Renvoyé de son emploi à cause de sa religion : un Sénégalais poursuit son ancien patron en justice au États-Unis
Deux anciens employés d’une chaîne de restaurants populaire du Michigan ont déclaré jeudi qu’ils faisaient partie de plusieurs managers – tous membres de minorités raciales ou religieuses – licenciés l’année dernière sans avertissement ni explication.
Alicia Dunlap, qui est hispanique, et Aliou Diao, qui est un musulman sénégalais, ont poursuivi jeudi la maison d’Anna devant un tribunal fédéral, alléguant qu’ils avaient été renvoyés parce que leur appartenance ethnique et leur religion ne les rendaient pas «bien adaptés à la culture que le propriétaire d’Anna’s House essayait de créer », a déclaré Dawud Walid, directeur exécutif du Council on American-Islamic Relations-Michigan, qui a comparu avec eux lors d’une conférence de presse au bureau du groupe.
Anna’s House possède des restaurants Metro Detroit à Farmington Hills, Ann Arbor et Westland, et à l’ouest du Michigan à Kalamazoo, en Hollande, à Grandville et à Grand Rapids.
Dunlap et Diao ont déclaré avoir reçu des évaluations de performance positives et des commentaires de la direction d’Anna’s House, qui appartient à Josh Beckett.
« Anna’s House est au courant du procès intenté aujourd’hui », a déclaré Beckett dans un communiqué jeudi. « Nous avons retenu les services d’un avocat et nous défendrons ces réclamations devant le tribunal. Anna’s House a été et continue d’être un lieu qui emploie et sert des personnes de tous horizons et de toutes croyances. »
Dunlap, mère de deux enfants, a été embauchée en juillet 2017 et est devenue directrice générale du site de Westland. Elle a déchiré pendant la conférence de presse, affirmant qu’on lui avait dit de dire à deux employées afro-américaines de retirer la teinture rouge de leurs cheveux parce que la teinture violait la politique de l’entreprise.
Dunlap a dit qu’elle avait refusé. Après cet incident et deux autres – l’un impliquant une employée afro-américaine en surpoids et l’autre portant un couvre-chef – Dunlap prétend qu’elle a été licenciée.
Dunlap a déclaré que Beckett l’a appelée le 22 avril 2019 et lui a demandé si un employé travaillant au comptoir avant portait un «djihad» – en fait un hijab. Dunlap a déclaré qu’elle refusait de se conformer à la directive de Beckett demandant au travailleur de retirer le couvre-chef.
Diao a été embauchée en décembre 2017 en tant que chef de cuisine. Le ou vers juin 2019, un collègue de Dunlap a été interrogé pour savoir si Diao, un musulman, priait au travail.
Selon la plainte, Diao est obligé par sa foi de prier cinq fois par jour, y compris pendant qu’il est au travail.
En guise de logement pour Diao, un signe a été placé sur la porte du bureau par le personnel de direction «demandant aux employés de demander l’aide d’un gestionnaire si l’employé observe M. Diao prier dans le bureau», selon le procès. La porte du bureau était verrouillée et Diao avait un tapis de prière à l’intérieur qui lui permettait de prier.
Selon le procès, Beckett n’a pas demandé si d’autres employés avaient prié au travail et, le 11 juin 2019, a déclaré à un collègue qu’il envisageait de «purger Westland».
Dunap et Diao ont été licenciés sans motif ni explication, le 17 juin 2019, selon le procès. Les deux ont été remplacés par des travailleurs caucasiens non musulmans, selon la plainte.
Beckett, qui travaille dans la restauration depuis 2005, a fait des déclarations et des publications sur les réseaux sociaux qui révèlent «des préjugés raciaux, xénophobes et islamophobes qui sont au cœur de ces pratiques d’emploi illégales» selon un communiqué de presse du CAIR et le procès.
« Beckett exploite des restaurants comme si c’était en 1950 », a déclaré l’avocat Michael Pitt, qui représente Dunlap. «Il veut que ses employés soient des Américains blancs heureux et a assimilé la culture du restaurant à Disneyland. Il est même allé jusqu’à nommer l’un de ses directeurs «directeur de la magie». »
« Je travaille sur des plaintes de discrimination depuis des décennies et je n’ai jamais rien vu d’aussi inquiétant que cela aujourd’hui », a déclaré Pitt.
Le procès, qui a été confié à la juge de district américaine Linda Parker, allègue des violations des droits civils et des décisions d’emploi fondées sur la race, l’origine ethnique et l’origine nationale ou la religion.
Le procès allègue que Dunlap et Diao ont tous deux souffert d’angoisse mentale, d’humiliation, de blessures physiques, d’embarras et de détresse émotionnelle à cause de la conduite discriminatoire. Il cherche à faire réintégrer Dunlap et Diao à leurs postes antérieurs ou comparables
Il demande également une ordonnance interdisant à Beckett ou à Anna’s House de prendre d’autres mesures de rétorsion; et l’octroi de dommages et intérêts à déterminer, les frais et honoraires d’avocat.
