Interview

Grave révélations d’un homosexuel français : « de grandes personnalités sénégalaises ont… »

militant homosexuel Jean Luc Romero
Jean Luc Romero

Luc Romero est un élu du conseil régional d’Île-de-France et du 12e arrondissement de Paris. Il est le président de plusieurs associations œuvrant sur la lutte contre le sida et les droits humains. Cet homosexuel souffrant du Virus Sida a initié une pétition pour obtenir la grâce présidentielle aux 7 homosexuels de Guédiawaye condamnés à 6 mois de prison. Dans cet entretien il a confié à KOACI qu’il a été récemment à Dakar où il a eu des rencontres avec de grandes personnalité qui œuvrent pour faire libérer les gays en prison aux Sénégal.

Entretien.

1- Dans un article publié sur huffingtonpost.fr, vous parlez d’une pétition que vous avez initié pour faire libérer les 7 Homosexuels condamné au Sénégal. Où en êtes-vous avec la pétition ?

La pétition a reçu un très bon accueil, près de 15.000 personnes l’ont déjà signé et ça continue ! Je crois vraiment que c’est quelque chose qui peut attirer l’attention du Président du Sénégal pour gracier ces 7 personnes. Elles n’ont ni tuer, ni voler, ni fait de mal à personne, n’est-ce-pas ?

2- En quelle qualité initiez-vous cette requête ?

Tout simplement en ma qualité de militant. Mais je souhaite de suite préciser quelque chose : il ne s’agit pas d’une pétition que j’ai lancée de manière isolée, il s’agit d’une pétition lancée avec le soutien d’acteurs sénégalais. C’est important de le dire.

3- Êtes-vous un homosexuel ?

Oui, je suis homosexuel comme je vous l’ai dit. Je suis aussi un militant, un président d’associations, un citoyen, un fils, un mari. Je suis tout cela, pas seulement homosexuel. Pour être franc, je ne comprends pas très bien la portée de votre question sur le dossier de fond sur lequel vous m’interrogez : faut-il être noir pour lutter contre le racisme ? Etre en fauteuil roulant pour travailler sur le handicap ? Je ne le pense pas et je pense que vous et vos lecteurs serez d’accord avec moi.

4-Vous dites aussi que vous avez été au Sénégal et vous avez rencontré, « comme à chaque fois, les activistes des droits LGBT » qu’en est il exactement de cette rencontre ?

Dans toutes les missions que j’effectue, que ce soit au Sénégal ou dans d’autres pays, je vais à chaque fois rencontrer les militants. Cela me permet d’avoir une vision plus juste des choses, cela me permet d’échanger, de créer des liens, d’envisager des projets en commun. C’était le cas pour cette mission au Sénégal.

5- Quelles sont les personnes qui y ont pris part ?

Simplement, les responsables des associations de défense des droits LGBT, mais j’ai aussi et surtout rencontré les acteurs sénégalais de la lutte contre le VIH/sida. La région Île-de-France dont je suis élu, a aidé au financement du centre de traitement ambulatoire.

6- Y avait-il de grandes personnalités sénégalaises ? Lesquelles ?

De grandes personnalités ? Tout dépend ce que vous entendez par grandes. J’ai en effet, comme je vous le disais, rencontrer des personnes engagées, militantes et qui ont envie de faire évoluer la société sénégalaise dans le sens d’un plus grand respect des droits humains. Pour moi, cela fait de ces personnes de grandes personnalités.

7 -Le Sénégal est un pays constitué à 99% de croyants donc contre l’homosexualité avait vous prit en compte cet aspect socioculturel ?

Je comprends bien votre question et je vous le dis sincèrement, il ne s’agit pas là de juger le Sénégal, les Sénégalais ou de heurter les sensibilités. Je ne suis pas un donneur de leçons et j’aime profondément votre pays et votre peuple. Pensez-vous qu’en France, la situation soit idéale ? Assurément non. Je peux vous dire que je reçois tous les jours des menaces de morts sur les réseaux sociaux : on déclare vouloir me tuer parce que j’aime un autre homme et ça, cela mériterait la mort ! Je reviens sur le Sénégal : je ne pense pas que les questions religieuses doivent être un obstacle au respect des droits humains et je tiens tout de même à rappeler que le Sénégal a ratifié les conventions onusiennes de 1966 : cela oblige le pays au respect des droits humains. Cela fait tout de même presque 40 ans que l’état sénégalais a décidé de ratifier ces conventions !

8- Si vous réussissiez à atteindre le nombre de signatures souhaité, ce sera quoi la prochaine étape de votre lutte ?

Mon but est bien sûr d’obtenir la grâce présidentielle pour ces 7 personnes et le moyen est de mobiliser le nombre le plus élevé de citoyens via cette pétition. Je n’ai pas d’autre but. Maintenant, je le dis et je le ferai, je serai toujours en soutien des mouvements sénégalais de défense des droits humains : je pense essentiel que le Sénégal se pose la question de la dépénalisation de l’homosexualité car on le sait tous, arrêtons l’hypocrisie, l’article 319 du Code pénal, vise bien les homosexuels.

Voici ce que dit l’article 319 ( Tout attentat à la pudeur consommé ou tenté sans violence sur la personne d’un enfant de l’un ou de l’autre sexe âgé de moins de treize ans, sera puni d’un emprisonnement de deux à cinq ans. Sera puni du maximum de la peine, l’attentat à la pudeur commis partout ascendant ou toute personne ayant autorité sur la victime mineure, même âgée de plus de treize ans. (Loi n° 66-16 du 1er février 1966) Sans préjudice des peines plus graves prévues par les alinéas qui précédent ou par les articles 320 et 321 du présent Code, sera puni d’un emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de 100.000 à 1.500.000 francs, quiconque aura commis un acte impudique ou contre nature avec un individu de son sexe. Si l’acte a été commis avec un mineur de 21 ans, le maximum de la peine sera toujours prononcé.

Article 319 bis (loi n° 99-05 du 29 janvier 1999) Le fait de harceler autrui en usant d’ordres, de gestes, de menaces, de paroles, d’écrits ou de contraintes dans le but d’obtenir des faveurs de nature sexuelle, par une personne abusant de l’autorité que lui confèrent ses fonctions sera puni d’un emprisonnement de six mois à trois ans et d’une amende de 50.000 à 500.000 francs. Lorsque la victime de l’infraction est âgée de moins de 16 ans, le maximum de la peine d’emprisonnement sera prononcé.)

9-Vous vivez depuis quelque temps avec le VIH SIDA, quel est votre état actuel de santé ?

Je vous remercie de cette délicate attention : ça va correctement, certains jours sont plus compliqués que d’autres, mais ça fait plus de 27 ans donc je me suis habitué d’autant qu’entre les premiers traitements et aujourd’hui, il y a eu des avancées considérables. Vu que vous me posez la question sur ma séropositivité, j’en profite pour revenir au dossier judiciaire : les personnes ont été condamnées avec comme preuve un préservatif qualifié d’entamé. Cela m’inquiète qu’un moyen de prévention notamment du VIH/sida soit utilisé comme une preuve dans un dossier pénal. Cela ne doit pas faire peser de menaces sur les personnes qui font de la prévention notamment en direction des gays : ce serait alors un problème de droits humains mais également de santé publique. Et je sais que le Sénégal a été un fer de lance de la lutte contre le sida. Ce serait dommage qu’il revienne en arrière.

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