[Tribune] Sonko, ou le lamentable parcours d’un Don Quichotte des Tropiques
« Un patriote es est celui qui soutient la République en masse. Quiconque la combat en détail est un traitre »
« Un patriote es est celui qui soutient la République en masse. Quiconque la combat en détail est un traitre » St Just
Si on écoute Sonko d’une seule oreille et sur une seule déclaration, on pourrait facilement tomber sous son charme.
Si on écoute deux ou trois de ses sorties, on se fait une religion : ce garçon n’est pas seulement immature. Il est dangereux, aussi bien dans son (devrais-je dire « ses ») discours, son parcours que dans sa démarche.
Ses repères et références sont tout aussi erronés. Sonko se base sur deux piliers : la brièveté du séjour de Macky Sall dans l’opposition (3 ans et demi) et sa base sympathique (bassin arachidier où il est né et le monde haal pulaar. L’un dans l’autre, sa surface en suffrage compte 45% du corps électoral. Ça aussi, c’est l’œuvre du Tout-Puissant que Sonko défié par deux fois durant la campagne pour la dernière Présidentielle, en déclarant publiquement « Dieu ne donne pas le pouvoir »
Là, « y a pas match » comme disent nos cousins ivoiriens. L’entourage de Macky a toujours été plus pertinent et a évité autant que faire se peut de verser dans les quolibets, les insanités, le mensonge et l’impertinence. Cela compte dans les résultats d’un leader. Parce qu’un adversaire politique n’est pas un ennemi à abattre. C’est juste un adversaire le temps d’une joute. Eumeu Sène vient de déclarer que son Roi des Arènes est Modou Lo. Quelle noblesse de cœur ! pour la surface sociale, c’est Dieu qui définit notre destinée et donne le pouvoir par le truchement d’une consultation populaire.
Sa démarche et son discours ?
Ayant cru bien avoir étudié le système politique sénégalais, il a vite compris qu’il n’avait pas sa place dans la configuration et les circonstances politiques actuelles. Il lui a fallu donc conceptualiser ce « système », puis inventer une nouvelle posture. L’ « antisystème ».
Savait-il que l’antisystème était un système ? Que l’antineutron est un neutron ? Que l’antimatière est une matière ?
Ca y est ! Le mot est trouvé ! il ne restait qu’à enfourcher le cheval. Il a eu le tort de commencer sa cavalcade dans une partie du pays où sévit la mouche tsé-tsé. La bête morte, il ne pouvait plus reculer.
Sonko a étudié la Science Economique. Il fut certainement brillant étudiant. Mais la gouvernance est holistique et il n’a certainement pas eu le temps d’apprendre et d’assimiler les rudiments prodigués par ses amis.
Le drame de ce concitoyen, c’est qu’il prétend TOUT savoir : les mines, le pétrole, l’environnement, le droit et que sais-je encore …
« Tu veux faire ici l’herboriste et ne fus jamais que boucher » La Fontaine (in Le cheval et le Loup)
Dans les amphis de l’Université, on lisait beaucoup de recueils de Pulitzer et autres au sein de l’UNAPES. On y apprenait que l’extrême gauche travaillait pour l’extrême droite. Citons-le un peu.
« Dès mon accession au pouvoir, je ferai fusiller sans état d’âme tous les Présidents qui ont eu à diriger ce pays où on meurt encore en accouchement faute d’hôpital a … Bignona
Senghor ? On l’exhume de Bel Air pour le fusiller, pardi !
Abdou Diouf ? Le peloton d’exécution, diantre, de même que Wade et Macky.
Jason défiant le Minotaure pour la toison d’Or ou Don Quichotte, le héros de Cervantès a la conquête des moulins à vent ?
D’où Sonko a-t-il pris ce goût du sang humain ? De son ascendance de Bésire ? Certainement pas, même si deux de ses proches parents ont eu à trahir les corps habillés où ils travaillaient après des scénarii de trahison qui feraient pâlir Flagada et Ganelon. Les gens de Bésire sont de bonnes gens extrêmement pacifiques et vivables.
Ousmane, avez-vous une seule seconde pensé que le Sénégal a rompu avec la peine de mort ? Si vous gagnez et que vous la rétablissiez, faudra-t-il l’accompagner de lois personnelles et rétroactives ?
Les jours passent, la peur de perdre le gagne en rase campagne et il rencontre la realpolitik. On lui fit comprendre qu’on ne peut gagner une bataille en promettant du sang et des larmes. Le Sénégal a dépassé l’heure des assassinats politiques depuis près de vingt ans, et qu’aucune chapelle politique, en solitaire, ne saurait sortir vainqueur d’une élection, fût-elle une chapelle « antisystème ». Et Sonko, tel qu’il paraît, ne semble pas en mesure de survivre politiquement de sa déconvenue de la Présidentielle.
Alors, il ira contacter le dinosaure du système, le créateur, le fabricant du par définition : Me Abdoulaye Wade, pour la récolte qu’on sait. Sonko ne s’appelle pas Karim, de patronyme Wade.
Mais il fallait gagner à tout prix. Wade sauvé du peloton d’exécution, que gagnerait Sonko à promettre la Géhenne à Diouf ?
Restait alors uniquement Macky Sall et toute l’administration avec. Pour l’avoir, il fallait sortir le sac à mensonges, dont voici les plus succulentes :
« on cherche à m’assassiner »
« si je ne gagne pas cette élection, Macky Sall me mettra en prison le soir du 24 Février »
« Le fils du Président est entrain de construire des immeuble aux Emirats »
« les députés ont bénéficié de 10.000.000 CFA »
« les députés ne paient pas l’impôt … »
« 94 milliards détournés par untel »
Rien de tout n’a été, n’est et ne sera.
Le couteau entre les dents et l’énergie cinétique aidant, il a dépassé l’échéance du 24 Février 2019 dont il est sorti gros jean comme devant (médaille de bronze pour quelqu’un qui rêvait de victoire.
Maintenant il se fait piteusement le champion du fait divers.
Un accident à Carnot ? Le responsable est bien évidemment Macky Sall.
Un arbre qui tombe à Gourel Ndiapaldé ? N’allez pas loin. C’est le même responsable.
Un « woupouya » qui se renverse à Wéndou Thingoly ou un jakarta qui dérape à Ndédieng ? C’est Macky Sall.
C’est comme si le Sénégal était né sous Macky Sall !
Même Dieu a mis 6 jours à faire et parfaire les Cieux et la Terre avant de se choisir un jour pour … se reposer ! Dommage qu’Il ne fut pas allé à Biarritz astaghfiroullah !
Dernière curiosité ? Sonko s’encagoule maintenant en sortant dans le monde. Dix jours avant la Tabaski, il est entré dans un endroit très fréquenté par la jetset en … capuche ! Un accoutrement imposé par sa secte religieuse ou un subterfuge pour se cacher ? De qui ? De ceux qui devront l’élire dans un peu moins de 5 ans quand il aura changé de discours et de posture ?
De dérision en dérision, on finit par s’emmêler les pinceaux.
Relisez Lafontaine dans « le meunier, son fils et l’âne », brillamment interprété en musique par Youssou Ndour. Ah pardon, ils préfèrent certainement Wagner ànos grands hommes, fussent-t-ils musiciens.
Quand le premier flic (comme vous dites) va se reposer dans la magnifique réserve de Fatala (il m’a donné envie d’y passer quelques jours) tout en promouvant par les belles photos qu’il a publiées de sites pareils qui foisonnent dans le pays, Sonko et ses sbires déclament haut et fort qu’il est responsable des accidents de la route et des agressions. Félicitez-le au moins si vous fustigez les vacances de son guide politique.
Et quand le Président Sall -dont on lit la fatigue sur le visage- va à Biarritz avec sa travailleuse et efficace moitié, il devient un renégat qui aurait dû rester au pays.
Senghor passait ses vacances en Normandie, Diouf ailleurs en France, Wade à Versailles, et c’était normal. Mais Aly Ngouille Ndiaye dont les services ont organisé les élections et son illustre patron qui est entré dans l’Histoire par Son portail, par ailleurs patron de tous ses concitoyens –quel honneur divin et quel bonheur pour la majorité des sénégalais- n’y ont pas droit.
Aboyez Messieurs-dames, la caravane est déjà loin du terrier des putois !
Dans aucun pays du monde, personne n’a été élu pour’ devenir, ni masochiste, ni adepte de l’autoflagellation !
Abdourahmane Ndiaye
Membre Initiateur et Fondateur de l’APR
Membre du Directoire et du
SEN / APR