Espagne : 3 mois après leur décès par suffocation, les corps de deux migrants sénégalais vont être rapatriés
En Espagne, les corps des deux migrants sénégalais décédés par suffocation sur leur lieu de travail vont enfin être rapatriés Sénégal. Ce grave incident qui s’est déroulé dans la ville de Alpujarra de la Sierra, au mois d’octobre dernier, avait laissé tout le monde meurtri, d’autant qu’après leur décès, les corps des deux Sénégalais ont dû rester en Espagne pendant trois mois, faute de moyens pour les ramener au pays. Cela appartient désormais au passé, puisqu’un homme d’affaires sénégalais a déboursé 9.000 euros (près de 6 millions Cfa) pour que les corps de ses deux compatriotes puissent prendre l’avion.
Enfin, les familles des deux migrants sénégalais décédés depuis octobre 2019 vont pouvoir faire leur deuil. En effet, un peu plus de trois mois jours pour jour après la découverte des corps de ces deux migrants sénégalais, leurs dépouilles vont enfin être rapatriées au Sénégal. C’est le 23 octobre 2019 que les corps sans vie des deux jeunes Sénégalais ont été découverts dans une ferme située à Alpujarra de la Sierra, une commune de la communauté autonome d’Andalousie, dans la province de Grenade. Le lendemain, la Garde civile, la police espagnole, a arrêté le propriétaire de la ferme «Yegen», pour violation du droit des deux travailleurs sénégalais qui travaillaient sans contrat depuis septembre dernier.
Selon la police espagnole, le propriétaire de la ferme a menti aux agents lorsqu’il leur a dit qu’il avait donné aux deux migrants un abri dans sa ferme à cause du mauvais temps deux jours auparavant. En effet, la Garde civile a constaté que les corps ne montraient aucun signe indiquant qu’ils avaient subi des violences ou qu’un tiers avait causé le décès, et l’autopsie a confirmé plus tard que les deux hommes étaient décédés par inhalation de monoxyde de carbone.
«Leur travail consistait à cueillir des tomates et des haricots»
C’est ainsi qu’une équipe judiciaire de la police territoriale de la Garde civile d’Órgiva, une municipalité de la province de Grenade dans la communauté autonome d’Andalousie, a pris en charge l’enquête. Celle-ci, dans le cadre de son enquête, va faire des graves découvertes qui contredisent la version du propriétaire de la ferme. En effet, quelques heures après qu’ils ont hérité de l’enquête, l’équipe judiciaire de la police territoriale a trouvé le frère d’un des deux morts qui était établi dans la ville d’Almeria de Roquetas de Mar, qui a identifié les deux corps.
La Garde civile a également découvert plus tard que les trois frères travaillaient dans la ferme jusqu’à la veille de la mort des deux migrants. Leur travail consistait à cueillir des tomates et des haricots. Les agents ont également découvert que c’était le frère du défunt et non le propriétaire de la ferme qui avait trouvé les corps vers 6h00 du matin.
«ils travaillent 10h/jour pour 45 euros par jour de travail, argent dont il déduira plus tard le logement et la nourriture»
Les agents chargés de l’enquête ont appris que le propriétaire de la ferme a recruté le premier des frères en juin dernier, bien que ce dernier l’ait averti qu’il se trouvait en situation irrégulière en Espagne. Et qu’en septembre, il lui a demandé s’il connaissait quelqu’un qui voulait travailler pour lui ; et il lui a parlé de ses deux frères qui étaient également en situation irrégulière en Espagne. «Le fermier est allé avec sa voiture pour les récupérer tous les deux à Roquetas et depuis lors, ils travaillent pour lui 10 heures par jour pour 45 euros par jour de travail, argent dont il déduira plus tard le logement et la nourriture», détaille la Garde civile dans un procès-verbal. Le propriétaire de la ferme a été arrêté puis libéré.
C’est donc pour les besoins de l’enquête, dans un premier temps, et ensuite par manque de moyens que les corps des deux migrants sénégalais n’avaient pu être ramenés au Sénégal. Une situation désormais dépassée, puisque selon nos informations, un homme d’affaires sénégalais a payé 9000 euros pour que les familles des deux jeunes puissent enterrer leurs enfants dans leur village au Sénégal. Pendant ce temps l’enquête n’avance presque pas.