À Kaolack, sur la route de Porokhane, des bonnes volontés organisées pour ravitailler les Pèlerins
De bonnes volontés organisées ou non en « dahiras » se mettent au service des pèlerins en partance pour le magal de Porokhane à partir de Kaolack (centre), en leur servant gratuitement des plats et de la boisson, a constaté le correspondant de l’APS.
L’édition 2019 du magal de Porokhane, dédié à Sokhna Diarra Bousso, la mère de Serigne Touba fondateur du mouridisme, sera célébrée ce jeudi dans cette cité religieuse du département de Nioro, non loin de la frontière gambienne.
Cette démarche de bienfaisance, inspirée d’une initiative lancée il y a une quinzaine d’années par le « diawrigne’’ Assane Guèye, lequel a entrepris cette action sur recommandation de son guide Serigne Babacar Moukabaro Mbacké.
Elle s’est depuis épandue un peu partout dans la ville de Kaolack où des tentes sont érigées sur les deux routes nationales menant à Porokhane, dont les propriétaires proposent aux pèlerins des repas et de la boisson.
« On a débuté par des sachets d’eau et des beignets achetés » grâce à l’appui d’un ancien gouverneur de Kaolack, rappelle le pionnier Assane Guèye, mesurant le chemin parcouru jusque-là.
Pour cette année, « quatre bœufs ont été achetés pour satisfaire les pèlerins », a-t-il dit, affirmant avoir mobilisé un budget total de quatre millions de francs CFA pour mener à bien son initiative, avec l’ambition de récolter en retour la bénédiction de Mame Diarra Bousso et de son vénéré fils.
Le ’’diawrigne’’ Guèye et ses protégés ont pris leurs quartiers dans les locaux de l’ancienne gouvernance en réhabilitation, interpellant par le biais de haut-parleurs les pèlerins priés de descendre des véhicules les transportant pour s’alimenter et boire avant de continuer sur Porokhane.
Au début, « certains prédisaient un échec pour cette opération mais aujourd’hui, ces derniers sont mes premiers collaborateurs et je ne fais presque rien. Ce sont eux qui accomplissent le travail pratiquement », souligne le ’’diawrigne’’.
Un peu plus loin, vers le camp de la gendarmerie sur la route nationale, s’est installé le « dahira » Mahfaihoul Bishri de Serigne Assane Seck, qui considère que cette initiative est une action de grâce.
« Donner à boire et à manger à des pèlerins en partance pour accomplir cet acte de foi et d’hommage à Mame Diarra ne peut être que bénéfique. Nous ne cherchons rien d’autre », explique-t-il.
La somme dépensée pour cela compte peu à l’entendre, assurant ne se fixer aucune limite sur ce plan.
Plus loin, vers l’ancienne gare routière dite de Dakar, s’est établi un autre « kurel » œuvrant depuis cinq ans sur cette voie avec Médoune Guèye et Modou Fall, qui ont « immolé un bœuf et un chameau acquis avec la cotisation des autres membres ».
« Parfois, nous nous fixons des objectifs que nous parvenons à atteindre grâce à la volonté de Cheikh Ahmadou Bamba, car nous n’avons pas assez de ressources pour cela », disent-ils, rejetant les allégations selon lesquelles certains hommes politiques seraient derrière leur mobilisation.
« Personne ne nous soutient et d’ailleurs nous ne le souhaitons pas. Nous nous limitons à ce que Cheikh Ahmadou Bamba nous gratifie, car nous travaillons pour lui », ajoutent-ils. Et de conclure : « Quelle que soit la situation, nous nous en sortirons. Le décret est déjà signé ».
AMD/BK – APS