Burkina Faso : 33 ans après, reconstitution de l’assassinat de Thomas Sankara
Au Burkina Faso, le juge d’instruction du dossier de l’assassinat de Thomas Sankara et de ses douées compagnons a procédé à une reconstitution du drame survenu le 15 octobre 1987 sur le site Conseil de l’entente à Ouagadougou.
Selon Koaci, si la gendarmerie burkinabé annonçait un exercice militaire, qui occasionnera des coups de feu, sur les lieux où le père de la révolution a été tué, en réalité il s’y est déroulé une reconstitution du film de son assassinat.
Les familles des victimes, les témoins des événements, les inculpés dont le général Gilbert Diendere, inculpé dans cette affaire pour « attentat, assassinat et recel de corps », ont pris part à ce exercice, premier du genre.
Débuté vers 9h, c’est finalement vers 16h, que des coups de feu annoncent la reconstitution même de ce qui allait être un coup d’état qui porte au pouvoir l’ex président Blaise Compaoré, lui aussi inculpé et visé par un mandat d’arrêt international dans cette affaire.
Lors de cette reconstitution, un véhicule arrive devant le bâtiment où le président Sankara s’était réuni avec quelques proches. Des hommes débarquent puis s’en suit un échange de tirs. Des hommes sortent et tombent face contre terre. Un autre groupe est conduits les mains en l’air à côté du bâtiment.
Des tirs sporadiques jalonneront cette reconstitution jusqu’au environs de 17h. Selon l’un des avocats de la famille Sankara, Me Prosper Farama, la reconstitution «consistait à se rendre sur le terrain et que chacun expose le déroulement selon lui des événements ».
Les différents personnages ont été remis dans le contexte de l’époque pour ainsi reconstituer comme dans un film ce qui s’est passé à l’époque, le 15 octobre 1987, a-t-il poursuivi.
Selon l’autre avocat de la Famille Sankara, Me Benewendé Sankara, cette reconstitution «permet d’avancer de façon sérieuse et dans la sérénité dans ce dossier sankara, qui évolue très probablement vers un procès ».
En rappel, outre le général Diendere, une dizaine d’autres personnes majoritairement des anciens soldats du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l’ancienne garde prétorienne de M. Compaoré, ont été inculpées.
Un mandat d’arrêt international a également emis contre Hyacinthe Kafando, ancien chef de la sécurité de Compaoré. L’enquête sur la mort de Sankara a été ouverte fin mars 2015, cinq mois après le renversement de Blaise Compaoré.
En mai 2015, son corps avait été exhumé dans un cimetière de Dagnoin, en banlieue de Ouagadougoupour tenter d’établir les circonstances exactes de son assassinat. Les résultats de l’autopsie livrés mi-octobre 2015 indiquent que la dépouille du président Sankara était criblée de balles.