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[Tribune] Scandale PetroTim : Trois bonnes raisons pour Aliou Sall de démissionner – Par Sidy Djimby Ndao

[Tribune] Scandale PetroTim : Trois bonnes raisons pour Aliou Sall de démissionner – Par Sidy Djimby Ndao
Sidy Djimby Ndao, journaliste

Accusé de corruption par le très sérieux média britannique BBC, Aliou Sall a donné sa version des faits hier lors d’une conférence de presse. Devant tout ce que le Sénégal compte de média, le frère du président de la République Macky Sall a dit non à toute idée de démission. Pourtant, rendre le tablier de tous ces fonctions, électives comme nominatives, s’impose devant la gravité des faits. En attendant, le « Think-Tank » africain Legs Africa a lancé une pétition en ligne pour exiger une enquête sur cette affaire.

« Que vais-je faire si je démissionne de mes fonctions ». C’est, en substance, ce que le maire de Guédiawaye a répondu à un journaliste qui lui demandait s’il n’était pas venu l’heure de rendre le tablier, ou plutôt les tabliers, « ne serait-ce que pour mettre à l’aise son frère de président », semblait lui suggérer le confrère.

Mais la vérité est que, au-delà de « mettre à l’aise son frère », la démission s’impose au Directeur général de la caisse de dépôt et consignation. La cause est simple, la courtoisie républicaine et le désir de vérité le recommandent vivement.

Mais au-delà tout, quand on est accusé de crime financier aussi grave et comme pour aggraver les choses vous vous trouvez dans une posture de gérant de dénier publics, la logique, pour un homme juste qui n’a rien à se reprocher, c’est de démissionner.

Démissionner par respect à ses compatriotes qui ont accepté de vous mettre devant alors que vous n’êtes certainement pas le plus méritant. Démissionner pour celui qui, de par ses pouvoirs discrétionnaires, a décidé que vous soyez là et que vous devez mettre à l’aise, fut-il votre frère.

Mais surtout démissionner pour permettre à la justice de faire son travail, si toutefois et pour une fois elle décidait de le faire. D’ailleurs, c’est la forme la plus propre et la plus sûre pour laver son honneur.

À ce propos d’ailleurs, une pétition a été lancée en ligne par le « Think-Tank » africain Legs Africa pour exiger « une saisine de la justice sénégalaise et britannique sur l’affaire Timis-BP-Aliou Sall ».

Une affaire bien prise au sérieux, en démontre les prés de dix mille signataires en moins de dix heures de temps.

« Cette pétition est initiée pour demander à ce que l’Ofnac (Office National de lutte contre la Fraude et la Corruption) instruit ce cas de corruption impliquant Monsieur Alioune Sall et l’État du Sénégal et la saisine du dossier par le procureur de la République et la juridiction britannique compétente pour tirer cette affaire au clair de manière diligente », explique le « Think-Tank » qui se définit comme une organisation regroupant la nouvelle génération de l’élite africaine pour promouvoir la citoyenneté de transformation en Afrique.

Dans beaucoup de pays du monde, des personnes en chargent de biens publics n’ont pas hésité à rendre le tablier à chaque fois qu’elles ont fait face à des accusations, parfois beaucoup moins grave que ce dont le président de l’Association des maires du Sénégal est accusé.

Une chose est sure, si on doit en arriver à un point où un responsable qui fait objet d’aussi grave accusation doit être poussé à l’extrême pour afin accepter de démissionner, c’est que sans doute celui-ci ne mérite point de diriger.

 

 

Sidy Djimby NDAO est membre de la Cellule Norbert Zongo pour le Journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest. Il est journaliste au quotidien Les Échos et correspondant de Koaci au Sénégal.

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