Activisme

Harcèlement sur les membres de Ñoo Lank : vers une plainte contre la Police sénégalaise

Collectif Noo Lank
des membres de Ñoo Lank arrêtés puis libérés

Cheikhou Camara, Fou Malade, Thiat et douze autres personnes ont été interpellés samedi dernier lors d’une opération de sensibilisation. Les enquêteurs leur imputent le délit de rassemblement illicite non déclaré. Pour leur avocat Me Khoureïchi Bâ, c’est une arrestation arbitraire à laquelle il faut mettre un terme. Il envisage de saisir la Chambre d’accusation contre les Officiers de police judicaire.

Samedi dernier, Cheikhou Camara (Y en a marre), Adja Samir Seck (Petro Team), Almamy Talla (Fou Malade, Y en a marre), Pape Gadiaga (Y en a marre), Fallou Diagne (Nitu Deug Valeur), Mamadou Ndoye (Snp), Oumar Touré (Thiat, Y en a marre), Pape Diallo (Yen a marre), Seyni Diaby (Frapp), Moriba Cissokho (Y en a marre), Abdourahmane Samaké (One million), Babacar Yabaré (Y en a marre), Gabriel (Y en a marre) et Pape Abdoulaye Touré (Snp) sont tombés entre la mains de la police, à la suite d’une opération de sensibilisation qu’ils menaient en procédant à des distributions de flyers, à travers les rues de Dakar. Aux yeux de la police, cela constitue une entorse à la loi et plus précisément un rassemblement illicite non déclaré. Une infraction à la loi qui leur a valu un maintien au violon. Mais, trop c’est trop ! Selon Me Khoureïchi Bâ qui les a assistés à la police.

«La Chambre d’accusation a le pouvoir de suspendre tous les officiers de polices judiciaires»

Selon l’avocat, la justice doit mettre fin à cela. Déjà, le 20 décembre, des manifestants avaient été interpellés puis relâchés, ensuite le 31 décembre, d’autres manifestants ont subi le même sort. C’est toujours, selon la robe noire, «des arrestations arbitraires, sans fondement», qui se soldent par la mise en liberté des manifestants. Pour l’avocat, une fois ça passe, deux fois ça lasse, mais trois fois, ça casse. Il envisage de saisir la Chambre d’accusation.

«Ces jeunes ne font que manifester un acte citoyen, une liberté fondamentale, un droit d’expression sur la liberté d’aller et de venir, garantie par la constitution. De petits groupes qui distribuent des flyers et ils veulent en faire un délit, c’est extrêmement grave. Il est temps de s’attaquer à ces enquêteurs. S’ils sont prompts à exécuter des ordres manifestement illégaux, il faut qu’ils en répondent», peste la robe noire.

Il poursuit : «c’est un crime contre l’humanité qui est en train de se perpétrer de sang-froid. Je ne veux pas entrer en guerre ouverte avec eux, mais il est temps de leur dire que cela ne peut plus continuer. Ils ne sont pas au-dessus des lois. On envisage de les attaquer devant la Chambre d’accusation qui a le pouvoir de suspendre tous les enquêteurs, tous les officiers de polices judiciaires», martèle encore la robe noire. Me Khoureïchi Bâ est d’autant plus en colère qu’à l’en croire, au même moment, des jeunes partisans du régime distribuaient aussi des flyers qu’ils jetaient dans les véhicules sans jamais être inquiétés.

Des policières en civil, habillées en vendeuses de thé ou de café Touba, ont infiltré les manifestants…

L’autre grief reproché aux enquêteurs, c’est l’infiltration. A en croire la robe noire, des policières en civil, habillées en vendeuses de thé ou de café Touba, ont infiltré les manifestants pour les signaler à leurs collègues qui procèdent aux arrestations. Thiat, pour sa part, a été arrêté à l’arrêt du bus, alors qu’il venait juste de descendre du car. Arrêté également, son camarade Cheikh Oumar Touré a, lui, été brutalisé. Toutes choses qu’il s’agit de stopper, si l’on en croit Me Bâ.
En tout cas, les jeunes ont pris la résolution depuis le 20 décembre dernier de ne plus répondre aux questions des enquêteurs, hormis les questions d’identification.

Noo Lank assigne l’agent judiciaire devant la Cour suprême

La manifestation de Noo Lank est une protestation contre la hausse du prix de l’électricité. Et les manifestants ne comptent pas seulement se battre dans la rue. Ils ont aussi saisi la justice. Si l’on en croit Me Khoureïchi Bâ, ils ont saisi la Cour suprême d’une procédure en référé pour que l’Etat revienne sur la «décision illégale d’augmentation du prix de l’électricité». L’agent judiciaire est ainsi assigné en référé, mais aussi au fond.

Alassane Drame

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