[Tribune] : autour de la dimension mystique de Mame Khalifa Niass – Pr Babacar Touré
A LA PORTE DU KHALIFE
« Autour De La Dimension Mystique De Mame Khalifa Niass »
Au nom d’Allah, le clément, le miséricordieux
Louange à Dieu qui a couronné par son agréation tous ceux qui ont été sélectionné parmi ses serviteurs spéciaux et a introduit à sa proximité ceux qui se rapprochent intentionnellement de lui, en leur facilitant la traversée de la porte d’arrivée à sa présence.
Que le Salut d’Allah soit sur son Prophète Muḥammad, sa famille et ses compagnons.
Qu’Allah soit satisfait du Sceau des Elus Seydi Ahmad Tidjani (ra)
Le mois du Ramadan est un des cinq piliers sur lequel s’édifie l’Islam, il s’annonce après la venue du mois d’Allah, puis le mois du Prophète (saws), et est considéré ainsi comme le mois de la Ummah. Il débute par le renoncement et aboutit à la renaissance. L’arrivée de ce mois chère dans le cœur des musulmans marque aussi la naissance auspicieuse d’un élu d’Allah sans égal dans l’existence afrad al–wujûd, et fut parmi les plus parfait des êtres de son temps akmal al-kâ’inât fi ‘açri-hi, doué d’une immense valeur et dotés d’une immense ouverture spirituelle Maftûḥ ‘Alayhi, il s’agit du Pôle de son temps Cheikh Muḥammad Khalifa ibn El Hadji ‘Abdallah Niass.
ñaari fann ya ca koor ga di bisu Juddóm,
Li juñjàat la ba tayy, Xétt wi mo di Seddóm
Né dans le village de Sélik près de Ndoffane, le fils ainé d’El Hadj ‘Abdallah Niass et d’Aminata Thiam, Muḥammad Niass est venu au monde le 2e jour du mois de la Ummah en 1298, nombre dont la valeur numérique des lettres en arabe est en parfaite concordance avec la formule : « Le Coran est sa législation », présage d’une vie futur marquée par de mystérieuses coïncidences. De la naissance jusqu’au retour à Allah.
En effet, les merveilles que le jeune Muḥammad Niass a manifestées dès le berceau sont multiples. Lorsque sa mère voulu l’allaiter durant la journée du Ramadan, il refusait de téter du lever du soleil à son coucher. C’est ainsi que se déroulèrent ce fait inhabituel jusqu’à ce que l’on finisse par connaître l’heure exacte du phénomène du lever et du coucher de cet astre à travers le merveilleux prodige de Muḥammad Niass. Prodige comparable à celui de Shaykh ‘Umar al-Fûtî et du Shaykh Ibrahim Dasuqi qui tout de même naquirent le mois de « Sh‘abân » et lorsque le Ramadan arriva, ils n’acceptèrent plus l’allaitement durant tous les jours du mois bénis.
Chose encore plus prodigieuse fut que durant l’allaitement lorsque Muḥammad Niass entendait des litanies en louange au Prophète(ﷺ), il s’arrêtait et écoutait attentivement en balançant le corps sans relâche jusqu’à ce que l’invocateur se taise. Lorsqu’il atteignit la puberté, son père El Hadji ‘Abdallah lui rappela ces fabuleux évènements. Ainsi, Mame Khalifa lui répondit qu’il n’a aucunement oublié cela ; ce qui révèle également le fait qu’il ait transcendé son âge grâce à grâce d’Allah. Son père pour sa part lui raconte qu’il l’avait vu parmi les “Rijal” dans le Ghayb et que sa station était si reluisante qu’il ne s’était plus jamais couché sur un lit mais demeurait dans l’invocation d’Allah afin qu’il lui soit son fils. Encore, son père El hadji ‘Abdallah lui raconta leur fameuse rencontre avec le Prophète (ﷺ) en état d’éveil et en plein jour, juste une semaine après sa naissance. Et son père dit au Prophète(ﷺ) en ces mots : « Celui-ci, est le fils dont Allah m’a gratifié, je lui ai donné ton nom.- Passes-le moi, lui dit le Prophète (ﷺ) », il le tendit à l’Apôtre (ﷺ) qui le prit, qui le mit sur ses genoux, le serra un bon moment, introduit sa langue bénite dans la bouche de l’enfant et le rendit à son père ». Sur cela, il affirme que c’est grâce à ce privilège qu’il a obtenu une parfaite maîtrise de toute sortes de connaissance ainsi que de la langue arabe ; d’ailleurs, il ne se souvient même plus de quand il a perfectionné cette langue. Ceci est sans aucun doute un des dons les plus élevés, une faveur immense.
« Je suis pointu comme une épine, personne ne m’a taillé »
Muḥammad Niass demeure une mer des sciences qui émanent d’Allah, celles qui s’acquièrent sans étude ni recherche, un savoir qui précède la naissance. En témoigne ses paroles lorsqu’il dit : « Je suis pointu comme une épine, personne ne m’a taillé » dans le même sillage, il disait également : « Je n’ai jamais complété l’apprentissage d’un livre, tout ouvrage que j’entame, je comprends aussitôt le reste » tel qu’il fut le cas du maitre de la voie Seydi Ahmad Tidjani. Son père lui disait à chaque fois “fait semblant d’apprendre tel tous les autres élèves” mais le don s’est propagé tel du musc et son arôme s’est diffusé parmi les pages des ouvrages qu’il a écrit et tous ceux qui l’ont entrouvert ont accédé aux perles de savoir. Quant à ceux qui ont écouté ces prêches, ils se sont retrouvés submergés d’entendements que le Shaykh a puisé de la présence divine.
“Une bonne nouvelle nous est consacrée à propos de l’Imâm de son temps, al-Ḥâj Muḥammad, maître de cette époque, détenteur de la couronne Souverain officiel et authentique de la Khilâfa”
L’état caractéristique qui par guise d’allusion lève un coin du voile sur la dimension mystique de L’Imam Muḥammad Niass est certainement le fait qu’il soit entièrement consumé dans l’amour du Prophète (ﷺ) et de l’isthme scellé Shaykh Sidi Aḥmad Tidjani (ra). L’érudit Shaykh Aḥmad Boukar Niang de par sa très belle plume affirma en ces termes :
« Le Khalife El Hadji Muḥammad Niass vécut avec un cœur submergé par les eaux d’amour envers Allah, désemparé dans les abysses de cette passion excessive, teinté par les marques d’amour et d’affection (Nous suivons la religion d’Allah ! Et qui est meilleur qu’Allah en Sa religion ?). Quiconque l’aperçoit se rend aussitôt compte qu’il s’agit d’un personnage qui excelle profondément dans la spiritualité, dépourvu de toutes imperfections parmi celles de l’âme et des désirs. Il fut un véritable soufi, qui totalement s’anéantit, et ne vécut dans l’ici-bas qu’avec son corps ; Quant à son âme purifiée, raffinée, et élevée, s’envola vers les cieux divins très éloignés. »
Bons nombres d’élu d’Allah d’horizons diverses ont vu en rêve le Khalife El Hadji Muḥammad Niass fils d’El Hadji ‘Abdallah qu’Allah soit satisfait d’eux. Comme il est dit dans le Ḥadîth : « Ô gens ! Il ne reste de la prophétie que les bonnes annonces. Ils lui demandèrent : Qu’est-ce que les bonnes annonces ? Et il répondit : Les rêves des vertueux ». Aussi, dans un autre Ḥadîth, il est dit : « Les rêves du croyant font sans doute partie des quarante-six parts de la prophétie ». D’après l’exégèse du verset coranique dans lequel Allah dit : « Il y’a pour eux une bonne annonce dans la vie d’ici-bas tout comme la vie ultime ». Auparavant, les pieux aïeuls ne cessaient de se tourner vers ces vertueux qu’ils contemplaient avec un désir et un grand amour de la faveur qu’Allah leur a octroyée.
Dans l’ensemble, beaucoup de rêves autour de ses bienfaits immenses ont été révélés provenant de divers endroits. En plus de cela, d’autres visions qu’il a lui-même eues et demanda qu’on les rédige sur des feuilles et les sauvegarder auprès de lui comme archives pour se réjouir de cette faveur qui lui est accordée et de faire parvenir des plus hauts grades qu’il espère avoir obtenu par la grâce d’Allah.
Il y’a celui de Muḥammad Maḥmud al-Ḥanafî qui affirme que dans la nuit du vingt du mois de Rabî‘ ath – thânî, alors qu’il était dans un état hypnagogique, il rêva de voir le Shaykh Aḥmad at-Tijânî (Qu’Allah sanctifie son secret) assis avec des gens autour de lui ainsi qu’El hadji Muḥammad Niass al-Khalîfa. Puis, d’après lui, le Shaykh at-Tijânî le rapprocha tout près de lui et l’invita à s’asseoir sur un trône que l’on nomma trône du royaume. Alors, le Shaykh Aḥmad lui transmit de par sa main une chose dont on ne sait de quoi il s’agit mais sans doute une bonne chose. Puis, on se prononce en ces mots : « Voici la station de la proximité (Maqqâma al-Qurb) attribuée à El Hadji Muḥammad ». Pour finir, il précise que dans son rêve, parmi les gens autour du Shaykh at-Tijânî (Qu’Allah sanctifie son secret), il y’avait ses illustres compagnons. Ceci provient d’un manuscrit écrit de sa propre main.
Également, une autre lettre de Shaykh Aḥmad Ibn Sâ’iḥi qui lui annonce qu’il atteindra s’il plaît à Dieu la station (Maqqama) mentionnée dans un rêve car dit-il : « J’ai vu le Shaykh at-Tijânî (Qu’Allah sanctifie son secret !), qui fit de toi son successeur dans toutes choses, et cela dans un rêve pendant le Dix-huit du mois de Ṣafar ». Il s’agit d’un manuscrit écrit de sa propre main. Nous avons constaté de nos propres yeux, un manuscrit de Mame Khalifa Niass dans lequel, il est mentionné une autre lettre d’Aḥmad Ibn Sâ’iḥi qu’il adressa à son père El Hadji ‘Abdallah Niass qui était à Khây. Dans la lettre, il dit : « Quant à ton fils El Hadji Muḥammad, Qu’Allah lui accorde longue vie ! À chaque fois que je vois Sayyidina Shaykh (Qu’Allah sanctifie son secret !), dans le rêve Allah ne cesse de lui accorder une grande ouverture dans cette voie (la Ṭarîqa Tijânî) jusqu’à ce qu’il devienne parmi les plus grands hommes dotés d’une immense ouverture spirituelle (Maftûḥ ‘Alayhi) ».
Par ailleurs, d’après une autre source manuscrite rédigée par l’exégète El Hadji Ibrahima Niass (Baye), fils d’El Hadji ‘Abdallah. Après les louanges à Allah, il raconte en ces termes : « Une de ces nuits, je me suis endormi et j’ai rêvé le jour de la Résurrection. Ainsi, toutes les créatures se sont réunies auprès de leur créateur devant le grand rassemblement. Quand je jetai un regard dans la foule, j’aperçus une chaire d’une luminosité et d’une splendeur dont laquelle ma langue demeure incapable de vous fournir la vraie description. Ensuite, je vis notre Shaykh, le Pôle Caché, l’Isthme Scellé Sayyidinâ at-Tijânî (Qu’Allah sanctifie son précieux secret !) assis sur la chaire et la lumière jaillit autour de lui. Aussitôt, j’entendis l’appel de quelqu’un qui informa en ces mots : « Ô ! Gens du grand rassemblement, sachez que cet Imâm est celui qui détient la clé de tous vos souhaits. Alors, je devins stupéfait et dans mon esprit, je me suis dit que voici la preuve qui certifie les propos du grand érudit at-Tijânî Ibn Bâba énoncés dans « Munyat al-Murîd » ou (Le désir de l’aspirant) : « Et une chaire lumineuse sera hissée ce jour-là… ». Puis il poursuit en affirmant : « Ainsi, j’aperçus tous les élus dans ce grand rassemblement et chacun tenait dans sa main un étendard dont la taille dépendait de son grade. Quant à notre maître, il tenait un très long étendard. Puis, il appela mon frère Muḥammad, fils de mon maître et père El Hadji ‘Abdallah. Il alla répondre et le Shaykh at-Tijânî descendit et lui ordonna de monter sur la chaire, lui remit l’étendard qu’il tenait de sa main bénite et lui dit : « Voici la station (Maqâm) de ton père El Hadji ‘Abdallah, veuillez l’étaler devant les Hommes. À cet effet, El Hadji Muḥammad Niass monta sur la chaire avec l’étendard sur sa main puis affirma à haute voix : Voici la station (Maqâm) du Shaykh El hadji ‘Abdallah ». Et il le répéta avec grand bonheur et avec la joie. Puis, il termine en disant : « C’est d’ailleurs sa voix qui me réveilla ». Qu’Allah nous accorde sa bénédiction !
Qu’Allah dans sa mansuétude, soit Satisfait de El Hadji Muḥammad Niass, le Rétribue à l’infini
Amine.
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Pr Babacar Touré
Dakar, 2 Ramadan 1440
Cercles d’Etudes autour de la Vie et l’œuvre de Khalifa El Hadji Muḥammad Niass (CEVOK)