Politique

Assemblée nationale : haro sur le projet de loi d’habilitation « de » Macky Sall

Abdoul-Mbaye-à-Macky-Sall
Abdoul Mbaye et Macky Sall

Alors qu’on croyait assister à un consensus national sur la gestion de l’épidémie de coronavirus, l’opposition enchaine les critiques depuis quelques heures. À l’origine de cette nouvelle posture des challengers de Macky Sall, le projet de loi d’habilitation soumis aux députés pour demander à ceux-ci de donner au président de République l’autorisation de gouverner par ordonnance. En attendant la plénière d’aujourd’hui, Abdoul Mbaye, Moustapha Diakhaté ou encore Guy Marius Sagna sont parmi les critiques du projet de loi.

Dans une déclaration rendue publique, l’ancien Premier ministre du Sénégal s’adresse directement aux parlementaires. « Chers députes représentant notre Peuple, votez pour des pouvoirs spéciaux à Macky Sall contre le coronavirus. Ne lui permettez pas de suspendre notre Constitution, pratique habituelle postérieure aux coups d’état. Il doit être plus précis dans ses demandes », a d’abord invité Abdoul Mbaye.

Et d’ajouter qu’à ce jour aucun pays , y compris les plus affectés par le covid-19 n’a eu recours à une telle remise en cause de son dispositif démocratique. « […] À l’exception peut être de la Hongrie assimilée, on le sait, à une vraie dictature », précise le leader de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail (Act).

Poursuivant, Abdoul Mbaye attire encore l’attention. « Les pouvoirs d’un homme doivent toujours trouver des limites. A défaut il se perd et avec lui se perdent ceux qui se sont mis sous son joug », note-t-il encore. Et d’insister : « Soyons raisonnables! ».

Pour lui, « ce projet de loi indigne d’une démocratie et d’un état de droit dans sa si faible épaisseur, doit au moins préciser pourquoi ces pouvoirs lui sont indispensables pour gérer la crise, et dans quelle direction il compte les utiliser ». « Il est déjà bien seul sans le premier ministre pour coordonner l’action gouvernementale et le pays souffre d’un Exécutif manquant d’efficacité. Il le sera encore davantage avec une Assemblée nationale mise à l’écart et à laquelle il avait déjà enlevé le pouvoir de censure du gouvernement », constate le banquier depuis politicien conseille à Macky Sall « d’accepter d’être conseillé et d’écouter tous ceux qui ont accepté de lui apporter concours dans l’intérêt supérieur de la nation ».

Pour Guy Marius Sagna, il est question pour le président Macky Sall de ‘’coroniser’’ (en rapport avec le Coronavirus) l’Assemblée nationale, nos libertés et la démocratie. L’activiste qui reconnaît que le coronavirus est là et constitue une menace assure néanmoins qu’il est pas question de confier 1.000 milliards au président de la république sans contrôle. « Nous ne l’accepterons pas », dit-il dans une note publié hier.

« Sans premier ministre, sans gouvernement, avec des ministres et un président de la république irresponsables devant l’Assemblée nationale si les 1000 milliards sont volés, dilapidés, mal gérés pendant les trois prochains mois, nous n’y pourrons rien. Nous n’aurons que nos yeux pour pleurer », dit-il. Et d’indiquer que « c’est pourquoi, ce projet de loi d’habilitation du président de la république est à rejeter et amender en le confinant au seul article 69 de la constitution et en enlevant de ce projet les pleins pouvoirs qu’il donne au président de la république sans citer l’article 52 de la constitution. »

Mais s’il en est ainsi, c’est que croit savoir Guy Marius Sagna, ce projet de loi, s’il passe, « consacrera l’omnipotence législative du président de la république pendant 3 mois ». Il l’assimile ainsi à un « poisson d’avril » qui se prépare sur le dos du citoyen.

« Donner 1000 milliards au président de la république sans contrôle dans un Sénégal marqué par un système ultra-partisan, ultra-politicien, marqué par le détournement régulier des aides, des semences destinées aux populations, des deniers publics…serait une grave erreur politique, économique, social, sanitaire. », assure l’activiste qui pense savoir que l’article 69 invoqué par le président de la république restreint les libertés mais ne les suspend pas.

« Pourquoi alors le président clignote-t-il à gauche vers l’article 69 mais cherche en réalité à tourner à droite vers l’article 52? », questionne-t-il encore. Avant de finir par dire que « le Sénégal n’est pas dans un État d’urgence politique, dans des circonstances exceptionnelles où qui nécessitent les pleins pouvoirs, une confusion des pouvoirs accordés au président de la république. Le fonctionnement régulier des pouvoirs publics n’est pas menacé ».

Top 10 de l'info

Haut