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Nouveau rapport « Bale Aml index » : le Sénégal plus que jamais plaque tournante du blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme

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Le «Bâle AML Index» a publié, hier, son rapport annuel. L’édition 2017 qui couvre 146 pays, fournit des cotes de risque basées sur la qualité du cadre d’un pays en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme, de même que des facteurs connexes tels que les niveaux de corruption perçus, les normes du secteur financier et la transparence publique. Pour l’année 2017, dont le rapport a été publié, hier, le risque en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme a malheureusement augmenté de +0.94 pour le Sénégal.

Le Sénégal reste donc un pays favorable au blanchiment de capitaux et, aussi paradoxal que cela puisse paraitre – le pays est un des rares de la région ouest-africaine à ne pas faire l’objet d’attaque terroriste -, de financement du terrorisme (LBC/FT). C’est en tout cas ce que rapporte le nouveau rapport sur l’indice de Bâle AML, qui, à ce jour, reste le seul indice publié par une organisation indépendante à but non lucratif, qui classe les pays en fonction de leur risque de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme.

En effet, selon le document de 28 pages, parcouru par KLINFOS.COM l’indice AML de Bâle, qui est utilisé par le secteur privé comme un outil d’évaluation du risque pays établi aux fins de conformité, et dans le secteur public par les Ong et les universités pour la recherche et les mesures politiques, est au rouge au pays de la Teranga.

«Les résultats de l’Indice AML de Bâle sont dérivés de 14 indicateurs, utilisant des sources accessibles au public, telles que le Groupe d’action financière (Gafi), Transparency International, la Banque mondiale et le Forum économique mondial», lit-on sur le document, qui précise que les scores sont agrégés sous forme d’indice composite, à l’aide d’une évaluation qualitative et d’experts.
Ainsi, avec un score de 5,37 en 2016, le Sénégal pointe avec 6,31 du classement de l’indice AML contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme pour l’année 2017. Une mauvaise performance qui inaugure l’entrée de notre pays parmi la liste des dix pays au monde qui ont connu la plus forte régression en une année.

Un top 10 que le Sénégal partage avec des pays pas parmi les pires élèves du monde en matière de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme. C’est le cas de la Jamaïque, de la Tunisie, de la Hongrie, de Trinité-et-Tobago. Pour ces pays, d’ailleurs, le rapport note qu’ils ont enregistré une cote de risque plus élevée cette année, en raison de la nouvelle méthodologie d’évaluation adoptée par le Gafi. Alors que la Hongrie a également encore détérioré son classement dans l’Indice de perception de la corruption, les évaluations de Freedom House et les indicateurs du Forum économique mondial.

Ainsi, indique le document, «les classements du Sénégal, de l’Ouzbékistan, du Pérou, de l’Égypte et du Laos se sont détériorés, car ils ont tous été inclus dans le rapport sur la stratégie internationale de contrôle des stupéfiants du département d’État des États-Unis en tant que juridictions présentant des préoccupations majeures en 2017».

LES PAYS A HAUT RISQUE

Cependant, malgré la mauvaise performance à cause de sa présence parmi les pays ayant le plus reculé en la matière, le Sénégal peut se consoler d’être absent du tableau des 10 pays les plus exposés au risque de blanchissement d’argent 2017. Un top 10 dominé par notre voisin la Guinée-Bissau, qui arrive juste après l’Iran, l’Afghanistan. Le Tadjikistan, le Laos, le Mozambique, le Mali, l’Ouganda, le Cambodge et la Tanzanie complètent le tableau. Autre motif de satisfaction pour le Sénégal, son classement parmi les 30 pays d’Afrique subsaharienne pris en charge par le rapport. En effet, s’il est classé à la 62e place sur 146 pays dans le classement mondial, le Sénégal occupe la 5e place pour ce qui est des pays d’Afrique subsaharienne. Avec ses 6.31, le Sénégal vient juste après l’Afrique du Sud (5.32), le Malawi (5.86), Maurice (5.92) et le Botswana (6.02).

PAYS A FAIBLE RISQUE

Pendant ce temps, la liste des pays à faible risque n’a pas beaucoup changé au cours des six dernières années. Les pays baltes et d’Europe orientale représentent la moitié de la liste. Au cours des quatre dernières années, la Finlande est restée le pays présentant le risque le plus faible de l’indice AML de Bâle. La Lituanie et l’Estonie ont réussi à conserver leurs positions à partir de 2016, occupant les deuxième et troisième positions.

QUE MESURE L’INDICE AML DE BALE ?

L’indice AML de Bâle mesure le risque de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme des pays sur la base de sources accessibles au public. Au total, 14 indicateurs traitant de la réglementation LBC/FT, de la corruption, des normes financières, de la divulgation de la politique et de l’Etat de droit sont regroupés dans un seul indice de risque. En combinant ces différentes sources de données, le score de risque global représente une évaluation globale prenant en compte des éléments tant structurels que fonctionnels dans le cadre de la LBC/FT.

Il est important de noter et de comprendre que, en l’absence de données quantitatives fiables sur le blanchiment de capitaux, l’indice de Bâle AML ne mesure pas l’existence réelle d’activités de blanchiment de capitaux ou le montant de capitaux financiers illicites dans un pays, mais est conçu pour indiquer le risque, les vulnérabilités du blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme dans un pays. Mesurer l’existence réelle d’une activité de BC ou de FT nécessiterait des données quantitatives fiables sur ces phénomènes, et celles-ci ne sont pas disponibles.

Aussi, l’indice AML de Bâle classe les pays sur la base du score global et fournit des données utiles à des fins de comparaison. Cependant, il convient de souligner que l’objectif principal n’est pas de classer les pays les uns par rapport aux autres. L’indice AML de Bâle cherche plutôt à donner une image globale du niveau de risque d’un pays et à servir de solide point de départ pour examiner les progrès accomplis au fil du temps.

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