Justice

Me Assane Dioma Ndiaye : « l’affaire Guy Marius Sagna révèle la grande vulnérabilité des libertés individuelles au Sénégal »

Me Assane Dioma Ndiaye
Me Assane Dioma Ndiaye

«Cette affaire Guy Marius Sagna est extrêmement grave et révèle la grande vulnérabilité des libertés individuelles au Sénégal. J’allais même parler d’insécurité juridique au Sénégal. Voilà une affaire qui était partie sur des posts par rapport à une dénonciation de manque d’infrastructures. Et après on s’est rendu compte qu’en vertu de la légalité des poursuites, on ne pouvait pas garder quelqu’un par rapport à des faits qui n’étaient pas au préalable définis comme étant un délit.

Parce que pour poursuivre quelqu’un, il faut qu’il ait commis une infraction», a indiqué le Président de la Ligue Sénégalaise des Droits Humains (Lsdh). D’après Me Assane Dioma Ndiaye, «le simple fait de faire un commentaire par rapport à une gouvernance antérieure se rapportant à une sécheresse des infrastructures et aux évacuations sanitaires par rapport à certaines couches sociales, ne peut en aucun cas constituer un délit. Il ne s’agit que d’une analyse, d’une opinion.

Donc, on a cherché la petite bête sur laquelle on pourrait s’adosser pour assoir une procédure pénale de manière à mettre Guy Marius Sagna sous mandat de dépôt par le biais d’une information judiciaire qui prendrait forcément du temps. Ils sont allés faire la chasse pour trouver des déclarations compromettantes».

L’avocat droit-de-l’hommiste d’annoncer la riposte pour faire libérer Guy Marius Sagna. «En réalité, cette déclaration ne lui est même pas imputable.

Cela veut dire qu’on peut créer de toutes pièces une infraction, poursuivre quelqu’un, requérir une information et un mandat de dépôt, et que le juge d’instruction acquiesce à ces réquisitions. Cette affaire ne peut pas passer comme une simple lettre à la poste. C’est pourquoi la riposte sera enclenchée dès ce vendredi par les organisations de défense des droits de l’homme avec un certain nombre d’organisations qui militent en faveur d’un Etat de droit au Sénégal.

Nous allons faire en sorte que Guy Marius Sagna soit libéré d’office, parce qu’il ne s’agit même pas de demander une liberté provisoire, mais il faut la levée du mandat de dépôt. C’est une véritable atteinte à la liberté individuelle dont il s’agit dans ce cas présent. C’est une détention arbitraire». Il ajoute : «nous avons ici une procédure qui a été inventée de toutes pièces simplement parce que Guy Marius Sagna gène.

Nous sommes en démocratie, et il faut accepter la contradiction et les critiques tant qu’elles sont du domaine admissible. Il n’appartient pas au procureur de s’autosaisir par rapport à des faits qui n’existent pas. Si cette affaire passe, nous serons tous en danger et nous manquerions nous-mêmes à notre vocation de défendre les libertés au Sénégal. Nous sommes un contrepouvoir, des refuges pour les faibles, et tous ceux qui sont victimes des violations de droits fondamentaux. C’est pourquoi nous ne pouvons pas rester inertes».

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