Diplomatie

Honneur aux Jambars : la performance et le comportement républicain de l’armée sénégalaise étudiés dans une académie militaire américaine

Macky Sall faisant la revue des troupes
Macky Sall faisant la revue des troupes le 04 Avril

Quelques jours seulement après avoir été fêtée par la nation, lors de la célébration de l’indépendance, le 4 avril dernier, l’armée sénégalaise a été une nouvelle fois honorée. Cette fois, les honneurs viennent de bien loin : des États-Unis d’Amérique.

L’Académie de l’armée de l’air des États-Unis basée dans l’État du Colorado s’est intéressée à l’armée sénégalaise. Ce, à travers une étude de cas sous le titre «Pourquoi le militaire sénégalais est-il si bon ?». À l’origine de l’initiative, un débat qui s’est installé sur le web américain, traitant des compétences de saut en parachute de certains parachutistes originaires d’un pays africain non dévoilé. Cette affaire a attiré l’attention de l’école militaire sur les armées africaines. Et comme pour confirmer toutes les bonnes choses dites sur le «Jambaar», c’est l’armée sénégalaise qui a été choisie. «[…] Il existe une armée sur le continent (africain) dont les capacités ont tendance à être négligées : les Forces armées sénégalaises (Fas)», a déclaré l’équipe dirigée par Jahara Matisek, officier d’active de l’US Air Force pour motiver le choix porté sur le Sénégal.

En introduction de l’étude, les militaires américains remarquent la participation des forces armées sénégalaises «de manière fiable et efficace» à diverses missions de maintien de la paix sur le continent africain. Le Sénégal, par rapport à sa population, contribue plus que presque tous les autres pays africains, constate l’étude. Qui indique que le Sénégal est vu comme l’un des pays les plus stables d’Afrique. «Bien qu’il soit composé à près de 95% de musulmans, il s’est protégé (jusqu’à présent) de l’extrémisme et du terrorisme islamistes observés ailleurs en Afrique de l’Ouest», fait remarquer le document obtenu par «Les Échos».

Autre motif de satisfaction, le comportement républicain de l’armée sénégalaise. «Les Forces armées sénégalaises n’ont également jamais tenté de coup d’État», note l’étude qui estime que ce qui donne du poids à ces exploits impressionnants, c’est que le Sénégal est l’un des pays les plus pauvres du monde. «Beaucoup ont émis l’hypothèse que la capacité du Sénégal à être un État stable avec une armée très républicaine est liée à la culture de la plaisanterie sénégalaise, à l’Islam soufi, à la tutelle française», indique-t-on pour tenter d’expliquer la stabilité du pays, sans doute le seul au monde à avoir été dirigé par un catholique alors qu’il est composé de plus de 95% de musulmans.

Plus loin, les officiers américains affirment que le Sénégal a évité les guerres civiles et les coups d’État en raison d’un tournant décisif dans les relations entre civils et militaires, en 1962. «À ce moment crucial (les premières années après l’indépendance), les élites politiques et militaires évitaient de recourir à l’armée ou à la police pour résoudre la crise constitutionnelle, qui empêchait la politisation des Forces armées sénégalaises», croient-ils comprendre.

Une armée forte dans un État faible

D’ailleurs, à les en croire, cela a créé une nouvelle dépendance vis-à-vis de l’idéologie Armée-Nation, permettant aux Forces armées sénégalaises de développer une «enclave militaire» à savoir une armée forte dans un État faible. «Au fil du temps, les Forces armées sénégalaises ont développé une compétence bureaucratique et institutionnelle qui a contribué à la construction de l’État et à l’amélioration de l’efficacité militaire, le tout sans être une menace pour l’État ou la société», explique l’étude.

Aussi, cette étude de cas approfondie, basée sur des travaux sur le terrain et des entretiens avec des militaires sénégalais fournit une nouvelle conception théorique de ce que signifie être militairement efficace. En effet, expliquent les auteurs, elle suggère qu’un État patrimonial, comme le Sénégal, peut avoir des poches d’efficacité, même dans l’armée.

«À des fins de comparaison, le Mali et la Côte d’Ivoire sont cités comme exemples de la façon dont les mauvaises stratégies politiques adoptées par les élites de ces pays ont conduit à des coups d’État et à l’effondrement de leur pays», compare le document, remarquant que «le Sénégal, en revanche, a développé des relations civilo-militaires harmonieuses, permettant aux Forces armées sénégalaises d’être militairement efficaces, même en combattant une insurrection séparatiste mineure (de 1982 à ce jour) dans la région périphérique de la Casamance».

En conclusion, le document rapporte que les Forces armées sénégalaises se rendent militairement efficaces par le biais de divers mécanismes et comportements informels, en indiquant notamment la manière dont l’armée absorbe l’assistance des forces de sécurité.

L’Académie de l’armée de l’air des États-Unis à Colorado Springs, Colorado, est l’école militaire la plus prestigieuse des États-Unis avec celle de l’Académie navale d’Annapolis et l’Académie militaire de West Point. Elle est chargée de la formation des officiers de l’armée de l’air des États-Unis.

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