Université Sine-Saloum de Kaolack: les malformations d’un nouveau-né
La gestion des universités est réelle partout au Sénégal. Mais le cas de l’Université El Hadji Ibrahima Niasse est inédit. C’est la dernière université mise en place au Sénégal mais la première qui ne dispose pas de son propre bâtiment.
L’Université du Sine-Saloum El Hadji Ibrahima Niasse (Ussein) est dans une situation chaotique. Ouverte il y a bientôt une année, l’Ussein a démarré ses cours dans une situation rocambolesque, avec seulement un budget de 1 milliard 500 millions francs Cfa.
C’est le coordonnateur du Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes) de l’Ussein, Carelan Sy qui a exposé les maux de l’université benjamine du Sénégal, à l’occasion d’une rencontre avec la presse et à laquelle ont pris part les coordonnateurs Saes des différentes universités publiques du pays.
« On nous a alloué 1 milliard 500 millions pour débuter. Alors que l’université a 35 licences avec 1 750 étudiants. Mais ce budget insuffisant devait prendre en compte, au dernier moment, les œuvres sociales. On s’est retrouvé dans une situation où quasiment ce qui était prévu n’a pas été fait», regrette-t-il.
Au départ, l’idée pour les responsables de l’université c’était de recruter 35 enseignants. Mais elle s’est retrouvée finalement avec 28 enseignants. Le reste c’est des attachés temporaires d’enseignant et de recherche (Ater) et des vacataires. Ce qui a été pénible, selon le coordonnateur.
Au-delà de ce problème, il y a celui du service de scolarité fonctionnant avec trois personnes pour s’occuper de 1750 étudiants. Ce qui fait que ce sont les enseignants qui deviennent eux-mêmes les surveillants, déplore Carelan Sy.
Université multi-sites et sans bâtiments
L’Université El Hadji Ibrahima Niasse est la seule université du pays qui n’a pas de bâtiments. Les étudiants et enseignants sont logés par les EFI, c’est-à-dire là où on forme les élèves maîtres.
« On n’a pas de bâtiments appartenant à l’université. On est hébergé à Fatick, Kaolack et Kaffrine par les EFI. On nous a donné quelques locaux pour pouvoir fonctionner. Par exemple, à Kaolack, on a deux amphithéâtres qui peuvent accueillir 200 à 250 étudiants avec une salle de 100 places. Quatre salles de travaux dirigés. Rien qu’à Kaolack, nous avons 15 licences de 50 étudiants par licence», renseigne le syndicaliste.
La gestion des emplois du temps est un vrai casse-tête pour les enseignants, selon Carelan Sy. Alors que le ministère de l’Enseignement supérieur demande une augmentation de capacité d’accueil. Elle devrait accueillir cette année 2000 étudiants.
« On a réfectionné quelques bâtiments pour pouvoir accueillir au plus 750 étudiants. Quand la mesure est sortie, on s’est dit que nous allons faire un effort d’accueillir un peu plus. Au final, on est arrivé à une capacité supplémentaire de 900 étudiants. Et on nous dit que vous allez accueillir 2000, c’est-à-dire plus que ce qu’on avait à l’ouverture de l’université », déplore-t-il.
Par ailleurs, le coordonnateur Saes de Ussein regrette le fait que le ministre de tutelle, Cheikh Oumar Hann, n’est jamais venu dans l’université du Sine-Saloum. A l’en croire, c’est la raison pour laquelle leurs doléances ne sont pas prises en compte.
Pendant ce temps, l’Université El Hadji Ibrahima Niasse a besoin de 50 enseignants, mais elle devrait en recruter uniquement 15. Soit un gap de 35 enseignants. Un cas inédit, déplore-t-il, pour une université qui a besoin de monter en puissance.
Avec seneweb