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Explications : voila pourquoi Donald Trump n’est pas encore venu en Afrique

trump et les présidents africains
trump et les présidents africains

En provenance du 18ème Forum annuel de l’Agoa, tenu les 6 et 7 août passés à Abidjan, le Secrétaire d’Etat adjoint américain Tibor P. Nagy a trouvé important de faire une escale au pays de la Teranga. En conférence de presse vendredi, à l’ambassade des Etats-Unis, il a abordé la question de la migration clandestine, des échanges culturels, mais surtout des sujets économiques comme le Millenium Challenge Account (MCA), l’Agoa, la Zlecaf.

Son Excellence M. Tibor P. Nagy est vraiment le «Monsieur Afrique» du Président Trump, parce qu’ayant mené des missions diplomatiques pendant 20 ans dans près d’une dizaine de pays d’Afrique. Mais, aujourd’hui, c’est parce que la Chine et l’UE se positionnent mieux en termes de volumes commerciaux en Afrique qu’il fallait avoir la réflexion sur «comment revigorer les échanges commerciaux entre l’Afrique et les Etats-Unis»,

«JE NE PENSE PAS QUE L’AGOA VA ETRE RENOUVELE»

L’African Growth and Opportunity Act (Agoa) est un accord qui permet aux Etats d’Afrique d’exporter vers les Usa plus de 6500 produits sans taxes douanières. Malgré cette faveur, les volumes d’échanges commerciaux ont chuté, passant de 100 milliards de dollars en 2008 à 39 milliards en 2017. L’Agoa est-il devenu si inefficace voire obsolète devant la concurrence que son avenir inquiète? «Là, il nous reste 6 ans de partenariat et je ne pense pas que cette accord va être renouvelé. Cela a été une préoccupation des ministres africains du Commerce, il y a trois jours à Abidjan», a déclaré vendredi dernier M. Nagy. Ce dernier, comme pour expliquer les paramètres qui ont changé depuis le lancement de cet accord, précise : «si on regarde la situation du continent, on ne peut que constater combien la situation est différente d’il y a 20 ans. Il y a tellement de nouvelles forces dans le monde». Le diplomate d’étayer son argumentation par des exemples. «J’en veux pour preuve les chaines d’approvisionnement, les technologies de l’information, l’expansion des services et, en dernier lieu, il faut mentionner la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf)». Une situation économique totalement différente et à telle enseigne qu’à travers l’Agoa, il faut aussi en tenir compte. D’autant que le constat est que certains hommes d’affaires américains ne sont jamais venus en Afrique et sont réticents à l’idée d’investir dans les pays francophones.

«CE QUI M’INTERESSE VRAIMENT AU SENEGAL C’EST LES PME»

Le Sénégal bénéficie de la part des Etats-Unis d’autres partenariats comme le Millenium Challenge Account (MCA). La bonne nouvelle reste le fait que notre pays va bénéficier à partir de décembre 2019 d’un second compact du MCA qui devrait être matérialisé sur 19 projets. «A propos du MCA, il ne s’agit pas seulement de l’importance du partenaire, mais il s’agit aussi de critères qu’il faut respecter pour qu’un pays ait un compact et le Sénégal vient d’en avoir un deuxième ; cela montre bien que les critères ont été atteints», indique M. Nagy. Comme pour dire qu’il faut aussi privilégier d’autres formes de partenariats microéconomiques, le secrétaire d’Etat adjoint américain de poursuivre : «ce qui m’intéresse vraiment, c’est les Pme, parce que ce sont elles qui créent la plupart des emplois». Car, ajoute-t-il, ce dont le Sénégal aura besoin dans l’avenir, ce sont des emplois pour les millions de jeunes. «C’est ça la voie de la prospérité dans l’avenir et je ferai mon mieux surtout en ce qui concerne les programmes d’échanges culturels», précise le diplomate.

«SI LES GENS, DANS LEUR PROPRE PAYS, ONT DES OPPORTUNITES, ILS VONT RESTER CHEZ EUX»

Sans complexe, le secrétaire d’Etat adjoint aux Affaires africaines a pris son propre exemple et celui de l’ambassadeur des Etats-Unis au Sénégal. «Pour son Excellence Mushingi (origines congolaises) et moi-même (origines hongroises) – il s’agit d’une question très personnelle -, aucun de nous deux n’est né aux Etats-Unis. Personnellement, je suis arrivé aux Usa comme réfugié politique», raconte M. Nagy. Un sujet qu’il rapproche à l’émigration clandestine. «En effet, il y a l’émigration clandestine qui se situe en dehors du cadre de la loi. Par exemple, nous deux sommes allés aux Usa dans un cadre légal et nous avons pu profiter des opportunités incroyables qui existent là-bas», argue-t-il, remarquant dans la foulée que «si les gens, dans leur propre pays, ont des opportunités, ils vont rester chez eux, parce qu’on est mieux chez soi».


POURQUOI TRUMP N’EST PAS ENCORE VENU EN AFRIQUE ?

Le Président Trump lui est resté «chez lui» et si ce fait est bien pointé du doigt par la plupart des dirigeants africains, son chargé des Affaires africaines s’est voulu être son avocat en expliquant les raisons. «Tous les autorités africaines me posent cette question parce qu’ils veulent que le Président Trump vienne dans leurs pays», indique M. Nagy, qui ajoute que cela s’explique : «d’abord, il faut reconnaître que c’est son 1er mandat. En ce qui concerne les Présidents précédents qui ont eu à venir en Afrique, c’est pour la plupart dans le cadre de leur second mandat, ou très tard dans le premier».

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