[Tribune] : la corruption d’échelle à l’heure du pétrole : pourquoi faut-il arrêter Aliou Sall
La continuité de la corruption au sommet de l’État agit en continuum pour le rétablissement du système colonial périmé qui avait servi à la France pour maintenir des sujets indigènessous domination économique, foncière et militaire. Ayant échoué à imposer une emprise culturelle sur les esprits les plus ténus et appliqués à l’acquisition du Coran et des enseignements islamiques, grâce à Cheikh Ahmadou Bamba et la tarikha mouride, Mame Maodo Malick et ses zawiyas, entre autres saints qui ont séjourné et vécu au Sénégal, la France tend à revenir en force avec de nouveaux arguments et des faux prétextes – comme le Terrorisme – pour se tailler une place au soleil du Sénégal du pétrogaz.
Puisque l’école publique et ses démembrements privés, instituts, collèges, lycées et universités privées continuent de produire les fleurons de l’administration postcoloniale, il est évident que la France a la haute main sur les affaires de l’État et de l’administration judiciaire en permanence, depuis l’indépendance, jusqu’à nos jours, grâce à ces – ou ses – nouveaux auxiliaires néo coloniaux. L’État dit de droit, indépendant, souverain, démocratique et laïc, se veut une République ou chose publique (res publica), mais malheureusement, il est un État aliéné à l’occident et à l’ancienne tutelle coloniale. Ce qui prouve que le cordon ombilical a été mal coupé et le bébé et l’eau du baptême ont été jetés…. Où ? À la mer. En flots humains de partants volontaires en exil, donnés pour morts dans le désert, dans les caves des nouveaux négriers en Libye et dans l’océan méditerranéen.
Ce système postcolonial est un établi au Sénégal. Et ce n’est pas par défaut de le savoir que les Assises nationales ne l’auraient pas diagnostiqué à fond pour en ôter les apories et conserver la quintessence. Ce qui a donné d’abord naissance à la Charte de Bonne gouvernance démocratique, puis, la livraison du rapport de la commande publique faite à la commission Mbow (Cnri) au Président Macky Sall, dont la réponse fût qu’il n’en prendrait que ce qui l’intéresserait de ce pavé dit proposition d’avant-projet du projet de réforme Constitutionnelle. La suite on la connaît : ledit document largement inclusif et rigoureusement travaillé avec les normes de scientificité requises par les membres de la Cnri n’a pas eu le temps d’être revu, repris, critiqué, amendé et augmenté pour servir à la validation des parlementaires ou par voie référendaire, avec la caution populaire exigible.
Ce moment d’inertie a constitué un point de rupture dans le principe du «gagner ensemble gouverner ensemble» et fut une négation du slogan «la patrie avant le parti». Ses lignes stylisée au document qui recommandait clairement un changement de régime présidentiel pour un régime parlementaire, ont été reprises par le tailleur haute couture de costume constitutionnel, Ismaël Madior Fall, devenu ministre de la Justice, qui allait conduire le projet de réforme constitutionnelles jusqu’au Référendum du 20 mars 2016, qui a apporté lesdites modifications minimales qui seules intéressaient Macky Sall. Plutôt que de toucher à la constitutionnalité des lois en s’imposant une Quatrième République, après, surtout, un 1er mandat de sept ans. Ce qui allait être approuvé dans ce sens, et donc, occasionner une fixité du principe des deux mandats uniques de 5 ans et non renouvelables pour tout mandaté légal élu Président de la République.
Aujourd’hui, on nous parle de bonne gouvernance des ressources naturelles appartenant aux populations selon la nouvelle Constitution en son article 25-2, sans exceller dans la rupture telle que prônée sous Wade jusqu’à réussir à faire partir le Vieux.
Est-ce à dire que le Président Macky Sall est la suite et le prolongement de la ligne politique stylisée du Président Wade ? Ou bien alors, qu’en bon homme du sérail politique sopiste (travailliste et libéral), Macky Sall peut-il incarner l’espoir en le changement et la rupture, qui n’a jamais été aussi clairement exprimé « demande sociale » par les populations que sous son mandat ?
Le successeur de Me Abdoulaye Wade a-t-il réellement la baraka pour envisager la transition vers l’émergence et le développement durable ? L’implication de ses proches, de son épouse, de ses enfants, beaux-frères et frères dans les affaires de l’État à un niveau jamais atteint jusque-là signe-t-elle la naissance d’une nouvelle vague de politiciens sans foi ni loi n’ayant cure de la parole honorée ou des promesses faites pour satisfaire des demandes sociales justement exprimées sous le vocable d’Aar li ñu bokk ?
On le voit bien, l’accélération de la complexification de l’État et de son fonctionnement par des réformes jugées capitales dans le sens des intérêts de la tutelle coloniale (France) et de ses partenaires du cartel financier (PTF) au capital privé international a conduit au fast-track comme mode de gouvernement en lieu et place du poste institutionnalisé de Premier ministre dès lors supprimé à bon escient, pour faciliter les prises de décisions et éviter bien des écueils aux acteurs parties prenantes au partenariat public-privé en cours d’application pour un programme Sénégal émergent, érigé cadre référentiel de la macro politique économique du Sénégal.
L’exécutif a la main mise sur le Législatif, lui-même jouet entre les mains de l’administration technocratique
Ainsi, grâce à la complaisance de la coalition Benno bokk yaakar, majoritaire au Parlement, tout projet de lois est désormais gouvernemental et passera comme lettre à la poste au Parlement devenu une chambre enregistreuse, ce qu’elle refusait encore.
Grâce au coup d’État électoral des législatives de juillet 2017, la coalition Benno bokk yaakar, dont les élus ont été sélectionnés et triés sur le volet par Macky Sall, l’Exécutif a la main mise sur le Législatif, lui-même jouet entre les mains de l’administration technocratique et des départements ministériels, qui sont sous lâche contrôle de la justice, active par ailleurs contre tous ceux qui oseraient émettre une voix discordante dans l’histoire du pétrole, dans la quête de droits civiques et politiques et dans l’idylle France-Sénégal, qui semble plus que jamais rose avec la présence 5 ans durant de Christophe Bigot, actuel ambassadeur sur le départ.
Même nos militaires et forces de l’ordre sont aux ordres dans le manque de discernement, n’ayant pas le choix que de jurer servir en prêtant serment et se mettant exclusivement au service de l’État, de la Nation et des populations. Pour pouvoir tout contrôler en définitive, d’ici les prochaines Locales, l’État s’apprête à installer les délégations spéciales pour récupérer les collectivités locales par les préfets et les gouverneurs, plus que jamais zélés.
La réponse – ou la non réponse – donnée à toutes ces inquiétudes des populations quant au terrorisme dont parlent les autorités françaises sans cesse, quant aux succédanées des enjeux de la question du pétrole et du gaz, quant à la hausse des prix devant la déshérence financière des caisses de l’État, engage valablement l’ensemble à éviter les pièges, dérapages et échapper aux dérives et dangers de toutes sortes qui se préparent à l’horizon, avec ou sans Macky Sall et le régime Apr-Benno bokk yakkar.
Sous cette nouvelle ère d’avant sortie du premier baril de pétrole le Sénégal s’apprête donc à vivre des moments historiques, car le «le scandale du gaz au Sénégal est devenu mondial depuis la diffusion de la vidéo de la Bbc», selon Mamadou Lamine Diallo du Mouvement Tekki et député à l’Assemblée nationale. C’est aussi, dit-il, «un passage obligé pour imposer la bonne gouvernance des ressources naturelles et nous éviter la malédiction des matières premières».
Montant au créneau, il aborde la question de la protection de ces ressources naturelles sous l’angle de l’acquisition par la Mauritanie d’un navire de 35 milliards auprès de la Chine, pour surveiller ses productions gazières. D’où sa question à laquelle nous nous associons, pour demander avec justesse :
«Pourquoi le Cos Petrogaz, apte à donner des leçons au peuple, a caché au Comité national ITIE les 250 millions de dollars payés à Timis Corporation par BP en 2017 alors que le transfert des parts de Timis Corporation à BP a été approuvé par le gouvernement par arrêté ministériel numéro 14912 en date du 17 août 2017 ? Pourquoi il a fallu le reportage de la BBC pour que le gouvernement admette le paiement déjà de 150 milliards à Timis en 2017 ?»
Voilà le menu du futur quotidien qui est servi à nos compatriotes sénégalais, qui se montrent plus soucieux de ballon rond et de gloire éphémère à des gens pleins de gloriole que de ressources de sa future émergence. Et par les mêmes pratiques désuètes condamnées sous l’ancien régime, et par les hésitations à radicaliser les réformes dans le sens de la rupture. Dans tous les cas, les Sénégalais veulent savoir où va Frank Timis avec ce régime corrompu de la base au sommet, et un parti-Mickey, embryonnaire, à vau l’eau déjà, pour nous ridiculiser davantage aux yeux du monde entier, comme les Fennecs nous l’ont fait à cette 32ème finale de la Coupe d’Afrique des Nations en Égypte dite CAN Total-Orange.
En attendant que les appointements, salaires, dividendes et commissions ne fassent leur apparition, il faut arrêter Aliou Sall Monsieur le Procureur de la République. Pour la paix sociale, la stabilité sociopolitique et la sécurité juridique et institutionnelle de nos appareils d’État. C’est le peuple d’en dessous l’État qui tire le diable par la queue, avec toutes ces pénuries en vue, qui vous le demande.
Par Khaly Moustapha LEYE
Consultant correcteur de presse à quotidien Tribune (Groupe Dmedia),
Coordonnateur Mouvement Farafina Dambé pour la Renaissance africaine au 21ème siècle
+221.77.850.66.12 ;
cradif.bgom@hotmail.com,
mfdafdaoras21@gmail.com,
PS : La direction de KLINFO rappelle que l’auteur de ce texte n’est pas un journaliste de la rédaction de KLINFOS mais un contributeur dont nous diffusions l’opinion et ce dans une dynamique de libre expression plurielle.