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Visite du Premier Ministre français au Sénégal: la France gagne encore un marché qui s’élève à des centaines de millions d’euros

Visite du Premier Ministre français au Sénégal: la France gagne encore un marché qui s'élève à des centaines de millions d'euros
patrouilleurs hauturiers opv 58

Alors qu’il recevait hier le sabre d’El Hadji Omar Tall des mains du Premier ministre français Édouard Philipe, le Président Macky Sall a fait un nouveau cadeau à la France. Le cadeau en question, c’est une commande de trois nouveaux patrouilleurs du groupe français Kership, ainsi que des missiles du groupe européen basé en France MBDA. Le tout pour «plusieurs centaines de millions d’euros». Le problème dans cette affaire, c’est que les navires proposés par la firme française ont fait l’objet de rejet de la part d’un pays européen : Chypre.

La visite du chef du gouvernement français Édouard Philippe a été l’occasion pour l’Hexagone de faire, une nouvelle fois, une bonne affaire au Sénégal, avec la signature d’une série d’accords entre les deux gouvernements à Dakar. Parmi ces accords, plusieurs contrats juteux décrochés par les entreprises françaises. Dont les plus importants sont les contrats pour l’acquisition de trois nouveaux patrouilleurs avec le groupe français Kership et celui pour l’achat de missiles signé avec le groupe européen basé en France MBDA. Kership, qui est une co-entreprise de Piriou et Naval group, doit ainsi livrer trois patrouilleurs hauturiers OPV 58 pour «plusieurs centaines de millions d’euros», comme déclaré par Pascal Piriou, président du groupe éponyme. Cette acquisition, formalisée au palais présidentiel sénégalais, en présence du chef de l’État Macky Sall et du Premier ministre français Édouard Philippe, se double de l’achat de missiles mer-mer et mer-air de l’européen MBDA, dont le siège est au Plessis-Robinson (Hauts-de-Seine).

L’OPV 58 de Kership (58,2 mètres de longueur et 9,5 mètres de largeur pour un déplacement de 550 tonnes) a pour mission de réaliser des opérations de maintien de l’ordre en mer et d’assurer la surveillance des côtes et des ZEE (Zone économique exclusive). L’entreprise le définit comme un navire robuste, compact et compétitif, capable de remplir des missions militaires comme civiles telles que l’aide humanitaire, la lutte contre la pollution, les trafics ou la piraterie.

Dans la presse française, on salue déjà les performances de l’entreprise de Concarneau (ouest de la France) qui, dit-on, a connu plusieurs succès à l’export cette année. Elle fait notamment allusion à la vente de quatre patrouilleurs hauturiers destinés à la marine argentine pour un contrat d’environ 300 millions d’euros. Mais également de douze chasseurs de mines au profit de la Belgique et des Pays-Bas.

Chypre dit niet à la France, malgré les offres mirobolantes de Paris

Pourtant, malgré tout le bien qui est dit de l’entreprise française, qui s’est implantée au Sénégal en 2017, Piriou ne vit pas sans difficulté. En effet, depuis plusieurs mois, l’entreprise française qui est en discussions avec Chypre peine à faire signer Nicosie, à qui elle veut vendre deux patrouilleurs pour 75 millions d’euros. Dans cette affaire, si Paris a pesé de tout son poids diplomatique, Nicosie traîne encore les pieds pour des raisons qu’on ne sait pas encore. Et pourtant, Chypre souhaite conclure un accord avec la France pour faire de la base navale de Mari une base régulière de mouillage des navires de guerre français.
Toujours dans le but de faire signer Chypre, la Marine française s’est même dit prête à s’y engager dans le cadre du projet de Chypre visant à agrandir la base navale de Mari, un village situé dans le sud du pays. Mais à la condition que Nicosie fasse un geste et un choix clair en faveur de la France et de ses patrouilleurs. Ce qui ne semble pas être totalement le cas encore.

Tout cela pousse certains à se demander de quoi a peur le pays de Níkos Anastasiádis (président de la République de Chypre depuis 2013) à propos de ces navires français, malgré toutes les assurances de Paris. Selon certains informations, Chypre n’est pas satisfaite de la proposition française. Les spécialistes ont d’ailleurs invité la France faire un effort sur sa proposition en matière de crédits et de garanties. Et cela le plus rapidement possible. Car Israël, les États-Unis et l’Italie sont en embuscade et guettent également l’occasion de capter à leur profit la défense de l’île et de ses ressources naturelles, dont des gisements de gaz très prometteurs convoités par la Turquie.

Un flou total sur le prix

L’autre chose qui n’est pas nette dans cette affaire, c’est le prix des navires. Saluant la belle affaire pour son entreprise, Pascal Piriou, président du groupe Piriou, a déclaré qu’ils doivent livrer les trois patrouilleurs hauturiers OPV 58 pour «plusieurs centaines de millions d’euros», ne précisant ainsi ni le prix encore moins les délais pour ce contrat. Toutefois, la presse française indique que l’accord signé avec le Sénégal est comparable à celui qui a été paraphé avec l’Argentine pour la fabrication de quatre patrouilleurs hauturiers OPV 58 pour 300 millions d’euros.

Sidy Djimby NDAO – Les Echos 

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