Interview

Entretien exclusif : l’histoire de Chérif Sidy Mohamed Aidara racontée par son petit fils Chérif Bachir Aidara

Entretien exclusif : l'histoire de Chérif Sidy Mohamed Aidara racontée par son petit fils Chérif Bachir Aidara
Chérif Bachir Aidara

Chérif Bachir Aidara raconte l’histoire de son grand-père, Chérif Sidy Mohamed Aidara, originaire de Tombouctou (Mali) de par son père, et père fondateur du village de Sibicouroto, à Ziguinchor. Sibicouroto est un terme mandingue composé de deux mots : Sibo, qui signifie rônier et couroto qui signifie archipel, un regroupement. Son petit fils évoque également la femme Djinn du Cherif, sa relation avec les familles religieuses de son époque etc…. Chérif Bachir Aidara dit tout à KLINFOS.COM

Entretien….:

Klinfos : Qui était Chérif Sidy Mohamed Aidara ?

« C’est mon grand-père, Chérif Sidy Mohamed Aidara. Son papa est originaire de Tombouctou et c’est son papa d’ailleurs qui a quitté sa terre natale de Tombouctou pour venir vers le Sénégal, la Gambie, la Guinée Bissau et Chérif Sidy c’est son dernier fils. Moulaye Boubacar a eu 4 filles et 4 garçons et Chérif Sidy c’est le tout dernier. Alors il s’est installé comme vous le savez dans le village de Sibicouroto. Alors qui est-il ?  Une fois je suis allé à Paris, on m’a invité à une conférence le thème c’était la vie et l’oeuvre de mon grand-père Chérif Sidy. Des journalistes sont venus me demander je l’ai dis si vous voulez comprendre l’histoire si vous voulez connaitre l’homme, il faut d’abord connaitre la géographie. Vous voyez l’Afrique le Sénégal c’est à l’Ouest, la Casamance se situe au Sud du Sénégal et Sibicouroto c’est presque un tout petit village où l’accès est extrêmement difficile, même en voiture c’est difficile, même en vélo pour y aller à cette époque là c’est extrêmement difficile. Alors j’ai dit Chérif Sidy qui étant à Sibicouroto donc qui ne voyageait pas entre 1930 et 1941 parce-qu’il est né en 1860, il versait régulièrement de l’argent à la croix rouge internationale, il versait de l’argent aux victimes de guerres donc des associations, il mettait son argent à l’époque, j’ai des chiffres. Si je vois par exemple en 1932, il a donné 2.000 francs à l’époque à la croix rouge internationale. J’ai dis, vous vous posez des questions pour dire mais lui étant dans ce village très reculé au fond de la casamance, comment il su…… je dis c’est la dimension de l’homme. C’est pour vous dire que cet homme là comme nous en tant que croyant, les « Waliyou » ils connaissent tout, parce qu’un Waliyou c’est l’ami de Dieu. Chérif Sidy il a fait tellement de miracles et quand vous écoutez nos griots de la casamance, il y’ un morceau très célèbre ‘Sidy yéllà, Sidy yéllà’ cela veut dire que Sidy est parti. Il a formé des milliers et des milliers d’érudits. Sibicouroto c’était l’attraction des gens qui venaient du Mali, de la Gambie, de la Guinée et même du Maghreb à la recherche de cette chance mystique là. Donc son fils aîné est Chérif Ibrahima et Chérif Ibrahima c’est mon papa. Déjà à l’age de 8 ans 10 ans, j’ai commencé à prendre en charge la comptabilité de mon père. C’est à dire lui qui était planteur, j’était chargé de vendre les oranges, les mangues… donc avec lui très tôt j’ai eu le gout des mathématiques et les calcules ensuite je suis devenu son secrétaire. Donc c’est lui qui a crée l’école de Sibicouroto »

Lui, il était de quel Tarikha ?

   « Il était Quadr mais il était aussi Tidiane, il donnait les deux Wirds »

Chérif Sidy, il est Quadr. Il est depuis sa naissance très jeune, c’est son grand frère aîné qui lui a appris le coran qui l’a maîtrisé à l’âge de 7 ans, 8 ans. Mais quand il a atteint l’âge adulte, son maître spirituel c’est Cheikhna Cheikh Sadbou parce que c’est son père qui l’a confié à Cheikhna Cheikh Sadbou. Alors Chérif Sidy n’avait même pas 3 ans. Parce que Chérif Sidy c’est à l’âge de 3 ans que son père est décédé. Donc Cheikhna Cheikh Sadbou c’est sa référence, c’est son maître spirituel. Il était Quadr mais il était aussi Tidiane, il donnait les deux Wirds.

Quel a été sa relation avec les génies ?

  » Chérif Sidy avait une femme djinn « 

Tu sais là c’est un autre domaine que nous apposerons après (rires). Tu sais quand on dit ce qu’on appel les génies, les djinns, quand tu dit ça à quelqu’un qui ne connait pas tellement, il va dire mais comment ça c’est possible ? or Dieu à dit dans le Coran ‘J’ai crée les personnes et ces djinns là pour m’adorer, Dieu’ donc ils sont là. Si on dit par exemple quelqu’un a marié une femme djinn, mais c’est possible ou ce n’est pas possible ? alors que c’est le Coran qui le dit, voilà en gros. Chérif Sidy avait une femme djinn et tout ceux qui vont à Sibicouroto le savent, il a une fille djinn qui est là-bas »

Sa relation avec les autres familles religieuses de son époque ?

Il avait d’excellentes relations avec les Mourides, avec Cheikh Ahmadou Bamba. Les correspondances qui étaient entre les deux, nous avons ses correspondances là. Une fois j’ai montré la lettre que Serigne Touba a envoyé à mon père au fils aîné de Serigne Mourtalla, Serigne Mame Mor que je connait bien, qui est un ami. Il avait des relations avec Tivaouane. Mon père avait d’excellentes relations avec Baye Niasse et pour le confirmer, le jeune petit-frère de mon père, Chérif Ismail qui était le deuxième Khalif, Moulay Mansour Aidara ont appris le Coran ici à Kaolack. C’est mon père qui les a envoyés auprès au Baye Niasse. Il avait des relations avec la famille Kounta et d’excellentes relations. Mais indépendamment du Sénégal, en Gambie n’en parlons pas, en Guinée Bissau, au Mali et en Mauritanie. Donc Chérif Sidy Aidara avait des relations avec toutes ces familles religieuses, toutes ces grandes familles religieuses il avait d’excellentes relations. Quand vous visitez un peu la bibliothèque de Chérif Sidy, vous trouverez toutes ces correspondances qui avaient jusqu’au chez les ‘Diakhankés’ à Fouta Touba, j’ai trouvé des lettres, c’est là-bas où j’ai compris qu’à Fouta Touba, il y’a des familles de Mouhamadoul Razzali, il y’a des familles de Mouhamadoul Sanoussi, c’est à partir des correspondances qu’ils envoyaient à Chérif Sidy. Donc il avait d’excellentes relations avec toutes les familles religieuses du Sénégal en particulier »

On entendait souvent parler que Chérif Sidy avait un gris gris, quelqu’un qui le portait même s’il tombe dans l’avion… (il coupe)

Wey, bon, tu sais les gens parlent souvent de miracle, moi je dis est ce que le miracle existe ? C’est des choses qui dépassent les gens, chez Dieu il n’y a pas de miracle. Nous même quand on regarde comment nous avons été crée donc il n’y a pas de miracle. Dieu donne à qui il veut et ce qu’il veut et personne ne peut absolument rien. Tu vas dans des sociétés qui ne sont pas musulmanes, des gens qui n’ont aucune religion mais ils ont un pouvoir extraordinaire. Dieu confie des pouvoir à qui il veut. D’ailleurs ce qui fait la grandeur de ses hommes là c’est les miracles. Donc il y’a des choses partout hein, il y’a des choses aussi chez nous (Rires) »

Entretien exclusif : l'histoire de Chérif Sidy Mohamed Aidara racontée par son petit fils Chérif Bachir Aidara

Et lui il habitait dans une maison étage en banco ?

Tu sais souvent on dit étage, non c’est pas une maison étage en faite. C’est une maison, tu sais, c’est vraiment élevé. Il a élevé je crois jusqu’à un mètre, un mètre 50 et là-bas il a construit sa maison. Et comme c’est la maison qui est un peu haute par rapport aux autres, les gens quand ils vont chez le vieux, ils disent la maison à étage voilà. Mais c’est pas comme les étages ici où il y’a des raide-chaussés et premier étage. Et d’ailleurs une fois quelqu’un m’a posé la question, tu sais quand tu vas à Ziguinchor, il y’a une route qui passe par le camp des gardes, personne n’y passe. On dit voilà parce que le Chérif a maudit, il n’a pas maudit, quand il passait là-bas, il était énervé, il était très en colère. J’ai dis les Saints, ils ne font pas ça. Il était très en colère quand il passait sur cette route là. Aujourd’hui, Chérif Sidy, il y’a qu’une de ses filles qui vit actuellement qui est en Gambie, c’est Maimouna. Mais les hommes ce sont ces petits fils. Aujourd’hui le Khalife c’est Moulay Aboubakar Aidara qui est à la maison après c’est Ousmane et moi je suis le porte parole ».

Fallou Gallas Sylla

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