[Tribune] : La politique d’aménagement et les fonctions techniques, le Corps des Ponts et Chaussées du génie civil à l’aménagement du territoire
Le Corps des Ponts et Chaussées et la politique d’Aménagement du Territoire se situe dans le cadre d’une réflexion sur l’Architecture, les Corps Techniques et l’Etat et renvoyait à l’origine au débat ingénieur-architecte, et à la monopolisation ,prétendue ou réelle, par les ingénieurs des interventions sur l’espace.
Le cas des ingénieurs des Ponts et Chaussées est en effet de ce point de vue exemplaire. Le Corps des Ponts et Chaussées est souvent présenté comme l’archétype des grands corps techniques de l’Etat, et en tout cas comme un des plus anciens.
Distinct des ingénieurs militaires il préexiste au corps des Mines, laissé pour compte de l’Ancien Régime et qui ne s’organise vraiment qu’au XIXe siècle avec la montée de l’industrialisation.
En ce sens la création de « l’Ecole » des Ponts et Chaussées par Daniel Trudaine en 1743, présentée comme une date fatale pour les architectes cautionnerait l’installation d’un corps d’ingénieurs destinés à prendre en charge l’aménagement du territoire et traduirait dès l’Ancien Régime un choix de l’Etat, involontaire et inconscient sans doute , mais qui n’en est pas moins significatif,en faveur des ingénieurs dans le conflit qui se dessinait entre ingénieurs et architectes.
Avec la création de l’Ecole des Ponts et Chaussées et le système de recrutement et de « reproduction » qu’elle met en place et qui préfigure le système des « Grandes Ecoles » se serait ouvert un processus de monopolisation de la structuration de l’espace en faveur des ingénieurs avec toutes les conséquences qui en découlent au niveau de la conception de cet espace.
L’histoire du Corps des Ponts et Chaussées, devenu partie intégrante de l’appareil d’Etat refléterait l’histoire de l’implication progressive de l’Etat dans la structuration de l’espace, processus dont le Corps des Ponts et Chaussées apparaîtrait alors comme le produit et l’agent.
A L’Ere des technocrates pour reprendre le titre de l’ouvrage de J.P. Thoenig et à
l’époque du « Mal Français » selon A. Peyrefitte on retrouverait à la même place les
ingénieurs des Ponts et Chaussées comme agents de la centralisation
administrative.
La nomination d’un ingénieur, ce qui humiliait Fontaine est interprété par Navier
comme une option architecturale ce qui est loin d’être certain. Cette décision, prise
sur le rapport de M. de Montalivet alors directeur général des ponts et chaussées
avait été motivée par le désir de voir apporter dans les grands travaux d’architecture,
alors en projet, les conditions qui ont toujours caractérisé les travaux des ingénieurs,
c’est-à-dire la préoccupation des besoins à satisfaire, plutôt que des formes
extérieures, dans la conception, l’exactitude dans les évaluations et l’économie dans
l’exécution ».
L’aménagement du territoire est conçu avant tout comme la mise en valeur des
terres que les voies de communications traversent. La production est interprétée en
un sens quasi physiocratique comme un développement de la richesse humaine.
La construction d’une voie de communication (autoroute, chemin de fer…) augmente
dans le TERRITOIRE qu’elle traverse la valeur de la propriété foncière, il donne un
nouveau prix aux denrées du sol; il offre une prime au travail des habitants , il excite
l’industrie, il la développe ou la fait naître, en lui procurant à bon marché les matières
premières, et en donnant un débouché à ses produits. Le bien être se propage ; le peuple, plus riche, mieux nourri, mieux vêtu est aussi plus éclairé ; la population
s’accroît, tous les genres de consommation se multiplient, les mutations deviennent
plus fréquentes, et de cette aisance générale naît pour le trésor public une foule de
revenus qui lui rapportent.
Les idées clé de la doctrine actuelle doit être la prééminence de la science,
l’importance de l’industrie, le rôle du crédit.
Bara DIOP ,Ingénieur Msc GC Diplômé de l’école nationale des ponts et
chaussées de Paris