Nommée Présidente du CESE : Aminata Touré, la rançon de la fidélité, la récompense d’un engagement sans faille
La nomination d’Aminata Touré à la tête du Conseil économique social et environnemental (Cese) vient d’être actée par décret n°2019-905. Dans le pipeline depuis longtemps, cette nomination consacre le retour en force, aux premières loges du décorum républicain, d’une dame de fer qui revient de très loin. Mais également elle acte le mérite d’un dame aux qualités humaines et intellectuelles indénombrables.
En dégommant une Aminata pour une autre, à la tête de l’inutile Conseil économique, social et environnemental, le Président Macky Sall a rendu justice à une battante au sein de sa formation politique.
Mimi Touré a été d’une fidélité et d’un engagement à tout point de vue exemplaires. Et depuis qu’elle a été déchue de son poste de Premier ministre, personne ne l’a entendue geindre ou vitupérer. Elle a attendu son heure, stoïque. L’Aminata qu’elle remplace au Cese, elle, n’a jamais semblé s’engager pleinement pour le Macky et son départ ne surprend pas outre mesure.
Sur sa page Facebook visitée par KLINFOS, l’ancien Premier ministre qui vient de remplacer une icône du Landerneau politique sénégalais, en l’occurrence Aminata Tall, exprime sa gratitude au chef de L’État.
« Je voudrais remercier le président de la République, Macky Sall, pour la confiance qu’il m’a renouvelée en me nommant présidente du Conseil économique, social et environnemental (CESE). Je lui renouvelle mon engagement, ma loyauté et à ma détermination à remplir cette nouvelle mission », assure-t-elle.
La censure populaire n’avait pas vendu cher sa peau quand, aux locales de juin 2014, Khalifa Sall lui avait fait mordre la poussière dans leur fief commun de Grand-Yoff. Un malheur ne venant jamais seul, Aminata Touré fut aussi éjectée de la Primature où elle avait remplacé Abdoul Mbaye. Face aux feux nourris de « feddayins » repus dans la mouvance présidentielle, la terre semblait se dérober sous les pieds de cette militante de la première heure de Macky Sall.
C’est ainsi qu’elle quitta la sécurité et le calme douillet du Système des Nations-Unies à New York pour venir participer, en sa qualité de directrice de Cabinet, à l’aventure qui a débouché, deux tours du Sénégal et une foultitude de coups tordus plus tard, à la défaite, le 25 mars 2012, de Me Abdoulaye Wade qui échoue dans sa tentative d’avoir un troisième mandat à la tête du Sénégal. Aussi, elle prend une part active au premier programme de société du candidat Macky Sall intitulé Yonnu Yokkuté qui deviendra Plan Sénégal Émergent (PSE).
Une fois au pouvoir, le nouveau Président propulse celle qui a fait ses humanités politiques auprès de Mamadou Dia et Landing Savané à une station qui a cristallisé, pendant les premières années de son magistère, toutes les passions d’un peuple soif de reddition de comptes (et mécomptes ?) des douze ans de règne du pape du Sopi : le ministère de la Justice. Dans une sorte d’opération « mains propres » dénommée « traque aux biens mal acquis », elle sonne la charge contre les dignitaires déchus dont un certain Karim Wade.
Portée au pinacle dans le sillage de l’euphorie de la victoire de Macky Sall, Aminata Touré, Mimi de son petit nom, enfile une robe de Superwoman. Dans sa ligne de mire, une vingtaine de personnalités proches de Wade, dont les noms sont cochés dans une liste noire, qu’il fallait, coûte que coûte, traduire devant la très controversée Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI).
Curieusement, on ne sait d’ailleurs pour quelle raison, celle qui accepta d’aller au charbon et de ferrailler ferme avec l’opposition fut prise pour cible par ses camarades de l’Alliance pour la République (APR). Et même, par moments, par des pans entiers de la coalition Benno bokk yakaar (BBY). Si certains l’accusaient d’être trop condescendante aux entournures, d’autres martelaient, qu’elle n’était pas dans les bonnes grâces de la Première dame, Marième Faye Sall.
Après une période plus ou moins longue de descente aux enfers, Aminata Touré, tel un sphinx, renaît de ses cendres. Un retour en grâce que beaucoup d’observateurs ont analysé, à tort ou à raison, comme une volonté partagée de Macky Sall et de celle qui a drivé sa campagne de parrainage lors de la dernière élection présidentielle de faire la paix des braves. Ce qui devait leur permettre de faire d’une pierre deux coups : dépasser les inévitables incompréhensions et poser les jalons d’une victoire pour le scrutin qui se profilait à l’horizon.
Pour ce faire, Mimi Touré, réputée être coriace et dure à cuire, a été obligée de battre en retraite. Direction, Kaolack. La Saloum-Saloum d’origine qu’elle est, bombardée entre temps envoyée spéciale du chef de l’État, un poste plus ou moins hybride à la lisière d’un ministre d’État et d’un conseiller spécial, devra alors abandonner sa « base » de Grand-Yoff pour aller bousculer, le mot n’est pas trop fort, Mariama Sarr. Un transfert de leadership que la maire de Kaolack a accueilli avec beaucoup de circonspection. On connaît la suite…