCTV (télé chinoise).
Plus chanceux que son père, Pape Massata Diack, placé au cœur du dossier par l’enquête et contre qui un mandat d’arrêt international de la France a été lancé (2017), est cependant libre comme l’air au Sénégal où il se trouve depuis l’éclatement de cette affaire. Malgré la commission rogatoire dont il a fait l’objet, dans le cadre de l’entraide judiciaire, la justice française n’a rien pu faire contre lui.
La justice sénégalaise, qui a initié une procédure et entendu Diack-fils, en est resté là depuis lors. Ce qui n’est guère surprenant, car les plus haute autorités du pays (le Premier ministre) ont clairement fait savoir qu’ils n’allaient pas livrer un fils du pays à un pays tiers, fut-il la France. Dès lors, c’est sans doute las d’attendre une audition et une éventuelle mis en examen de Massata, qui n’auraient très probablement jamais lieu, que le juge Van Ruymbeke a décidé de boucler son dossier.
Vers un non-lieu ou un renvoi devant le tribunal pour Lamine Diack et Cie
Le dossier étant bouclé, Lamine Diack et Cie ont un peu plus de deux mois pour réagir, en sollicitant, par exemple, des mesures d’instruction complémentaires. Ensuite, le parquet va examiner le dossier. Examen à l’issue duquel il décidera, pour chacun des parties mises en examen, de décerner un non-lieu ou faire un renvoi devant un tribunal.